lundi 30 septembre 2013

"Jamais tu ne verrais ça chez nous" Hugo, en voyant les montagnes juste au-dessus de nous

Bien le bonjour à tous! (Phrase d'ouverture du cours de Microéconomie par Monsieur Wasmer, première année de Sciences Po, un traumatisme que je souhaite partager avec vous). 
Ou sinon je vous salue normalement: bonjour chers européens qui plongent dans le froid tandis que j'oublie de plus en plus souvent ma veste!

Comme le voyez, je suis de bonne humeur. En toute honnêteté, c'est parce que je viens d'apprendre que mon cours de Política exterior comparada, qui termine lentement ma journée de cours entre 17h et 18h20, est annulé. Le prof devait me rendre une mauvaise note, ce sera une mauvaise nouvelle de moins pour la journée donc!

Comme certains le savent déjà, j'ai passé mon week-end à la montagne, dans le Cajón del Maipo, que je vous invite à googliser (c'est-à-dire à rechercher sur google) pour avoir quelques photos en attendant les miennes. 

Mais avant cela, d'autres petites histoires urbaines. Vendredi soir, mon nouveau colocataire anglais Hugo avait repéré un concert de musique électronique au GAM, un centre culturel assez récent qui se situe tout près de chez nous. C'est un peu le Centre Pompidou chilien, vous pouvez le googliser aussi (maintenant vous savez ce que c'est!). J'y suis donc allée avec lui et deux autres colocataires. Il s'agissait d'un trio allemand, composé de deux "DJ" et un batteur. L'un des DJ a aussi un clavier, et c'est le mélange entre musique électronique et instruments qui fait leur particularité. Le public est assez varié: beaucoup de jeunes, mais aussi des personnes plus âgées très bien habillées, ce qui nous a d'abord un peu surpris. Nous avons réalisé, lorsque l'ambassadeur français a débarqué sur la scène pour faire un discours qu'il a qualifié lui-même, avant de le commencer, "d'ennuyeux", que le concert faisait partie d'une semaine culturelle franco-allemande au Chili. Le concept est assez étrange, surtout lorsqu'il vous est présenté sous forme d'un discours qui rappelle de Gaulle et Adenauer, le traité de Versailles et celui de l'Elysée. Autre bizarrerie: nous étions assis! C'est pourquoi après vingt minutes de concert, le groupe a invité ceux qui voulaient à se lever pour danser, même si dans le cas de la musique électro, il faudrait plutôt dire: passer son poids d'un pied à un autre en balançant la tête légèrement et en gardant les yeux fermés. Au final, nous sommes mêmes montés sur la scène, tout près du groupe, ce qui a bien détendu l'atmosphère un peu étrange du début du concert. 
Moi qui ne suis pas une grande fan de ce genre de musique, j'ai adoré. Je vous laisse ici le lien, pour ceux qui voudraient risquer leurs oreilles à écouter. Soyez curieux!

À la fin du concert, les deux ambassades avaient organisé un cocktail, d'où les tenues très chic de certains spectateurs. Nous avons pu déguster du fromage français, qui battait de loin les bretzels allemands, et du vin qui faisait de l'ombre à la bière de notre partenaire européen. C'était étrange de se retrouver au coeur d'une soirée mondaine plus française qu'allemande il m'a semblé, et de parler espagnol avec ses colocs tandis que tout le monde autour parle français. Je me sentais aussi un peu hors contexte au niveau vestimentaire, jusqu'à ce que l'un de mes colocs remarque que les couleurs correspondaient au drapeau français et qu'un autre qualifie mon style de "grunge". Pour information, je portais juste un short en jean, un débardeur style marinière, des collants noirs, un pull noir et un bonnet rouge. 

Samedi matin, nous avons tous traîné dans le salon, enchaînant le petit-déjeuner et le déjeuner par flemme de faire autre chose que manger. Chika le chien était contente, car tout le monde a voulu à un moment ou un autre profiter du soleil dans le parc ou aller manger une glace, et elle a donc eu six fois sa dose de promenade de la journée. J'ai découvert un glacier excellent tout près de la maison: banane caramel, chocolat piquant, Nutella, les parfums sont variés et délicieux! 

J'en ai aussi profité pour finir mon déménagement de chambre. Je devais vider la mienne pour l'arrivée de Hortense, notre nouvelle colocataire (c'est un peu le débarquement français en ce moment), mais mon colocataire dont je récupère la chambre n'avait pas encore changé ses affaires dans celle de l'écossais, qui est parti ce week-end. Du coup mes affaires sont pour l'instant réparties entre le salon et les chambres. C'est très pratique, je dois toquer à chaque fois: "Coucou, je peux récupérer mon cahier qui est dans un sac dans ta chambre?" "Aurais-tu l'amabilité de me passer mon pull qui est dans une valise dans ta chambre?""Oui je suis en train de me mettre du vernis dans la cuisine, mais je suis SCF!". Bon rien de grave, car chino est en voyage, je peux squatter sa chambre en attendant.

(suite, sans accent, je m'en excuse, les ordinateurs de l'université ont des claviers qwerty, ce qui complique l'écriture en francais)

Samedi apres-midi, mon coloc passionné des activités d'extérieur, nous a proposé a Hugo l'anglais et moi une escapade au Cajón del Maipo. Nous sommes partis vers 18h, juste avec nos sacs à dos bien remplis, et emmitouflés dans des vestes de montagne. Il suffit de prendre le métro jusqu'à Puente Alto (notez l'effort sur les accents), puis de prendre une micro (un bus) ou la voiture dans notre cas, pour se rendre au Cajón. Comme nous sommes arrivés tard dans la vallée, le chemin aménagé pour rejoindre notre destination était déjà fermé. Heureusement, notre expert de la zone nous a tout naturellement amenés sur le terrain d'une vieille dame minuscule, où nous avons garé la voiture pour 500 pesos chacun. De son terrain part un sentier qui permet de rejoindre le chemin aménagé plus haut dans la montagne. Mais quel sentier! Nous sommes partis dans la nuit noire, avec uniquement deux lampes de poches. Je fais ici une pause, pour remercier maman de m'avoir acheté cette lampe rouge, elle a bien servi, plus que le pyjama en tout cas! Le début du sentier ressemble à du sable, et il faut marcher tout près les uns des autres pour ne pas se perdre entre les genres de cactus et plantes sèches. Puis, tout à coup, la pente augmente, et nous avancons avec les mains au sol pour ne pas glisser. Le sac pèse et tire vers le bas de la pente, tandis que l'ascencion vous coupe le souffle. Le silence est complet, chacun se concentre sur sa respiration, et on entend juste les expirations rapides des autres. Le sentier s'enfonce ensuite sous des arbres, longeant ce qui paraît être, dans la nuit, un petit ruisseau, mais qui est finalement bien profond. On monte et on descend, toujours sans parler, avec le clapotis de l'eau qu'on met du temps à entendre puis qu'on ne peut plus se passer d'écouter. De temps en temps on fait une pause, juste pour le plaisir de sentir la brise chaude qui descend des montagnes (je ne me souviens plus du nom de ce phénomène). On éteint les lampes pour mieux profiter des étoiles, puis on continue. Après quarante minutes de marche, on rejoint, un peu decus, le chemin aménagé. Pato me terrorise avec la légende du chupacabras, que personne n'a jamais vu mais qui tuerait des animaux en absorbant parfaitement tout leur sang. On passe une zone de camping aménagée, pour s'enfoncer de nouveau dans la forêt. Au bout de quelques minutes, une lumière apparaît entre les arbres. Nous rejoignons enfin le campement, où des amis de Pato nous attendent déjà, avec un feu magnifique et trois tentes plantées entre les arbres. Deux hamacs sont aussi installés, et j'ai eu alors une forte pensé pour mon mexicain de père.

LA SUITE DONC (même une semaine après)

Nous sommes restés bien tard autour du feu de camp, parfois sans dire un mot pendant de longues et délicieuses minutes. Je ne sais pas vous, mais je suis fascinée par le feu, et je peux me perdre dans mes pensées en regardant les flammes. Nous avons aussi improvisé des pizzas avec des tortillas mexicaines comme base, et des bananes chauffées sous la braise. Tout cela accompagné d'un bon vin chilien, que nous avons laissé près du feu avant de le boire, pour qu'il chauffe un peu et prenne une saveur différente.
Juste avant d'aller dormir, j'ai été avec Pato juste en-dessous du campement, voir le torrent. C'est impressionnant car nous sommes passées en quelques secondes d'un bois très dense à un espace complètement dégagé. Du bord de l'eau, on voit parfaitement que l'on se trouve dans un genre de canyon boisé entre deux montagnes. À l'une des extrémités, les hautes montagnes enneigées se détachent du reste du paysage, car le blanc qui les recouvre semble être une source de lumière. C'est là que nous avons vu une étoile filante incroyable. J'en ai vu beaucoup, notamment l'été dernier en Espagne, mais jamais comme celle-ci. Elle était gigantesque, a traversé le ciel lentement, et sa couleur orangée n'avait rien à voir avec les petits points blancs qui apparaissent et disparaissent en une seconde. De plus, deux petits points orangés se sont détachés de l'étoile et l'ont suivie dans la queue qu'elle formait. C'est difficile de décrire une étoile filante, mais le moment était époustouflant. Malheureusement, l'air est beaucoup plus froid près du torrent, et nous sommes rapidement retournés nous coucher. Il faisait tout de même trop froid pour dormir à la belle étoile, et nous avons donc dormi à cinq dans une tente, ce qui était pire qu'une boîte de sardines, mais au moins on reste au chaud!

Le lendemain, réveil tardif, sans courbature d'avoir dormi sans tapis. Nous avons pris un petit-déjeuner arrosé de maté, le thé argentin que vous devez tous connaître (sinon vous savez ce qu'il vous reste à faire), et dont je raffole. Nous sommes ensuite partis escalader. Tout près du campement se trouve un rocher gigantesque, d'environ 25m de haut, dont les voies assez faciles attirent beaucoup de grimpeurs amateurs. Les deux "pro", Pato et un ami à lui qui est professeur d'escalade (j'insiste bien, pour rassurer les angoissées de la famille), nous ont installé une voie, et nous avons pu grimper. La première fois, je ne m'étais pas du tout rendue compte de la hauteur, et j'ai été assez surprise en regardant en bas. Mais la vue d'en haut était exceptionnelle. J'ajouterai des photos dès que Hugo me les enverra. J'ai grimpé plusieurs fois, avant de tenter une voie plus technique que seulement nos deux spécialistes avaient réussi parmi le groupe. Je suis la seule à avoir atteint la deuxième étape difficile de la voie, je suis donc repartie un peu frustrée mais assez fière, et avec une folle envie de revenir me confronter à la roche.

Après avoir joué au frisbee, ce que je ne sais absolument pas faire, nous sommes finalement redescendus de la montagne. Les empanadas achetées avant de rentrer ne m'ont pas assez consolée, et le choc en sortant du métro est déstabilisant. Passer d'une nature vierge, sauvage, imposante comme celle du Cajón aux buildings de Santiago en une heure, ça fait un pincement au coeur!

Voilà pour mes aventures montagnardes, qui auront, j'en suis certaine, une suite.

Dans la semaine, quelques bonnes nouvelles au niveau des notes, je n'ai jamais aussi bien réussi qu'ici! Tant mieux, car je ne savais pas à quoi m'attendre.
Dans un prochain article, vous découvrirez quelle nouvelle activité je pratique deux fois par semaine (les Radelli savent déjà), comment je vais gagner un peu d'argent pour mes voyages de cet été, et surtout où je pars demain.

Je vous embrasse fort, prenez soin de vous.

dimanche 22 septembre 2013

-0,1 de formalité

Bonjour tout le monde!

Petit message pour juste exprimer ma joie d'avoir reçu un 6,9/7 à ma première dissertation de Geodemografía. J'en profite pour frimer, car les quatre ou cinq notes que j'attends ne risquent pas d'être aussi bonnes. Le titre explique où est passé le 0,1 point manquant: je l'ai perdu sur une question de mise en page.

Arrivée hier d'un nouveau colocataire, Hugo, un franco-anglais fraîchement diplômé de King's College, et qui vient faire un stage à Amnesty International. Je vis officiellement cette semaine avec cinq gars: la classe internationale, comme dirait Matteo. Tout se passe bien, notamment en cuisine: hier midi nous nous sommes lancés dans la création de sushis, avec des ingrédients chiliens comme la mangue et l'avocat. Puis le soir pizzas faites maison. Aujourd'hui, hamburgers, toujours de la maison. Ne vous inquiétez pas pour mon poids, je fais un footing tous les deux jours, de la natation trois fois par semaine, et du rugby!





Comme j'en ai déjà informé mes parents, je suis aussi en cours de préparation et tournage d'une vidéo sur les "Santo Dominganos", le groupe de colocataires et amis ici. Je fais pour cela une formation en ligne pour apprendre à me servir du logiciel Adobe Premiere Pro, qui sert à faire des montages (mais qui est un outil professionnel, attention!). Les vidéos m'attirent de plus en plus, j'en profite pour lancer ma campagne de "un mac serait très utile et bien plus puissant pour pouvoir m'adonner à ce genre de loisirs". À bon entendeur, salut!

vendredi 20 septembre 2013

La philosophie de pépé

Bonsoir, bonjour, tout le monde!

Je sais, ce blog manque cruellement de nouvelles: j'essaye de lui donner un peu de profondeur! D'un point de vue plus pragmatique, je sors à peine d'une période de deux semaines chargées de travail, et de quatre jours de maladie. 

Les études d'abord, pas facile de s'adapter à des méthodes différentes, les contrôles ne demandent pas la même préparation qu'à Sciences Po. Plus de reformulation des lectures, guidées par des questions qui courent sur une demie-page, et peu d'espace laissé au blabla dont nous SciencesPotes avons l'art! Quelques questions intéressantes tout de même, dont une en Seguridad Humana y sus amenazas. La dernière question du contrôle nous demandait comment justifier une intervention en Syrie si nous étions Obama. Problèmes: je ne suis pas en faveur de ladite intervention. Et Obama non plus, au vu de l'actualité récente. Et pourtant, pour satisfaire le bel idéalisme de notre professeur, me voilà contrainte de chercher des arguments. Le droit international public et humanitaire ne me suffisant pas à remplir ma page, j'ai fini par me défouler sur les arguments plus terre à terre, du style les enjeux stratégiques de la région, les entreprises d'armement, l'image nationale du président, et la théorie du complot. Pas de panique, je n'ai évidemment pas répondu cela, mais j'avoue avoir été légèrement cynique par moment. 
Autre contrôle qui valait le détour, le QCM de Desplazamiento de población y refugiados (Questionnaire à Choix Multiples pour ceux qui n'auraient pas eu le bonheur d'en affronter un), ou ledit choix multiple était oui ou non. Il s'est avéré, à la fin du temps d'examen, sinon ce n'est pas drôle, que le professeur s'attendait à ce que nous ajoutions "oui mais non" et/ou "non mais oui" dans la marge comme réponse à certaines questions. Comme quoi, s'appliquer dans la lecture des consignes n'est pas toujours le meilleur conseil. 
En geodemografía, mon cerveau est arrivé à saturation à propos de la modestie, ou du manque de confiance, des chiliens. À la question, que je reformule sans fioritures, "Pourquoi le recensement de 2012 a été un échec total au Chili?", j'ai conclu que les remarques apportées par les spécialistes en la matière étaient assez sèches, et qu'il faudrait comparer la qualité de ce recensement avec le recensement du Pakistan avant de se plaindre sans cesse. De nouveau, j'exagère, mais le message est passé. Le professeur, à qui j'ai rendu ma copie, un peu confuse à cause de la fièvre, a survolé ce passage et apprécié. 

La fièvre me permet de faire une transition vers ces quatre derniers jours, au cours desquels j'ai pu conclure ma merveilleuse période d'études intenses en passant par la case "maladie". Le rhume, ou la grippe, traînait dans l'appartement depuis des semaines, j'étais l'avant-dernière à ne pas avoir été contaminée. Pas le choix semble-t-il, le couperet est tombé dimanche. Beaucoup de fièvre dans la nuit, journée d'examens le lundi assez compliquée, et impossible de me lever pour aller nager et en cours le mardi. Malheureusement, je devais également voyager pour la première fois mardi pendant la nuit. En effet, à partir du mercredi 18 septembre commencent les Fiestas Patrias, et donc un pont de cinq jours. Je devais partir avec Nadine (rappelez-vous, mon amie de Sciences Po à  Menton) et ses colocataires espagnols, dans le Norte chico, à La Serena. Au programme: pingouins, plage, vélo et vignes. Mais à 00:45, heure du départ dans la nuit de mardi à mercredi, j'étais allongée dans le canapé au lieu du fauteuil du bus. Jusqu'au dernier moment, mes affaires étaient prêtes dans le couloir (dont mon nouveau petit sac à dos de randonnée rouge acheté 20 euros dans un excellent quartier-shopping populaire - au sens premier du terme). Il a fallu me rendre à l'évidence, la fièvre et le voyage ne pouvaient pas faire un bon cocktail. Terriblement déçue, je suis donc restée, tandis que tous partaient en voyage ou faire la fête.

Tous, c'était sans compter sur Chino et Pato, mes deux colocataires qui sont restés avec moi. J'ai eu le droit au film, à la soupe de légumes maison, à la bouteille d'eau pétillante et à toutes les boîtes de nurofen et de paracetamol restantes dans l'appartement. J'en garde presque le souvenir d'une bonne soirée, c'est dire mon optimisme, et surtout leur patience; j'ai passé la soirée à dire que je déteste être malade. 
Le lendemain, les deux mêmes compañeros se sont mis en quêtes de plans B pour me motiver et me remettre sur pied. Pato, sa copine (qui est la soeur de Chino), la fille de la copine, la mère de Chino, Laetitia (mon amie française de Grenoble) et moi, sommes partis vers midi à une fonda au Parque Padre Hurtado, dans le quartier chic de La Reina
Qu'est-ce qu'une fonda? Cela dépend beaucoup de celle à laquelle vous allez. Globalement, c'est un événement qui naît d'un savant mélange entre une fête foraine, un festival, un bal populaire, un salon de la cuisine traditionnelle et un spectacle. Tout le Chili, le 18 septembre, se rend à une fonda. Les rues de Santiago sont désertes, jusqu'à parvenir à la file interminable qui mène à l'entrée de l'une de ces fondas.  
Celle de La Reina était assez étrange. Comme d'habitude, c'est à la tête du client que l'on comprend où l'on se trouve. La fonda visait un public familial et aisé. Des stands de recrutement de l'armée et de la police trônaient juste à côté des gigantesques fours à empanadas et des asados. Dans une carrière installée dans le parc a eu lieu un rodéo et une présentation de la cavalerie. En même temps, des dizaines de personnes s'initient ou simplement dansent la cueca, la danse traditionnelle chilienne, tandis que des centaines mangent et boivent, et que des enfants font des tours de poneys ou de l'escalade. Vous n'y comprenez rien? Moi non plus, et c'est ce qui est attirant. 


Vous croyez que Luisa voudra une robe comme ça...?




Le soir, après une sieste forcée par mes virus et bactéries, je me suis décidée à rejoindre des amis à une autre fonda, celle du Parque O'Higgins. Très réputée, elle court tout le long du parc sous forme de marché artisanal, puis devient une fête gigantesque. De nouveau, beaucoup de nourriture et de boissons. Entre les empanadas de queso, le pastel de choclo (gâteau de maïs), les brochettes et la viande, difficile de trouver quelque chose de léger quand vous êtes malade! Pour ceux qui auraient vraiment la volonté de ne pas ruiner leur santé, il y avait un excellent stand qui mélangeait les concepts bien entendus très liés de végétarien, mapuche, hippie et altermondialiste. Que boire pour accompagner tout cela? Un terremoto bien entendu! Ce cocktail, dont je pense vous avoir déjà parlé, se compose de glace à l'ananas, d'un sorte de vin qui est en fait un mélange de tous les fonds de cuves, et de grenadine ou Fernet. C'est délicieux et très dangereux! Il est possible de continuer avec un marepoto (idem mais avec de la papaye en plus), un tsunami (avec des fruits rouges), ou comme moi avec un sans-nom-pour-l'instant (avec de la mangue, et qui a été créé sur votre demande dans un bar près de chez vous - c'est une autre histoire). Notez l'humour chilien, ou bien révisez votre espagnol et votre géographie. 
Cette fonda se divise, à part les stands de jeux traditionnels et de nourriture, en soirées avec des musiques différentes, dont la partie rock chileno est finalement la plus attrayante. Je n'en ai pas profité longtemps, étant malade, je suis rentrée relativement tôt. 
Je retiens des fondas une analogie avec mon souvenir du nouvel an à Acapulco au Mexique. Tous les âges sont présents et se mélangent. Si les plus jeunes sont ceux qui restent le plus tard, dans la journée tout le monde partage un verre, un barbecue et une danse. C'est un concept et une ambiance que nous n'avons, je trouve, dans aucun événement en France/Belgique/Italie. Pensez que le groupe avec lequel j'ai passé l'après-midi se composait de personnes ayant entre 7 et 70 ans: à part Noël à la Villa, vous retrouvez-vous souvent dans ce genre de fête? 

Ainsi s'est déroulé mon 18 septembre à Santiago, et le 19 vaut la peine d'être raconté également. Comme je vous le disais, mes colocataires m'ont cherché des plans B. En quelques minutes, lorsque je me suis décidée à ne pas partir mardi soir, Chino a décidé de ne pas aller travailler le jeudi (c'était le seul à être exploité cette semaine), et a organisé un un asado (un barbecue, faut suivre!) chez son oncle et sa tante, dans la campagne des alentours de Santiago. L'idée a parfaitement fonctionné, et je me suis retrouvée ce matin, avec une bonne sinusite qui semblait devoir conclure ma grippe, en voiture avec le même groupe détonnant de la veille. Après environ quarante minutes de route, nous sommes arrivés à destination: une charmante maison de campagne, avec un immense jardin, où nous attendait déjà une famille bien nombreuse. La famille, les amis de la famille et les amis d'amis de la famille que la famille croît être la famille, dans le doute, se saluent avec entrain avant de se plonger dans les préparatifs culinaires. Les rôles se répartissent, et je me suis retrouvée à couper une tonne de céleri, à découper des oignons en cubes microscopiques pour la salade chilienne, à presser des citrons du jardin tout en sirotant une corona et en écoutant les conseils des petites (très petites) mémés. Tout le monde met la main à la pâte, et il n'y a pas du tout de distinction entre hôtes et invités. Très rapidement, les empanadas sortent du four, pour grignoter en attendant le repas, qui sera bien entendu extrêmement tardif. Les adorables petites mémés négocient avec leurs petits-enfants déjà bien adultes un petit verre de vin par-ci, et petit verre de terremoto par là. Elles finissent par s'écrouler en riant dans un fauteuil pour une sieste anticipée. Pendant ce temps-là, Pato installe une slack-line, une sorte de corde sur laquelle il faut marcher comme un équilibriste, entre deux arbres: chacun essaye et tombe en poussant des cris stridents. Lorsque le repas commence enfin, la faim se fait ressentir, et c'est avec joie que l'on engloutit des costillas en ricanant dans le dos des végétariens, qui sont d'ailleurs assez nombreux. 
Fou rire exceptionnel lorsque la famille réclame un "discours" de Chino, qui remercie tout le monde et me représente encore une fois, à l'attention des retardataires. Toute la famille a cru que nous étions ensemble. J'ai donc eu le droit à la bienvenue dans la famille de la part de la grand-mère et de l'oncle, il a fallu que nous prenions une photo ensemble pour faire plaisir à la tante, et les cousins ont distribué leur lot de clins d'oeils pour l'année. Mal à l'aise au départ, j'ai finalement bien rigolé, et personne n'a insisté. 
Après le repas, le maître de maison a annoncé le début inattendu (pour moi) des jeux. Répartis en deux équipes, tout le monde a été convié à participer à une compétition traditionnelle. L'équipe A, la mienne, a choisi comme signe distinctif de se mettre des mini drapeaux chiliens en brassard, tandis que chaque joueur de l'équipe B s'accrochait un ballon de baudruche. Premier défi, nous nous affrontions en duel à un jeu duquel j'ai oublié le nom de nouveau: il s'agit de lancer un poids dans un carré de sable sur lequel est tendu une corde. Celui qui lance le plus près de la corde gagne le point. Presque une pétanque! Je suis mauvaise à la pétanque, mais à ce jeu-là, je ne me suis pas trop mal débrouillée. Le deuxième jeu, bien plus courant, était un duel de babyfoot. De nouveau, nous nous sommes tous affrontés et j'ai mis un but. Le troisième jeu, qui a sans doute été le plus drôle, a été la course en sac. Croche-pied, ou croche-sac, sauts de kangourou, nous avons tout vu, et tout filmé! Dernier jeu, le tir à la corde en équipe. C'est mon équipe qui a remporté chaque épreuve, et donc la compétition, mais, pour une fois, la participation, et les fous rires l'accompagnant, m'a beaucoup plus plu que la victoire! 
Je me demande comment, en lisant ce texte, vous vous imaginez ce moment. Ce n'était ni beauf comme pourrait le pense Chloé, ni ridicule. L'ambiance était très différente de ce que j'ai pu connaître ailleurs. J'ai pensé à papa, qui me disait il y a deux jours que le but d'une expérience comme ce voyage au Chili, c'était de s'habituer à se sentir bien avec des gens de n'importe quelle région du monde. Aujourd'hui, j'étais à l'aise, charmée, morte de rire, dans cette famille qui venait de me connaître, à faire des jeux que j'aurais trouvé ridicule, et que j'ai imposé comme bizutage des 1A l'an passé, en France. 
Après les jeux, il faut récupérer de l'énergie, et les pasteles gargantuesques arrivent sur la table. Ce sont des limon pie (tarte au citron meringuée plus meringuée que au citron), ou des gâteaux alternant les couches de chocolat avec celles de manjar. Heureusement que le café et le thé aident à avaler tout cela, car même ma gourmandise a eu du mal.
J'ai ensuite passé un bon moment à jouer avec Martina, la fille-de-la-soeur-de-Chino-mon-colocataire. Je crois que la stagiaire BAFA qui est en moi avait besoin de s'exprimer de nouveau. Je ne pensais pas jouer à chat, 1 2 3 Soleil ou cache-cache de si tôt! J'ai beaucoup pensé à Luisa, avec qui j'aimerais bien jouer un peu aussi là tout de suite. 
Après avoir discuté dans le jardin à la lueur des bougies après la tombée de la nuit, le froid nous a ramenés vers Santiago. Nous sommes rentrés à temps pour accueillir mon nouveau colocataire Louis, qui remplace Astrid (ma première amie ici...repartie!), que nous connaissons déjà très bien (rappelez-vous, nous avons été au ski ensemble). 

Je ne vous laisse jamais sans explication du titre de l'article, même si je suis certaine que beaucoup d'entre vous auront compris d'où il vient. Pépé (Joseph) a cette philosophie de dire que si les choses ne se passent pas comme prévu, il en sortira de toute façon quelque chose d'autre, quelque chose d'aussi bien voire de mieux. Il me l'avait dit pour mes choix après le BAC, pour ceux de 3A, et j'y ai beaucoup pensé cette semaine. J'ai perdu un voyage qui m'aurait menée à la plage, dans des vallées splendides et avec des personnes certainement géniales. Mais ces deux derniers jours ont été une expérience incroyable, une vraie porte sur ce qu'est le Chili. Pour la philosophie de pépé: merci!

Je vous embrasse, et vous laisse quelques images qui vous feront rire...


mercredi 11 septembre 2013

Photo

Mon appareil photo fait des caprices, en fait apparemment la super-méga carte mémoire qui était dedans ne lui correspond pas. Je vais en racheter une autre pour pouvoir enfin vous montrer le Chili!

Je vous laisse tout de même une petite image, Chica avait besoin d'une douche!

Comment font les américains pour refaire le même film depuis dix ans et qu'on aille encore au cinéma pour le voir?

Bonsoir tout le monde, ou bonjour, je ne sais plus je suis un peu perdue!

Ici aussi, nous avons le changement d'heure. Pire qu'en France, personne n'est vraiment au courant. L'an passé, suite au changement d'avis personnel de Piñera, certains avaient changé d'heures et d'autre non. Cette année le changement d'heure était entendu, mais peu de gens au courant. Quelques cafouillages donc, mais au final nous n'avons plus que 5h de décalage avec la France, et cela passera à 4h quand vous changerez d'heure aussi! C'est la conséquence merveilleuse de l'absurdité des fuseaux horaires. 

Pour reprendre le thème de mon dernier article, à propos de la sécurité, car c'est un sujet qui devient récurrent dans mes discussions. En étudiant l'Amérique Latine pendant deux ans, le point de vue sécuritaire revient également souvent, et c'est pourquoi mon point de vue est légèrement erroné. La plupart des chiliens ne supportent plus ce débat, qu'ils considèrent, il semble la plupart du temps à juste titre, créé et manipulé par les autorités ou les médias. Lors des manifestations, la police est extrêmement visible, provoquant presque la foule. De même, lors de ma formation (dont je vais vous parler après), les organisateurs ont insisté sur le fait qu'il nous fallait passer outre la peur de l'insécurité lorsque nous guiderons les délégations et les touristes. Cette exaspération est assez déstabilisante, car dans un sens, les manifestations me semblent effectivement plus agitées qu'en Europe, les vols dont on me parle plus nombreux, mais c'est effectivement une perception, teintée de ce que l'on m'a appris à voir. 

Comme nouvelle de l'université, des contrôles tout le temps, des essais à rendre, et encore d'autres contrôles. Cela reste beaucoup de par coeur, il faut répéter les textes, ce qui a toujours été mon point faible. Dommage pour moi.

Il ne faut pas perdre de vue les bonnes traditions, c'est le moment des nouvelles culinaires! Une amie française en échange ici m'a montré un blog de recettes très appétissant. J'ai déjà fait quelques tests, notamment le gâteau au chocolat "du démon", que l'on a dégusté à dix pour partager les calories. La plupart des recettes ont des influences des îles, ou asiatiques, du aux origines de la chef, donc certains produits ne sont pas évidents à trouver. Je vous laisse le lien, et bon appétit! 

www.piment-oiseau.fr 

Vendredi passé, match de foot à la maison, Chili-Venezuela, victoire écrasante du Chili. Les commentateurs copient ceux d'Italie, à chaque but le "goaaaaaaal" dure plusieurs secondes. Papa, je t'attends pour aller voir un match en vrai, en révisant déjà les chants du stade, qui sont bien entendu très poétiques.

Avec ma colocataire finlandaise nous avons de nouveau commandé des sushis. Il nous a fallu trente minutes de tentatives pour réussir à téléphoner d'un portable à un fixe, puisque ici il faut ajouter un 02, plus un 2 suite à un changement récent. 

L'appartement entier se remet aussi aux vieilles séries: souvenez-vous de Charmed (les trois soeurs sorcières à Los Angeles), Sept à la maison (Chloé je sais que tu adorais...)... On rigole en voyant comme les effets vieillissent et les histoires perdent complètement leur suspens. 

J'ai instauré, pour participer à l'effort du dueño, le principe de la leche colectiva. Nous avions des dizaines de pack de lait qui tournait en fromage dans le frigo, alors j'ai fini par acheter des bouteilles pour tout le monde, que nous partageons. Je fais des dessins au feutre noir dessus, et je me sens comme si j'avais trouvé le moyen de sauver la planète du gaspillage!

Dernière information inutile: j'ai été voir The attack, le dernier film américo-américain, mais qui reste assez drôle. D'où le titre. 

Les vraies nouvelles maintenant! Samedi matin, lendemain de soirée, j'ai réussi, avec l'aide de trois colocataires que j'avais prévenu, à me réveiller à 7h30 pour aller à ma formation pour être volontaire lors des Jeux Suraméricains de Santiago 2014. En mars, cet événement organisé par une institution dépendante du comité olympique national, regroupera plus de 3500 sportifs, 3000 volontaires et des milliers de touristes également. La formation générale était assez intéressante, puisqu'ils nous ont présenté les infrastructures, le programme, les différents rôles que nous pouvions avoir... J'ai postulé pour être assistante d'une délégation, mais je n'ai pas encore de réponse. Lors de la première pause café (la sainte pause café, devrais-je dire), un petit groupe s'est formé autour d'un jeune homme en veste de costume et jeans, avec une chaîne argentée autour du coup et des raybans. Vous avez deviné, tout comme moi sur le coup, c'était un joueur de foot de la Universidad de Chile. Toutes les filles se photographiaient avec lui, qui posait comme un vrai mannequin. Plus tard dans la journée, nous avons eu la visite de deux sportifs paralympiques, avec qui j'ai pu discuté ensuite. Ils étaient très drôles, sympathiques et accessibles. Malgré ce que l'on peut dire, c'est difficile de parler à une personne aveugle ou en fauteuil roulant sans être attirée par leur handicap. Pourtant, leur simplicité vous aide à oublier, à passer outre, à se sentir plus à l'aise. Beaucoup de volontaires ne comptaient pas travailler également aux parasuraméricains, mais après leur discours, je crois que toute l'assemblée a changé d'avis. Il y a eu de beaux fous rires, notamment lorsque le directeur de ces jeux a demandé au coureur aveugle ce qu'il pensait de la vidéo que nous venions de voir. Heureusement, leur patience semble sans limite. Un autre exemple? Le joueur de tennis en fauteuil roulant n'avait pas de jambes, et il s'est présenté à moi en arrivant en disant: "Hola, me llaman el cortito, que raro no?". Une vraie leçon de vie donc, et je vous laisse quelques vidéos pour partager ce que j'ai ressenti:
http://www.youtube.com/watch?v=y5whWXxGHUA Une pub de samsung qui montre réellement ce qu'est le sport pour les personnes avec un handicap.
http://www.youtube.com/watch?v=nkwH_NRf7i4 (c'est lui que j'ai rencontré)

Autre moment fort de la formation, nous avons fait un exercice pour travailler en groupe. Il s'agissait de passer au-dessus de cordes tendues horizontalement de plus en plus haut. Il fallait donc travailler ensemble pour trouver des solutions: se porter, sauter, faire passer les plus forts d'abord pour qu'ils aident les autres etc. J'ai bien aimé, sauf qu'une fille a voulu s'imposer en leader, et bien entendu ça ne m'a pas plu. Surtout que si son esprit de pom-pom girl était excellent, ses idées n'étaient pas les meilleures. Finalement on a trouvé un accord, je donnais les idées et elle les criait dans un chilien parfait. Non je ne changerai jamais, c'est mieux comme ça non? 

Hier soir, nous avons revu Ratatouille, en buvant de la Sangria délicieuse préparée par une espagnole définitivement expatriée ici à Santiago. Le point intéressant? Les chiliens me demandaient tout le temps si les vues sur Paris correspondaient à la réalité, et si c'était vraiment aussi joli. Je n'aime pas Paris, mais là, je l'ai beaucoup aimée...

Je vous embrasse tous très fort!




vendredi 6 septembre 2013

Breaking news on CNN (Chaîne Nationale de Nays-land)

Après m'être réveillée sans raison vers 5h du matin et avoir pris le petit-déjeuner avec un colocataire, je me suis rendormie en attendant patiemment la sonnerie de mon téléphone. Lorsque je me suis de nouveau réveillée, il m'a semblé étrange de ne toujours pas avoir entendu le bruit strident de l'appareil, que j'avais caché à l'autre bout de ma chambre pour être sûre de me lever. Évidemment, il s'était éteint car la batterie était vide: j'avais bien pensé à le brancher, mais la prise n'était pas parfaitement rentrée. J'ai donc loupé encore une fois la natation. 

Je suis sortie en courant pour arriver à l'heure à mon cours suivant, de Seguridad humana, mais c'était sans compter avec la manifestation qui était partie de Plaza Italia vers 10h et arrivait donc vers midi chez moi. Les policiers affrontaient les manifestants dans le parc en face de chez moi. J'aurais été assez impressionnée si mon cerveau n'était pas encore complètement endormi. En bas de l'immeuble, Thibault, un français qui étudie dans la même université que moi, et son colocataire chilien, contemplaient le chaos total qu'était la rue. Les policiers en moto roulaient au centre de la rue, pour être certains de ne pas pouvoir être atteints par des projectiles lancés par les habitants des immeubles, qui les insultent depuis leur fenêtre. La station de métro étant fermée à cause de la manifestation, nous nous sommes mis en route vers une autre station. C'est là qu'au coin de la rue, j'ai commencé à sentir une odeur étrange, très forte, âpre, qui rentre dans la bouge avant de monter jusqu'aux yeux. Comme vous l'avez compris, j'ai fait aujourd'hui ma première expérience avec le gaz lacrymogène. Ça pique les yeux, ça donne la nausée, et on pleure comme une madeleine. Avant même d'avoir participé à une manifestation, j'en suis déjà dégoûtée. Je serais un être apolitique, et tant pis pour l'action collective de la rue. 

Si aujourd'hui une simple manifestation a dérivé, je commence à comprendre l'angoisse qui se tisse autour de l'arrivée du 11 septembre. Lorsque vous pensez 11 septembre, vous imaginez mémoire des attentats de New York. Ou bien comme moi, prueba de géodemographie. Ici, le 11 septembre 2013 sera la commémoration des 40 ans du coup d'État. En prévision de ce jour, l'université suspend les cours à partir de 16h pour "questions de sécurité", l'entraînement de rugby est annulé, et mes colocataires ont déjà prévu d'approuver ou non mes déplacements. On se prépare à la guerre civile, et ça n'est pas rassurant. J’exagère légèrement sur le concept de guerre civile, comme d'habitude, il faut juste savoir être intelligent et éviter certains endroits et certaines heures.

Nous ferons une mention spéciale pour le service de nettoyage de la ville, qui en quelques heures réussit à effacer toute trace de la manifestation. C'est suspect. 

C'était Anaïs, sur CNN. 

dimanche 1 septembre 2013

La couleur de l'eau gazeuse

Je dois de nouveau m'excuser pour ce cruel manque de nouvelles. Deux raisons pour cela. Tout d'abord j'ai eu plus d'occasions de skyper (inventons un nouveau verbe, c'est la mode) avec certains d'entre vous chers lecteurs. La semaine a été aussi plus mouvementée, car j'ai eu mes premiers contrôles à l'université, ce qui m'a demandé beaucoup de travail, notamment pour rattraper les lectures des premiers cours qu'en bonne sciences pote je n'avais pas lues. 

Quelques nouvelles en vrac donc, c'est comme ça qu'on les déguste le mieux.

Comme d'habitude, le culinaire avant tout! J'ai goûté les sopaipillas, qui se vendent un peu partout dans la rue auprès des marchands ambulants. Coûtant entre 100 et 130 pesos une, elles servent de once (le goûter-dîner léger des chiliens), ou de déjeuner rapide. Ce sont des disques de pâte plongés dans l'huile bouillante: rien de bien sain. Mais le goût est excellent, entre le croustillant et le fondant à l'intérieur. On les recouvre de sauce rouge ou verte (il y a toujours débat sur laquelle est la plus piquante), de ketchup ou de mayonnaise, de guacamole épicé... Libre à vous de concocter votre recette! Á ne pas manger tous les jours, mais en sortant du troisième cours de natation de la semaine, c'est plutôt réconfortant. 

Et pourquoi pas les accompagner d'une bière au jus de citron? C'est délicieux, et ça allège le côté parfois pesant de la bière. Attention chers lecteurs belges, le mélange peut choquer. 

En en venant aux boissons, les chiliens ont mis en place un piège international, d'où découle le titre. Si je vous donne une bouteille avec une étiquette rouge, et une identique avec une étiquette bleue, et vous demande laquelle est la gazeuse, vous choisirez certainement la rouge, car ainsi sont-elles en Europe. Préparez-vous à être surpris ici en buvant, les couleurs sont inversées! Une eau gazeuse dans une bouteille bleue me perturbe toujours autant, une semaine après ma découverte: les gènes chauvins italiens peut-être.

Venons-en à ces fameux cours. Chaque professeur doit choisir un étudiant comme ayudante, c'est-à-dire comme assistant de son cours. Ce sont généralement des élèves qui ont pris le cours le semestre précédant et l'ont extrêmement bien réussi. Leur tâche dépend du professeur, mais bien souvent ce sont eux qui préparent et corrigent les contrôles, organisent les ayudantías, cours de préparation pour les contrôles, et photocopient les centaines de pages que nous devons lire. Je trouve ce rôle assez intéressant, et certainement enrichissant. Nous n'élisons que des délégués de classe, qui servent à repousser le contrôle et trouver des créneaux pour rattraper les cours manqués par le professeur. Les ayudantes participent de tout cet aspect plus convivial des cours ici. On en vient souvent à tutoyer le professeur, qui demande comment on s'adapte à la vie chilienne, et fait des blagues quand il sent qu'il perd l'attention de la classe. La participation en cours est en général assez importante, les élèves aiment donner leur point de vue, ou reformuler ce que vient de dire le professeur, méthode internationalement connue pour gagner facilement des points dans sa note de participation. Les connaissances de certains étudiants me surprennent, notamment dans le domaine de l'histoire politique, au Chili comme en Europe. Néanmoins, il reste certaines lacunes parfois aberrantes pour un étudiant de sciences politiques, et celles-ci concernent plus généralement les organisations internationales. Peut-être les relations internationales sont-elles moins étudiées, ou abordées seulement dans les dernières années. 

La vie à Santiago est dans l'ensemble extrêmement agréable. Pensez qu'ici, dans le métro du lundi matin, qui vous extrait doucement de votre merveilleux week-end pour vous ramener à la réalité, une voix qui n'est pas pré-enregistrée, ou alors elle change tous les jours, vous souhaite une bonne journée et un excellent début de semaine. Comment ne pas se lancer du bon pied avec ces encouragements? 

Sur un tout autre sujet, récemment une amie qui s'était fâchée avec son copain resté en Europe, m'expliquait qu'il l'accusait d'avoir changé depuis son arrivée. Elle trouvait cela absurde, et j'ai totalement approuvé pour la réconforter. J'y repensais récemment, et me disais que c'est totalement faux. Bien sûr que l'on change, même en un mois, lorsque le contexte dans lequel on évolue change aussi, que ce soit le temps ou le lieu. On se jure toujours de rester soi-même, d'avoir des principes qui nous suivront toutes notre vie, mais je crois qu'il est aussi nécessaire, et en tout cas amusant et confortable, de se laisser changer un peu. Je pense qu'il est tout à fait possible de rester soi-même en ne se laissant pas influencer par d'autres personnes, mais qu'on change obligatoirement, et beaucoup, par ce que le contexte ou les personnes nous inspire. Comment découvrir et apprendre si on reste hermétique à tout ce qu'il se passe? 

Dernier point, je commence à réfléchir à mon voyage de cet "été" pour moi. Ma colocataire a fait le nord du Chili, puis est montée jusqu'au Venezuela par étapes en 10 semaines. J'y pense beaucoup, mais ça me ferait louper le Brésil. À voir donc!

Je vous embrasse tous très fort.