mercredi 31 juillet 2013

Les packs de un yaourt

Le titre de cet article fait allusion au fait que l'ont peut ici, dans les supermarchés, acheter un seul yaourt: il suffit de le détacher de son traditionnel pack de 4. Incrédule au vu d'un chilien la dernière fois, j'ai tenté l'expérience en arrivant à la caisse avec quatre yaourts détachés et répartis dans mes courses. J'ai eu droit au regard furieux de la caissière mais le résultat est probant. 

Aujourd'hui, première réunion à la UC, la Universidad Católica, où je vais donc étudier pendant un an. Oui, parce que je suis quand même là pour ça à la base, je suis sûre que vous l'aviez oublié. Nous nous sommes assis dans une salle sublime, très semblable à la bibliothèque de l'ancien parlement portugais à Lisbonne, pour ceux qui l'auraient visitée. Tout comme à Sciences Po, cela doit être un phénomène de la mondialisation cela aussi, les chiliens sont fans des vidéos: vidéo de présentation de l'université, vidéo de la comisión de acogida composée d'étudiants, vidéo des voyages à faire, nous avons eu notre lot d'images! Je dois admettre que j'y suis très sensible, il ne m'en a pas fallu plus pour avoir envie de faire le tour du monde, le tour des soirées, en passant par le tour des bibliothèques (dix). Après un coffee break, très à la mode également, surtout en anglais, nous avons pu discuter avec des étudiants de chaque faculté à propos des cours qui nous sont proposés. J'ai eu le droit aux ratures rageuses d'un étudiant de droit sur le nom de quelques professeurs qui lui ont déplu, ou aux conseils du plus flemmard des étudiants en géographie. En sciences politique, j'ai à peine été surprise en me retrouvant nez à nez avec un... poitevin!  Étudiant chilien en double-diplôme avec SciencesPo, il s'apprête à repartir à Paris pour cette année. Poitiers en force dans le monde entier, j'ai failli lui demander s'il avait payé sa cotisation de l'ASI (Association Sportive Ibéroaméricaine pour les ignorants). 

Longue matinée, qui s'est achevée vers 14h, et c'est l'estomac grimaçant que nous nous sommes ruées, Nadine et moi, vers un restaurant en face de l'université. J'ai dégusté un excellent churrasco (viande qui ressemble à celle des kebabs) a la mexicana, genre de sandwich rond à l'avocat et salsa verde! Spéciale dédicace à papa, et à la différence inexpliquée mais frappante entre la salsa verde et la salsa roja dans les taquerías du Mexique. 

Première catastrophe de l'année évitée (j’exagère bien entendu): j'avais oublié mes clés! Heureusement, Pato un de mes colocs chiliens étaient encore à la maison et a pu m'ouvrir. Il faut absolument que j'apprenne à Chica la chienne comment ouvrir la porte, en cas d'urgence. 

Bientôt de nouveau sur la route, pour mon premier entraînement de rugby! Il faut que je l'aime ce sport, pour faire quarante minutes de métro, puis vingt minutes de bus rien que pour aller au stade. Le chauffeur de la micro (bus) était très gentil, il a même dévié de sa route pour m'amener jusque devant (quand je dis devant, comprenez qu'il a arrêté le bus de façon à ce qu'en en sortant je sois déjà à l'intérieur du stade) les infrastructures sportives de la UC. Le trajet vaut la peine d'être fait, car le quartier las Condes n'a rien à voir avec tout ce que j'avais pu voir avant. En effet, même les maisons chics du quartier de Providencia ne peuvent rivaliser avec les villas à l'américaine de Las Condes. C'est tout à coup la Floride qui s'étale sous vos yeux, derrière de hautes grilles opaques. Les voitures sont plus grandes, les 4x4 scintillent en poursuivant les espaces familiales: rien à voir avec les coques de noix (dédicace Chloé) qui circulent dans Santiago Centro. Dès la sortie du métro, la différence est notable: les sacs à mains de ces dames, les manteaux de ces messieurs, tout est plus chic, plus propre, plus européen ou mieux encore, plus américain. 

La rencontre avec l'équipe de rugby s'est très bien passée, les filles sont très sympas, et l'entraîneur plongé dans son délire, à croire que tous les coachs de rugby pratiquent une religion sportive commune et farfelue. Bonne ambiance, donc, sur le terrain, même si j'ai été un peu déçue par le niveau global: si quelques joueuses ont un excellent niveau, un bon groupe débute à peine, si bien que nous revoyons toutes les bases. J'ai beaucoup apprecié le commentaire finale de la capitaine, qui a déclaré que c'était bacán (chilenismo essentiel pour survivre, voulant dire, selon le dictionnaire fourni par la UC: "bueno, increíble, excelente, espetacular) de jouer à côté de moi. 

Le directeur du club, avec qui j'avais discuté par mail avant de venir à l'entraînement, est venu me voir à la fin pour me demander ce que j'en avais pensé, et me proposer de participer aux cours de l'école de rugby, c'est-à-dire aux cours pour les plus jeunes. Une place se libère, et il a lui-même appris le français en enseignant le rugby à des jeunes à Aurillac (là où j'ai réalisé mon stage pratique du BAFA, coïncidence? Je ne crois pas.). L'école de rugby à lieu juste avant les entraînements, je verrais donc en fonction de mon emploi du temps, mais l'opportunité me plaît. 

Retour à 23h à la maison, après un trajet très marrant en compagnie d'une autre joueuse et d'un chilien collant du métro, que nous avons royalement ignoré en prétextant être des finlandaises parlant uniquement anglais. Cela a eu le mérite de dérider tous les chiliens du wagon qui comprenaient l'anglais, et pour nous d'arriver tranquillement à notre station. 

Voilà pour les nouvelles, j'essaye de trouver le courage de retourner demain faire tous les papiers du visa. 

En attendant, je vous embrasse tous très fort, vous me manquez encore et toujours!

L'intégration par le gâteau au chocolat

Lundi 29 juillet

Encore un réveil de bonne heure, je sors la tête de ma chambre vers 13h. Dernier jour de vacance, je ne ressens aucune culpabilité à en profiter. Dans mon casier numéroté "2", ainsi que dans ma moitié d'étage de frigo, il n'y a plus rien d'appétissant, à part des céréales que je grignote comme des chips.

Vaincue par mon estomac, je me décide à sortir de ma tanière pour aller faire des courses, et demande à Christian, l'un des deux colocs présent, s'il a besoin de quelque chose, lorsqu'il me propose - thank you Chris - de le suivre au mercado la vega. Ravie de ce changement de plan, je saute sur mon sac de courses, qui servait de sac à chaussettes, et me prépare en quelques minutes.

Il suffit de marcher cinq minutes le long du fleuve, qui, soit dit en passant, consiste en un torrent miniature digne des maisons de poupées, coulant au centre d'un lit bétonné de six fois sa largeur, pour s'enfoncer dans un quartier beaucoup plus populaire de Santiago. Le changement est frappant, rien que d'une rive à l'autre,, ou du côté d'un passage piéton à l'autre. Les maisons sont beaucoup plus basses, mais aussi plus colorées. Les rues sont sales, et les chiens errants remplacent la foule des businessmen. Les banques sont grillagées, et l'église a gardé une place relativement centrale dans l'organisation physique du quartier. Nous rejoignons le marché en passant par une rue envahie d'épiceries minuscules dans lesquelles les produits sont disposés sur des étagères qui grimpent jusqu'au plafond, pour pallier le manque d'espace par la hauteur. De nombreux magasins proposent des produits asiatiques, phénomènes lié à l'immigration en provenance de l'Asie, elle-même due au renforcement des échanges économiques et commerciaux entre le Chili, interface latine du Pacifique, et le continent asiatique. On y pense pas forcément au vu de notre conception des planisphères. 

Le marché, couvert, est sombre mais grand. D'un côté, les marchands de fruits et légumes présentent des étals de produits qui me sont parfois inconnus. Ils alternent entre eux les jours de travail, afin de mieux se répartir la clientèle. Les produits sont parfois trop brillants, parfois trop "naturels", mais font toujours bouillir mes neurones culinaires. Entre les avocats, les courgettes, les citrouilles et potirons, que je ne m'attendais pas à trouver ici, on peut également trouver des fruits de la passion, des agrumes minuscules et inconnus, un genre de melon grand comme une poire, du soja, et des superbes feuilles d'épinard. De l'autre côté du marché, il faut traverser les étroits labyrinthes des vendeurs de céréales, tant canines que pour nous autres mammifères à deux pattes, en prenant garde à ne pas renverser les énormes seaux remplis de graines, avant d'arriver à la plus petite partie du marché consacrée à la viande. On y trouve des morceaux de boeuf suffisant pour nourrir une armée, mais pas vraiment de quantité pour une personne, et les commerçants ne sont pas toujours enclins à découper de petites portions. Il faut commander par fraction de kilo: un cuarto correspond donc à 250g. On paye à une caisse installée un peu à l'écart, et protégée par une vitre, avant d'aller récupérer ses achats. Ces petites démarches nous rappellent l'insécurité ressentie par certains commerçants, plus vulnérables, et que j'ai tendance à oublier, non pas par mégarde, mais parce qu'on y est peu sujet quand on choisit correctement ses déplacements et accompagnateurs. 

De retour du marché avec du vocabulaire nouveau qui papillonne dans ma tête, j'essaye désespérément de faire rentrer tous mes achats dans mes rangements dans la cuisine. J'en suis réduite à ranger ma douzaine d'oeufs et mes patates tout en haut de mon étagère, entre les affaires de sport et celles de cours.

Plus tard, je prépare un gâteau au chocolat, ma recette infaillible pour gagner l'amitié, ou du moins les papilles gustatives, de mes colocs. Victoire, et comme au passage nous avons eu une petite dizaine d'invités, j'ai gagné une réputation immédiate de cuisinière.

lundi 29 juillet 2013

Le weekend, une valeur sûre pour vos voyages!

Quoi de plus important dans la semaine que le fin de semana? Le lundi, on en revient fatigué. Le mardi et le mercredi on organise le suivant. Le jeudi on se concentre sur la semaine. Le vendredi on l'attend désespérement. Et bien, je le confirme: le week-end est un excellent repère où que vous soyez. 

Samedi, réveil vers midi, quoi de plus normal qu'une grasse matinée pour commencer ces deux jours de repos bien mérités? Je n'ai certes pas travaillé, mais j'ai visité, survécu à des avions, appris une multitude de chilenismos et changé de vie. Amplement mérité, donc. 

Á peine sortie du lit, Astrid m'a proposé un footing dans le parque forestal, qui longe le rio Mapuche juste devant notre immeuble. Après deux mois de vacances passés à faire voyager mes affaires de sport, sans pour autant les utiliser, j'ai cédé à la motivation de la première semaine. Nous sommes donc parties courir à midi, car c'est bien évidemment la meilleure heure pour un footing. Nous n'avons pas couru très longtemps: il ne s'écoule pas quinze minutes avant que la poussière et le smog compriment les poumons, et qu'on ait la gorge sèche. Ce fut tout de même un excellent moment, car le parc est une vitrine sur un Chili inattendu. Nous avons croisé un groupe de fans de Harry Potter, tous apparemment affiliés à la maison Serpentard. Ils portaient des blouses noires bordées de vert, ornés d'écussons de Serpentard. Certains arboraient également des cravates et des écharpes aux couleurs vertes et argentées. Puis nous sommes restées en admiration devant les jongleurs de massues, qui, comme à Bruxelles, se donnent en spectacle aux feux rouges. Moins joyeux, nous avons aussi croisé une famille de gitans qui a envoyé sa fille, âgée d'une dizaine d'année, quémander auprès d'une famille qui se promenait. Les parents ont fini par donner leur coca-cola à la petite fille, qui, bien que ravie, n'a pas fait la fierté de ses parents à elle. 

L'après-midi, nous sommes de nouveau parties toutes les deux voir un match de rugby de son frère. Nous y avons été rejointes par son collège français. Le match avait lieu dans un quartier beaucoup plus populaire que la partie de Santiago où je vis. En apparence, les maisons sont plus basses, les personnes plus typées physiquement, les accents plus prononcés. Durant le match, discuter avec le collègue français d'Astrid m'a fait découvrir le trajet-type des jeunes diplômés de grandes écoles françaises qui, plus qu'un salaire, cherchent de meilleures conditions de vie, et s'envolent pour l'Amérique du Sud. Plus tard dans la soirée, et j'en parlerais après, j'ai rencontré plusieurs jeunes dans ce cas. Certains arrivent avec un emploi, d'autres s'installent en espérant en trouver un. Il est surprenant de comprendre à quel point les flux migratoires se maintiennent mais se déplacent: les profils sont identiques, tous des "cerveaux", mais la destination n'est plus les États-Unis mais le Chili, le Brésil, l'Argentine. Je me demande si je pourrais, plus tard, faire ce choix de partir loin, de quitter toute une vie, ma famille, pour s'installer complètement ailleurs. C'est un pari difficile, mais qui apporte tellement aussi! Car effectivement, si les français ne vivent pas à Santiago comme ils le feraient en Inde ou en Ouganda, ils obtiennent un confort de vie, un rythme beaucoup plus agréable. 

Á peine rentrées, j'ai suivi encore une fois Astrid, cette fois chez son frère, pour une previa (oui Chloé, comme tes fameuses "pré", comprenez un apéritif, mot préféré de Luisa il y a peu). Beaucoup de français, ce qui apparemment n'est pas courant, et m'a d'ailleurs surpris. Il s'agissait en fait d'amis d'amis, de passage à Santiago pour un roadtrip. Après avoir bu quelques piscola (pisco, l'alcool national, à base de raisin, et du coca), nous sommes partis pour la soirée d'anniversaire du cousin d'Astrid, dans une boîte de Bellavista qu'il avait privatisé. Pas une énorme ambiance, mais l'occasion de rencontrer pas mal de personnes. J'ai pu constater que les chiliens ne savent pas passer outre un "non" dans leur approche de la gente féminine. Ils sont tenaces, cela reste, de manière générale, une qualité. Mais le plus surprenant de la soirée, et heureusement qu'Astrid m'avait prévenue, c'est la coke. Pas de panique chers lecteurs, je ne touche pas à ça. Cela reste un sujet central et intéressant. La coke est ici au même prix que la marijuana, c'est à dire extrêmement accessible, notamment pour les étrangers. La prise de coke est complètement banalisée, et une immense majorité d'étrangers en consomment. Il est difficile de savoir s'ils s'habituent en quelques jours ou s'ils en consommaient déjà dans leurs pays d'origines, mais c'est en tout cas extrêmement courant qu'une personne demande à ce qu'on lui tienne sa carte bancaire ou de transport pour qu'elle prenne un trait. C'est triste, dangereux, et ridicule. 

Sur un plan plus positif, la soirée fut bonne, j'ai surpris les chiliens qui ne pensaient pas qu'une française puisse connaître autant de chansons de reggaeton (merci l'éducation latino de Poitiers), et j'ai réussi à survivre à quelques unes des conversations les plus... françaises-extrême que j'ai pu connaître. 

Un weekend comportant deux jours, et un dimanche devant se dérouler d'une manière très précise, il me reste à vous conter cette journée. Il ne s'est, en bon dimanche, rien passé. Je me suis levée tard, j'ai regardé des séries. Puis j'ai regardé des séries. Et encore quelques séries. Bon, peut-être pas autant de séries. 

Chose plus intéressante, j'ai enfin rencontré le propriétaire de l'appartement, Sergio, dit El Chino. Très sympathique, j'ai admiré sa capacité à fédérer le groupe. Dès qu'il est arrivé, tout le monde s'est retrouvé dans le salon, à discuter, tandis que depuis plusieurs heures nous étions comme des zombies rapatriés dans leurs chambres. Nous avons débattu sur des thèmes aussi variés que Dieu, la religion, les kumaris, le dalaï-lama, la musique et les sushis. Je n'oserais pas dire que j'ai liste ces sujets par ordre d'importance. 

J'ai par exemple appris que la pratique de la religion catholique était en chute vertigineuse au Chili, et que, notamment dans les campagnes, c'était l'évangélisme qui s'imposait. La mode des predicatores, très répandus au Brésil, rapporte gros ici aussi à qui sait organiser des messes gigantesques dans des stades et réclamer de l'argent, pour nous sauver du malheur bien entendu. 

Après avoir préparé et mangé des completos, hot-dogs avec du guacamole typiques des rues de Santiago, avec Anouk, nous nous sommes tous (plus deux squatteurs de l'appartement du dessous) installés devant la télévision gigantesque pour voir "Le magicien d'Oz". Je vous déconseille ce film, niais à souhait, où les gentilles sorcières portent du blanc, les méchantes du noir, où les premières lancent des arcs-en-ciel et les deuxièmes des flammes infernales. Malgré cela, j'ai passé un excellent moment, comme a pu le prouver mon oubli complet de l'espagnol à la fin du film (en anglais): je me suis sentie transportée ailleurs. Comme si, de repente, j'avais atterri au milieu d'un salon rempli d'amis, à la maison. Serais-je sur la bonne voie?  

Je vous embrasse tous, vous me manquez très fort.

dimanche 28 juillet 2013

Anne-Mane, ou pourquoi il ne faut pas avoir trois prénoms

Hier, Nadine et moi nous sommes lancées dans la grande aventure de l'administration. Malgré le résultat, nous avons pu constater que les fonctionnaires chiliens étaient globalements bien plus amusants et sympathiques que leurs collègues français. 

La première étape consiste en un passage à la policia de investigación. Arrivées dès 8h car nous avions été prévenues par mon coloc' écossais qu'il y avait beaucoup de monde, nous avons finalement attendu à peine 5 minutes. J'ai joué à Papa en demandant tout à tout le monde, au moins les employés donnent les meilleurs conseils pour aller plus vite! Les policiers appelaient Nadine cleopatra, c'est évident puisqu'elle est égyptienne. J'ai du aider pour qu'ils comprennent quels étaient ses noms de familles sur son passeport, et n'ai pas pensé, dans mon incroyable candeur, à vérifier mes propres papiers.

C'est donc après trente minutes de file à la deuxième étape, le registro civil, que l'employée s'est rendue compte que mon troisième prénom n'était pas écrit correctement sur le papier émis par les policiers. Étant donné qu'il est assez illisible sur mon passeport, j'ai tenté l'approche latino: "Mais si bien sûr je m'appelle Anne-Mane". C'est le visa, lisible, lui, qui m'a trahie. Deuxième tentative lundi donc!

Un peu (complètement) déçue (désespérée), j'ai suivi Nadine jusqu'au magasin Entel, compagnie de mon téléphone qui ne fonctionnait pas. Alors qu'elle a pu obtenir sans problème une carte sim à mettre dans son iphone, mon nokia à 15 euros flambant neuf refusait encore d'envoyer des sms. Après d'innombrables tentatives, j'ai enfin pu utiliser le téléphone correctement.

Un peu dépitées, nous avons craqué pour un café au ... Starbucks! La mondialisation a cela de rassurant que l'on peut oublier le pays où l'on se trouve le temps d'un café international. Nous avons parlé pendant presquie deux heures, mais cela ne m'a pas empêchée d'avoir mon premier gros coup de blues en rentrant. Vive skype dans ces moments-là!

Le soir, un ami chilien de Poitiers nous a amenés, tous les SciencesPotes, dans un bar un peu chic mais apparement connu car les grands sportifs chiliens - peu nombreux, insistent les barmen - y venaient. Nous avons mangé des plats de fruits de mer, calamars et poissons délicieux.

Plus tard , nous sommes partis découvrir le bar la piojera. Passer du Liguria à la Piojera, c'est un choc: le sol est couvert d'alcool, il n'y a pas de musique mais on entend des voix chanter et crier, et il n'y a qu'une boisson à la carte, le terremoto (tremblement de terre). En fin de soirée, on l'unique cocktail change et devient une replica, comprenez une réplique plus légère du tremblement de terre. Les verres gigantesques sont remplis à la suite: d'abord de glace crémeuse, puis d'un alcool de vin transparent qui murît dans des bariques et ensuite de grenadine pour la version dulce

Pendant la soirée, j'ai beaucoup discuté avec un parisien nommé Arthur, qui m'a révélé, en comptant mes piercings aux oreilles, qu'il ne pensait pas que j'étais "comme ça". J'ai répondu que j'étais une hippie anarchiste mais que j'essayais de ne pas révéler ma véritable identité, ce qui l'a beaucoup surpris.

Dans les bars, notre groupe était l'attraction de la soirée: je pense que ma photo doit faire le tour de facebooks inconnus, je vous rassure, tout était très décent. 

Longue journée donc, mais toujours en pensant à vous!

(Je note que je suis en décalée, je raconte le lendemain la journée de la veille, mais ça ira!)


vendredi 26 juillet 2013

L'heure de pointe dans le métro de Santiago

C'est un sujet qui mérite un paragraphe entier, ce métro à l'heure de pointe. Avis à tous les parisiens, vous qui pestez contre les rames bondées de la ligne 1 en rentrant du travail, venez faire un tour à Santiago. Il faut faire la file rien que pour valider son ticket, qui est d'ailleurs plus cher à l'heure de pointe (ce n'est pas pour rien que le Chili est "el mejor alumno del FMI"). En se penchant vers les quais, du haut de la plateforme qui surplombe la station, on aperçoit la cohue qui s'y trouve. Des agents font reculer les voyageurs vers la ligne de sécurité peinte sur le quai, crouch, mais juste au moment où la rame entre dans la station, tous commencent à avancer, touch, franchissant la ligne plus ou moins discrètement et avec plus ou moins de précautions, pause. Car dès que les portes s'ouvrent, engage! C'est la lutte pour entrer dans le wagon. Il nous a fallu deux essais pour réussir à rentrer. Pris d'un fou rire incontrôlable, nous avons découvert au fil du trajet que les cheveux de Nadine avaient un goût de fruit, qu'elle avait le visage coincé dans la parka du seul grand chilien que nous ayons rencontré, qu'il était possible de tenir debout en ayant un angle de presque 100° entre son buste et ses jambes (cobaye: moi), ou bien avec les pieds dans le sens inverse que sa tête (cobaye: Arthur). 
On était bien les seuls à rire dans ce wagon pire que bondé, mais c'était une expérience à tenter! 
Une nouvelle qui ravira Maman! Par contre c'est 1h de trajet pour aller jusqu'au quartier huppé de "Las Condes" au pied des montagnes...
Une photo pour la route, dans le Jardín Japonés du Cerro San Cristobal.
La tour Chloé, c'est un mall: "c'est les plus grand centre commercial du moooonde!" (Pour le coup on doit en être pas loin).

Hola Anaïs,

Estas cordialmente invitada a integrar el grupo femenino del Club deportivo Universidad Católica, por si no lo sabes en Chile el rugby femenino esta en un proceso de desarrollo, en estos momentos se juega solo a siete. Estamos en búsqueda de nuevas jugadoras y aceptamos todos los niveles, los entrenamientos son martes y jueves de 20 a 21h en san Carlos de Apoquindo (BUS CO2)
Si tu as besoin de renseignement complémentaire n’hésite pas à m’appeler, j’ai été joueur et entraineur en France, je pourrais t’aider à l’intégration dans le Club.

Cordialmente.

Sebastian GAJARDO

Director Deportivo Rugby UC



25 juillet

Ce matin, pas moyen de me motiver, j'ai traîné dans mon lit, désespérant que quelqu'un vienne me secouer ou me proposer quelque chose. Bien sûr, ça n'est pas arrivé. Déçue, j'ai donc regardé un film pour me remonter le moral: Despicable me ("Moi, moche et méchant" je crois?).
Finalement, après avoir déjeuner (dans mon lit) (ouuuh), j'ai enfin reçu des nouvelles de Nadine (la SciencesPote de Menton, si vous lisez cette parenthèse, c'est que vous n'avez pas lu les posts précédants, c'est mal, très mal et vous devriez vous en vouloir à vie, par contre si vous lisez encore, peut être que vous vous êtes dit que justement ceux qui ne le savaient pas étaient bien bêtes, mais que vous vouliez savoir ce que j'avais à leur dire de si long dans cette fameuse parenthèse). Sa mère et elle m'ont retrouvée à l'appartement, puis nous sommes parties retrouver d'autres Sciences Potes pour compléter la série des promenades. 

Au passage, à l'étranger on est comme un chien: il faut qu'on se - ou qu'on nous - promène régulièrement, pour assouvir notre besoin de découvertes. 

Balade donc, grâce à Pierre-Henri, franco-chilien camarade de Poitiers, dans le Parc des sculptures, construit dans les années 90. C'est un parc pas spécialement joli, et particulièrement énigmatique, où sont disposées sans logique apparente des sculptures contemporaines. Je n'ai pas saisi le pourquoi du comment, il faudra que je me renseigne dans mon guide de Santiago. 

Poursuite de la promenade plus intéressante, qui nous a mené jusqu'au Cerro san cristobal, une autre colline bien plus haute que le cerro santa Lucia. On peut y monter par une route bétonnée ou bien par des petis chemins boueux où l'on s'enfonce comme dans une jungle. Entre deux branches à écarter, on aperçoit parfois un immeuble, qui nous rappelle que l'on se trouve toujours dans une capitale. Les chemins peuvent également se parcourir... à VTT! De nombreux cyclistes se retrouvent, équipés du casque aux protèges-tibiats (et bien sûr d'un vélo), pour dévaler les sentiers. Je n'avais qu'une envie: faire un discret croche-pied à l'un deux pour récupérer un VTT; ce n'est que partie remise. Pour monter, nous avons été témoin de la débrouillardise chilienne: les VTT se font tracter par des picks-ups sur la route bétonnée. Astucieux, la descente sans la montée, c'est mauvais pour les mollets et l'estime, mais c'est comme manger un Tiramisú sans avoir du attendre 24h. 

Vue magnifique sur Santiago, d'un côté du Cerro sur l'ancien quartier des affaires, de l'autre sur les zones beaucoup plus populaires qui s'étendent à perte de vue, mais vous n'aurez pas de photos car ma carte mémoire a encore décidé de me jouer le tour du "Card error". J'enrage, je m'étais appliquée sur chaque photo. Je crois que le destin me punit d'avoir voulu faire enrager Zo en prenant des photos de tous les chemins de VTT. 

Dîner ce soir avec Nadine et sa mère dans un excellent restaurant tout près de la maison, où l'on nous a offert le Fernet (boisson Argentine d'ailleurs, non?). Elle ne va peut-être pas vivre dans l'appartement du dessus finalement, c'est dommage si c'est le cas, car on s'entend bien. 
Astrid (coloc française) m'avait invitée à un apéro et une sortie en boîte, mais je crois que cette semaine je fais la flemmarde,et puis demain rendez-vous 8h a la policia de investigación pour faire la validation du visa. 

Pleins de bisous à tous, mention spéciale pour les papillons de Maman!

24 juillet - journée

Ce matin, réveil un peu moins difficile, pas de pigeons roucoulant pour commencer. Personne à la maison, j'en ai profité pour traîner en pyjama, regarder une série et faire à manger. Bien que culpabilisant de ne pas sauter immédiatement dans mes baskets pour barouder en ville, il m'a semblé que ce genre de moments sont essentiels pour se sentir chez soi. 
C'est étrange de n'avoir aucune obligation, aucun emploi du temps à respecter. J'ai hâte que les cours commencent, ou du moins que Nadine arrive (la SciencesPote de Menton qui va vivre à l'étage du dessus, ndlr). Même à l'instant, assise au soleil, je ne peux m'empêcher de penser "aller, faut se bouger". Pourtant, personne ne m'attend, rien ne me presse. C'est pour l'instant ce que je trouve le plus difficile, ce vide que je me sens obligée de remplir chaque jour. 
Installée presque au sommet du Cerro Santa Lucia, je me sens aussi bien que sur les chaises longues de l'île Robinson du bois de la cambre. C'est comme ça, même à l'autre bout du monde, les sensations ne changent pas. Ce qui nous entoure change à toute vitesse, tandis que nous restons identiques. 
Le Cerro est une grande colline au coeur de Santiago centro, tout près de chez moi. Tout y est si bien aménagé que la comparaison qui ne cesse de me venir à l'esprit est celle avec les parcs d'attraction. Des chemins gravissent la colline serpentant autour; vu d'en haut cela donne l'impression d'une pièce montée taillée en plusieurs étages. Ce sont ensuite des escaliers aux marches étroites extrêmements hautes qu'il faut affronter pour parvenir au sommet. Je ne sais pas si les chiliens ont rapetissé avec le temps, mais je souhaite bon courage à leurs relativement petites jambes. 
Ce n'est finalement pas la vue du sommet qui est la plus belle; elle est trop dénudée, trop nette. Les appareils photos aux prises panoramiques la dévore sans aucun effort sinon celui d'avoir fait travailler les mollets des touristes. Il est beaucoup plus agréable d'apercevoir un bout de cordillera enneigée entre les arbres qui hésitent encore entre feuillage d'automne ou d'été. Plus jouissive encore est la satisfaction de reconnaître le centre culturel ou tout autre bâtiment à peine découvert à travers l'espace formé par deux rochers. 
Le parc attire autant les touristes que les chiliens désoeuvrés. Beaucoup prennent ici une pause, entre amis mais surtout en couple. Les parejas de tous âges s'enlacent sur les bancs ou les pelouses, sans chercher à se cacher au pied des massifs de fleurs. 
C'est vrai qu'on se sent bien, dans cet endroit qui semble avoir été déposé par erreur au centre de Santiago. Tout y est coloré: les rochers qui semblent avoir bronzé orange, les pierres rouges et jaunes du castillo, les fleurs rouges, bleues et jaunes du jardín Darwin. Un ilôt de couleurs dans un Santiago principalement gris, ternis par le smog. 
Les touristes, eux, ne s'arrêtent pas sur les bancs ou les pierres plates chauffées par le soleil. Ils scrutent le moindre recoin, effleurent les statues, photographient d'un air concentré. Ils se promènent tels des professionels du tourisme. Pendant ce temps, les chiliens et moi, nous nous asseyons et buvons un mote con huesillos (http://fr.wikipedia.org/wiki/Mote_con_huesillo).



Après le Cerro Santa Lucia, je me suis promenée en essayant de repérer le parcours de la veille. En passant devant le GAM (Centro Gabriela Mistral - un centre culturel), j'ai décidé d'y jeter un coup d'oeil. J'ai vu une exposition de photographies sur un sujet très actuel à Santiago: celui des chiens errants. Une chorégraphe s'était photographiée allongée près de chiens errants assoupis, imitant leur position, dans les rues de la ville. C'est en effet un gros problème car les chiliens abandonnent leurs mascotas (animaux de compagnie), qui errent ensuite dans les rues, porteurs de maladies. Pas violents du tout, et d'ailleurs plutôt astucieux, puisqu'ils traversent tous au vert, ces chiens feront le bonheur de Chloé!
Après l'exposition, je suis entrée sans vraiment le savoir dans la bibliothèque du centre, dédiée à l'art, entendu ici comme l'ensemble de la musique, du cinéma, de la peinture, de la photographie... Un peu coupable de me retrouver à papilloner dans les rayons tandis que des neurones s'agitaient autour des tables de travail, j'ai commencé la lecture d'un livre un peu au hasard. "Comment survivre à un film d'horreur?", si vous le trouvez, offrez-le à quelqu'un, c'est très drôle.



jeudi 25 juillet 2013

Ce soir, petit concert improvisé par les colocs... Je suis tombée chez des artistes, mince je vais définitivement être une touriste! Je me propose pour prendre le rôle du public en délire.

Retransmission plus tard de la journée, je pense à vous! 

mercredi 24 juillet 2013

Que te vaya bien

C'est ce que dit un chilien inconnu avec un grand sourire, après t'avoir accompagnée jusqu'à l'endroit où tu devais aller.


A part cette bonne humeur, où les gens rient à tes blagues, te répondent avec un grand sourire quand tu dis aurevoir, ou s'amassent pour rire en coeur autour d'un clown sur la Plaza de Armas, j'ai découvert que le Philadelphia avait ici un gout de vache qui rit. C'est essentiel, non?


Autre découverte, plus intéressante. Nous avons dégusté, avec d'autres Sciences potes, une chorrillana. Ca ressemble à une poutine québécoise: oeuf, fromage, viande, frites, sauce barbecue. C'est pas spécialement savoureux, mais ça a l'effet d'un MacDonalds un lendemain de soirée, ou d'un durüm belge en plein milieu de l'après-midi. L'effet psychologique de la junkfood!


Pleins de bisous

23 juillet, bah oui c'est enocre les vacances

De retour d'une longue promenade avec mon coloc écossais. Nous avons été mettre des affiches dans les universités pour ses cours d'anglais. J'ai donc pu découvrir le campus central de l'Université, encore plus magnifique, dans un tout autre style, que celui que j'ai vu hier. 

Grand choc de comparaison avec les bâtiments de la Universidad de Chile, la concurrente... publique! Profils en apparence très différents des étudiants, bâtiments... C'est beaucoup de préjugés, mais on se sent plus en confiance en rentrant dans les locaux de la UC. 

Dans le campus: un cinéma, qui propose en ce moment un rétrospective sur DeNiro et une sur le cinéma, l'histoire et la révolution. Des expositions aussi, dont une d'art contemporain où nous avons bien rigolé tellement c'était moche. 

Nous avons ensuite marché en décrivant un grand cercle dans le centre de Santiago, pour découvrir le quartier de Bellas Artes (le mien), Bellavista, Santiago Centro... L'appartement est vraiment au coeur de tout, ce qui est très pratique.
Le quartier des fêtes est assez surprenant, j'ai pensé à Berlin. Dans le style bâtiments un peu délabrés mais supers colorés, des boîtes à n'en plus finir.... 

En plein milieu de Santiago se trouvent aussi deux grandes collines-parcs, des cerros, que j'irais visiter au plus vite. Avec la cordillera, ça donne vraiment une impression d'espace. 

Deuxième balade après avoir regardé des séries, toujours avec Christian l'écossais, pour promener Chika. Le centre est encore bondé le soir, c'est assez agréable et rassurant!

Ce soir je lâche finalement la soirée en boîte pour une troisième promenade avec des SciencesPotes. 

Pleins de bisous à tous, vous me manquez

mardi 23 juillet 2013

23 juillet, la suite

Après quelques petits moments d'égarement, dont la rencontre avec un colocataire qui en fait n'en est pas un, mais un ami qui a les clés, je suis partie affronter la ville!

Première impression rassurante: c'est une ville. Oui ça semble anachronique, mais ça fait un bien fou de juste mettre le nez dehors et croiser des gens normaux, des rues normales avec des passages piétons (le petit bonhomme vert court vraiment!), des magasins...

Balade au hasard vers Plaza de armas (alors que je pensais aller vers le côté opposé, ça commence bien). Visite à l'office du tourisme, où les employés étaient charmés que je vienne vivre ici un an, surtout puisque du coup j'aurais le temps de voir les deux musées qui sont en cours de rénovation. Magnifique plaza de armas, avec des cireurs de chaussures, un clow qui faisait un one-man show tordant, un public en délire et des figurants malgré eux très drôles.

Dégustation de empanadas puis courses au supermarché tout près de la maison: lider (et non lidl les enfants). Un peu perdue, car si les produits sont presque les mêmes que les nôtres, le rangement est différent, signe que la façon ou le rythme auquel nous mangeons tel ou tel produit est complètement différente.


Parce que moi d'abord, j'ai UN CHIEN.

23 juillet

Encore un peu de lecture pour les curieux!

Réveillée par... des pigeons! Ils roucoulent sous ma fenêtre. Ma chambre est petite mais surtout très sombre, je pense déjà que je changerais avec l'une de celles des filles qui partent bientôt. 

J'ai essayé de me rendormir, mais pas moyen. Personne dans l'appartement en apparence, et petit moment de panique: où y-t-il un supermarché? Est-ce qu'il y a quelqu'un sous la douche ou je peux y aller? C'est quoi le code du wifi? Je fais quoi de ma journée?

Heureusement j'ai trouvé mon sauveteur: Facebook! Pas de honte à le dire, rien de mieux que de discuter avec les amis pour se remonter le moral. 

Deuxième partie de mon sauvetage? Christian, colocataire professeur d'anglais et diplomé en commerce et géographie humaine. Dans un espagnol teinté d'accent anglais, il m'a offert un thé. Il m'a aussi indiqué où était le supermarché, comment fonctionnait la télévision (ils ont un truc super technologique qui s'appelle Apple next ou quelque chose du genre, pour voir des films et des séries, avec sous-titres en espagnol bien sûr pour s'entraîner). Dur de ne pas basculer à l'anglais, on a fait des efforts pour ne communiquer qu'en espagnol. Christian m'a aussi montré la page santiagocultura.cl, pour m'occuper cette semaine. Il revient vers 13h, et nous irons peut etre nous promener. 

En somme, ça va pour l'instant un peu mieux, on garde la motivação pour cette semaine entre-deux. Il paraît que ce soir on sort tous ensemble, et Nadine ma pote de Menton qui va vivre au-dessus arrive dans deux jours. Je l'attends pour faire la paperasse chez les policiers et au consulat, il paraît que c'est très long et embêtant. 

Bisous à tous!

22 juillet, premier soir au Chili

Je suis arrivée à l'appartement vers 22h. En ouvrant la porte, j'ai été ravie de rencontrer ma première colocataire: chica, le petit chien du propriétaire. Comme quoi Maman, après presque seize ans d'attente, j'aurais eu mon chien. 
J'ai ensuite (quelques secondes après) fait la connaissance de Astrid, une française qui termine son stage de fin d'études à Santiago. Nous avons un peu discuté, puis elle m'a emmenée boire un verre, alors que je m'endormais debout, avec le groupe d'amis de la coloc et d'autres appartements autour. 
Un peu difficile de se fondre dans un groupe déjà bien formé, mais ils ont tous l'air habitués à voir de nouvelles têtes. Quelques-uns partent en Aout ou en Septembre, d'autres arrivent comme moi, l'ambiance internationale est de mise. 

Retour à l'appartement, je me suis installée un peu avant de me coucher. Chloé, comme tu avais prévu, la première nuit dans un nouveau lit est un peu difficile. J'ai craqué: j'ai ouvert un deuxième cadeau de tous ceux que maman m'a mis dans mon sac. Un petit carnet, jaune, sinon il ne serait pas pour moi, et un mot: "écris". Promis. Je m'en sors pas trop mal pour l'instant non? 


22 juillet, premier jour au Chili

Ce post-ci n'est pas du direct retransmis de mon carnet. 

Arrivée à Santiago, enthousiasme directement mis à 0 par la vue de la queue à faire à l'immigration. Seule consolation: même les chiliens avaient une file énorme à faire. Douanier de la DPI très sympathique, qui disait tout le temps ya à la fin de ces phrases, et m'a indiqué toutes les démarches à suivre ya. 
Récupération des valises à la latino, ils ont changé deux fois la cinta où récupérer les bagages. Les deux valises sont arrivées tout de suite, heureusement. 
Petit clin d'oeil à la vitre au-dessus de nous, j'aperçois un couple qui me fais de grands gestes: j'avais bien dit que me repérer à la couleur de mon sac à dos jaune, mon sac rose et ma valise rouge serait facile. 
Valises en main, je pense pouvoir enfin quitter l'aéroport, mais non: il faut encore scanner tes valises avec le ministerio de agricultura. Cf les États-Unis: non je n'ai pas d'escargots ni de culture de bactéries. 

Enfin je peux sortir, et là: panique. Á peine passées les portes, une foule se précipite. Je me suis crue une star à qui ses gardes du corps frayent le passage dans la masse. Les taxis assautent les gens en toutes les langues. Tout d'un coup, une main sort de la foule et attrape mon sac: Irene et Carlos, mes sauveurs du jour.

Ravis que je parle (plus ou moins bien sûr) espagnol, ils m'emmènent vers Santiago. Première image? La cordillera, les montagnes enneigées que l'on voit tout près. Malgré le vacarme et le smog, j'ai eu une impression de plénitude, de calme, d'espace, et ce, toute la journée. 

Nous avons visité un peu les tacos (qui ici sont des embouteillages, pas des plats), et le centre de Santiago en voiture. En passant devant la casa central de mon université et l'appartement, j'ai eu une impression étrange: celle de réaliser que les photos que j'avais vues étaient maintenant devant mes yeux, et bien réelles. 

Petite étape chez mes nouveaux amis, nous avons discuté beaucoup. Ils m'ont montré toute la monnaie chilienne, je dis bien toute. De la pièce de un peso qui ressemble à un jeton en plastique d'un jeu de société, au billet de je ne sais plus combien de milliers de pesos. Leur fils, dont la prueba à l'université avait été annulée parce que des étudiants en avaient pris le contrôle pour protester, m'a parlé du métro, de la sécurité, des endroits à voir et à connaître. A grands renforts de cachai et weon-po, j'ai essayé de mémoriser toute l'information qu'on me donnait. Je suis déjà une pro, surtout du ya.

Déjeuner dans un mall gigantesque, type "Bienvenue en Floride". J'ai dit que le mall devait faire la taille de Poitiers, ils ont bien rigolé. J'ai appris qu'aller au mall était une sortie typique de fin de semaine pour les familles chiliennes. Par ailleurs, les banques étaient toutes dévalisées, car le 20 les chiliens reçoivent leur salaire, du coup ils retirent tous plein de liquide d'un coup dans les malls. 

Petite angoisse avec ma carte de crédit, qui ne fonctionnait pas dans les deux premières banques. Finalement au troisième essai réussite, je vais devoir appeler mes chers amis de LCL pour comprendre mieux le pourquoi du comment. 

J'ai pu acheter un téléphone, le même nokia ultra-basique que j'ai à Bruxelles, histoire de ne pas brusquer le changement. Trop heureuse d'avoir déjà quelques numéros à enregistrer, je n'ai pas vu le temps filer pendant le trajet pour aller au campus San Joaquin de mon université. 

Grande surprise: campus magnifique. Gigantesque, c'est un parc entouré de bâtiments un peu dissimulés par les arbres. Nous avons été jusqu'à la fac de Geografia y ciencias políticas, où un professeur très jeune nous a expliqué comment aller jusqu'aux terrains de sports. En y allant, nous sommes tombés sur Starbucks, un autre café, des boutiques, et tout ça dans le campus: j'étais aux anges. 
La vue de la cordillera et des canchas ont fini par me donner définitivement envie de retourner en cours. Plus qu'une semaine. 

22 juillet, en vol

Ici les cannellonis sont rellenos de maïs. C'est plus costaud que la ricotta. Je vois venir les kilos en trop. 


On plane au-dessus d'une étendue de montagne enneigées. Ca y est, c'est l'hiver, où sont passées les sandales et le gang des vestes kakis? 


Quelques points de lumière dans une vallée, il y a des gens aussi perdus que courageux, pour vivre là. 
Tout d'un coup, fin des montagnes, c'est net et abrupt. On atterit dans dix-neuf minutes. Je resterais bien encore un peu dans ce moment paralysé, dans le silence religieux du vol Iberia à destination de Santiago. Allez Anaïs, une grande inspiration, on annonce la descente.

21 juillet, 13 à 17, correspondance à Madrid

Tous mes magazines parlent de Buenos Aires, à croire que personne n'a encore découvert Santiago. Tant mieux, j'y vais en conquérante.


On a fait une alliance tacite avec deux personnes du vol Bruxelles-Madrid pour trouver le chemin vers le terminal 4S. L'aéroport sentait bon, tout était silencieux, suspendu. J'étais le chef de l'alliance, parce que je marchais devant. 


Le train automatique de l'aéroport est encore mieux que la ligne 1 à Paris. Tu vois les rais comme dans une montagne russe, bien cramponné dérrière la grande vitre. Luisa, tu adorerais. 


Pour une fois ma montre qui n'a plus de piles a raison: il est bien 23h10. Heureusement que je la regarde souvent pour vérifier. 


J'ai assez regardé Sherlock pour que ma déduction soit juste: je pense que les uniformes des pilots de LAN sont statched. Ou alors ce sont tous des clones de superman. 

21 juillet, 12

Tout à l'heure je suis partie comme on plonge dans une piscine froide: quand faut y aller, faut y aller. Je n'ai vu que ça, au lieu des portes de sécurité: une grande piscine bleue glacée.

21 juillet, 8-9-10-11

Monique, je t'avoue que Flora et Benoïte voyagent avec moi. Elles me font voir de l'histoire, je leurs fais voir du pays. Promis elles reviendront en bon état!


La pleine Lune a éclairé le hublot d'un seul coup. Je me suis subitement demandée depuis quand il y avait des phares dans le ciel.
Le steward vient de m'allumer la lumière, une petite attention qui me fait sourire enfin un peu.
Ces histoires de lumières rendraient presque le vol agréable, pour peu je me croirais installée confortablement à la maison.


La maison est d'ailleurs un concept étrange. Quand j'y pense, bien sûr Bruxelles me vient en tête, mais aussi Poitiers, Paris, Gênes, Padoue, même les appartements de Paola et Jo.
"Home is wherever i'm with you", Paola tu as totalement raison. Bientôt une nouvelle "maison" au Chili?


J'ai survécu! Au premier vol en tout cas. Anaïs vs les avions: on doit au moins en être à 50-0.

21 juillet, 7

Gimme a ticket for an airplane, ain't got time for a fast train.
......................................................................................... (Papa je sais que tu peux compléter).

Extrait de "The boat that rocked", film que vous conseille notamment pour sa bande-son délirante et délicieusement requinquante.


21 juillet, 4 - 5 - 6

Je n'ai pas tenu ma promesse à moi-même de garder mes "atouts" pour le long vol: j'ai lu deux magazines (plus celui de l'avion, et je confesse avoir lu l'interview de Justin Bieber, god forgives), fait des mots croisés (il y avait "monnaie chilienne", ils m'ont prise pour une quiche?), et écouté l'ipod (merci les parents). Tant pis, il va falloir que je recalcule les proportions temps de batterie / temps de vol, et le coût d'opportunité (qui a fait de l'économie?) de dormir avant le premier atterissage.

J'ai faim. C'est que tout va bien.

Malgré la touffe explosive de ma voisine de gauche, rasée du côté droit mais dont les cheveux virent de bord commen les plantes qui cherchent la lumière dans le jardin de maman, et mon voisin de droite qui colle son nez au hublot avec un air blasé, j'aperçois le ciel passer d'un bleu-violet à du bleu-orange. Échec de ma description, mon voisin n'a pas l'air d'apprécier mes clins d'oeils vers son cher hublot.


21 juillet, 2 et 3

La 3A, tu y as tellement pensé, tu l'as tellement imaginée, que même assise à X km du sol (oui Niluge, je ne sais pas à quelle hauteur monte un avion)direction l'autre bout du monde, tu as l'impression que rien n'est réel. Que d'une minute à l'autre, un steward va te tendre un parachute: "Le réveil c'est par là" et t'indiquer la porte.

Soit dit en passant, l'autre bout du monde n'est pas assez loin pour ne pas penser à vous.

21 juillet, 1

En embarquant dans un avion, j'observe les autres voyageurs attentivement, presque avec amour. Je m'imprègne de chacun, car pour moi nous formons désormais une équipe. Destinée à braver le ciel, la mort, les crashs, notre équipe doit être soudée, ce qu'elle est d'ailleurs fatalement étant donné l'espace entre les sièges. Si nous arrivons à destination, c'est tous ensemble. Pas moyen de perdre un passager en vol. Et si nous finissons un peu plus bas que le sol, c'est du pareil au même: quelle meilleure illustration de notre esprit collectif, même si je suis la seule à le déceler. Hauts les coeurs et la carlingue, l'équipe du vol Iberia à destination de Madrid décolle, pour le meilleur, et pour le pire!

16 juillet, On remonte dans le temps

Je ne sais pas si en partant on se détache ou si, au contraire, on s'enracine encore plus. Dire aurevoir c'est se faire la promesse d'un retour; le départ n'est plus qu'une parenthèse. C'est porter l'espoir, voire la conviction, qu'au retur déjà annoncé, tout soit identique. Choisir de dire aurevoir, c'est ne pas dire adieu, on ne se quitte que dans l'attente de se retrouver.
Bonjour tout le monde!
Si initialement le tiroir à lettres était destiné à partager mes écrits "littéraires", je trouve que son nom convient finalement très bien à la situation.
Envoyer des lettres du Chili, ce serait comme jeter une bouteille à la mer: le temps que vous receviez la météo de mon humeur, j'aurais déjà sombré, et pas sûre que vos boîtes aux lettres reçoivent un jour les miennes.
Donc,je vais essayer, (oh les bonnes résolutions de l'année), de tenir un petit blog de nouvelles du Chili.

Pleins de bisous à tous, vous me manquez déjà.