vendredi 24 janvier 2014

Sur les vagues de Pichilemu

Bonjour tout le monde!

Me voici de retour sur le réseau, et avec enfin un peu de temps pour vous raconter les deux derniers mois. Sans plus attendre, commençons par mon premier voyage des vacances: Pichilemu et sa plage voisine Punta de Lobos!

Ces deux plages sur la côte à deux heures de Santiago sont réputées mondialement pour leurs vagues, et donc le surf. Beaucoup d'étudiants d'échange se mettent rapidement à y passer leurs week-end, oubliant tout le reste du Chili. 

Après un ou deux départs ratés pour cause de flemme ou d'oubli de réveil, nous sommes enfin parties, Nadine et moi, vers le paradis chilien des surfers. 

Dès notre arrivée, nous avons été surprises par la ville. Je m'attendais à ce qu'elle soit faussement authentique, faite pour donner une impression de sauvage et liberté tout en offrant le meilleur des conforts aux touristes. Au contraire, Pichilemu semble être une ville plutôt populaire, peu vivante, qui se serait retrouvée sur la route des surfers un peu par hasard et sans le chercher vraiment. La différence avec Santiago, dont je n'étais pas sortie depuis un moment, m'a brutalement rappelé ce que je répète souvent: Santiago n'est pas le Chili, c'est une bulle étrange qui s'entête à ne pas se mélanger au reste du pays.

Par mégarde, j'avais reservé un hostal (comprenez dorénavant auberge de jeunesse) non pas à Pichilemu mais à Punta de Lobos, plage encore plus connue mais moins accessible, à 8km. Un peu perdue, nous avons demandé conseil dans un pseudo office du tourisme qui cumulait les fonctions de centre culturel à celle de boutique artisanal. Notre interlocuteur ne connaissant pas notre hostal, et ayant du mal à se servir d'internet; nous avons du nous fier à l'avis de sa fille de dix ans, qui semblait se souvenir de l'affiche à l'entrée de l'hostal. Tout deux nous ont très, voire trop, gentiment accompagnées au colectivo (taxi partagé qui suit une route prédéfinie). 

Quelques minutes plus tard, nous arrivions à bon port. L'hostal, une construction en bois et matériaux de récupération, tel qu'un container, était perché sur une colline surplombant un bois, avec vue sur la mer. Toute la cuisine était vitrée, et des terrasses en bois faisaient le tour complet de l'édifice. Les chambres étaient toutes ouvertes les unes sur les autres, donnant une impression bien plus familiale à l'ensemble que les hostales-dortoirs-couloir d'hôpital. Nous avons tout de suite vu avec un oeil bienveillant l'épaisseur des matelas et des couettes sur les lits superposés de couleur; les nuits sont fraîches sur la côte, même en été!

Depuis la plage, nous avons appelé, par recommandation de Pato, un professeur de surf, afin de pouvoir prendre un cours le lendemain. Nous avons pu le rencontrer directement sur la plage, et après avoir parlé du cours du lendemain, il nous a invité à une fogata ( un feu de camp) le soir même. 

Après avoir dîné à l'hostal, où nous avons fait la rencontre notamment d'un espagnol travaillant dans un autre  hostal à Santiago appartenant au même propriétaire, nous nous sommes rendues à la fogata. Environ huit personnes buvaient des bières autour du feu. La maison et école de surf était une cabane en bois, construite entre les rochers et la plage. Certaines des personnes campaient juste devant la maison, sur le sable. Dans la cuisine, le sable était le sol, et le toit celui de la chambre à l'étage. L'ambiance paraissait, comme toujours autour d'un feu, planante, le temps suspendu autour des flammes.

Très tôt le lendemain, enfin selon les critères du début de vacances, nous étions prêtes pour affronter les vagues. Un autre touriste non surfer de l'hostal avait décidé de se joindre à nous. Après avoir enfilé nos combinaisons de néoprène, en faisant attention à éviter les plis, à ce que les chaussures passent sous la combinaison et que le col soit bien fermé, Marcelo, le professeur, nous a emmené courir sur la plage. Le sable était frais, et la course nous a parfaitement réveillés. Nous avons ensuite fait une classe théorique sur le sable, en dessinant nos futures planches sur la plage. Il nous a fallu pratiquer les différentes façons de se lever et de ramer devant le professeur, afin qu'il corrige le moindre détail. 

Lorsque nous sommes enfin rentrés dans l'eau, gelée malgré les combinaisons, c'était avec une certaine appréhension. Plus qu'une angoisse, je dirais que l'envie de réussir à se lever sur la planche se mélangeait avec le stress de faire pour la première fois une nouvelle activité. Nous avons ramé vers le large, avec à nos côtés Marcelo avec palmes pour nous aider à nous positionner et nous lancer.

Ma première surprise, en prenant la vague, fut de sentir ce changement de rapidité et de glisse lorsque la vague emporte la planche. Impressionnée par la vitesse, je n'a même pas pensé à essayer de me lever. La sensation de vol presque m'a toutefois transmis une certaine euphorie, et j'ai ramé bien vite pour revenir prendre la suivante. 

Deuxième surprise: aucun problème pour me lever sur la planche! Bien sûr je suis tombée très vite, mais au bout de quelques tentatives je tenais debout jusqu'au bout de la vague. Il me semble que je n'ai pas encore très bien compris la fin du mouvement: une fois que la vague meurt, il y a cette seconde où il est possible de rester debout sur la planche avant de tomber mollement dans l'eau par faute de mouvement. 

Petite frayeur tout de même, lorsqu'en ramant pour revenir vers le point de départ des vagues, allongée sur la planche, j'ai passé une grosse vague... qui en cachait une autre! Comme ma planche était soulevée par la première, j'ai tout de suite su que la seconde allait me retourner. Nadine et notre ami ont juste eu le temps de m'entendre dire quelque chose comme "oh m****" avant que je me fasse rouler par la vague. Bon réflèxe de ma part, par peur de me cogner contre la planche, qui est tout de même faite en matériel beaucoup plus léger et souple pour les débutants, je me suis protégée la tête avec mes bras. J'ai roulé une ou deux fois, perdu un peu la notion du haut et du bas, puis ait émergé sans aucune difficulté réelle. Un petit peu sonnée, j'ai repris avec un peu moins d'ardeur à ramer. 

La fin du cours m'a paru venir un peu trop vite, mais nous nous sommes rendu compte de notre état de fatigue lorsque nous ne pouvions plus nous pousser sur nos bras pour nous lever sur les planches.

Sortis de l'eau et douchés, Marcelo nous a proposé de rester déjeuner. Il a sorti d'entre trois rochers deux gigantesques poissons qu'il a fait cuire au-dessus d'un feu et que nous avons dégusté sans l'en sortir, avec les doigts. Accompagné de riz et tomates, ce fut délicieux. 

Nous avons traîné sur la plage jusqu'à l'heure du départ. Faute de passage d'un colectivo, et voyant l'heure du bus approcher, nous avons fait du stop sur l'unique route reliant Punta de Lobos et Pichilemu. Un viel homme dont les traits semblaient vieillis par l'air de l'océan nous emmenées jusqu'à la gare routière, où nous avons finalement pu reprendre notre bus, les cheveux plein de sels, les mains sentant le poisson, et la tête flottant dans les vagues.


Dans les articles à venir: Mendoza (Argentine), la région des lacs avec les parents, le nord avec les parents, Patagonie!!!

Bisous à tous!