vendredi 23 mai 2014

Sims city

Bonjour tout le monde!

C'est étrange, car si j'ai été à la mythique Buenos Aires il y a un mois, je décide finalement d'écrire à propos de Viña del Mar, une ville portuaire collée à Valparaíso, à deux heures et demie de Santiago. Cette ville m'a fait beaucoup penser. Nous y sommes allés avec Pato dimanche dernier, pour profiter de passer une journée à la mer. 

Si les immeubles sont bien plus hauts et l'architecture quelques peu différente, la ville m'a tout de même fait penser fortement aux villes côtières françaises comme Royan. J'ai du mal à expliquer pourquoi, mais certainement pour ce côté un peu artificiel des villes de bord de mer qui ont souffert en France du bombardement, ou de l'afflux du tourisme ou de quelconque autre raison qui semble avoir altéré le développement historique de la ville. à Viña, tout est en apparence beau et propre, mais surtout organisé. Une rue contient tous les restaurants, auxquels se dirigent en masse les familles se réunissant le dimanche. Les petits vieux qui vivent là et les familles qui y viennent pour le weekend se promènent dans la rue, choisissent entre le restaurant mexicain, de poisson, péruvien, traditionnel, italien, japonais, self-service, puis vont prendre une glace ou un café à Starbucks. 

Plus tard, direction la plage, longée par une passerelle en bois surélevée. Des artistes de constructions en sable s'affairent à créer des châteaux, des tortues, Bart Simpson ou bien un dinosaure géant, mais je trouve finalement beaucoup plus beaux les pâtés d'un gamin de six ans au bord de l'eau. 

La plage n'est pas très propre, surtout à cause du nombre de mégots qui traînent. Mais la lumière est superbe, surtout au coucher du soleil. 

Le gigantesque casino s'illumine à peine la nuit tombée, et l'on peut voir les machines à sous à travers les baies vitrées donnant sur la plage. On dirait une mauvaise copie d'un casino de Las Vegas, trop grand, trop gros, trop moche. 

En marchant dans les allées des parcs bien ordonnés, on note toutefois la saleté de l'eau de la rivière qui rejoint là l'Océan. 

Cette propreté artificielle, cette organisation sans vie, cette ville trop facile et sans surprise m'a terriblement fait penser aux Sims. Comme une forme de vie créée en fonction des besoins: manger, jouer, se promener. Tout est simplifié et accessible, et cela fait un peu peur. Même si l'on passe un excellent moment à manger des cannellonis au restaurant italien que l'on a choisi, que le café à Starbucks réchauffait bien, et que l'on envie un peu les familles en voiture qui ne doivent pas attendre le bus pour rentrer. 

Pourtant, le meilleur moment restera le coucher de soleil et nos heures à refaire le monde allongés dans la nuit et le sable. Sims city n'aura pas réussi à me convaincre, la mer et le sable si. 

Des bisous!

Les débats à sens unique

Bonjour,

Juste un petit mot pour diffuser un phénomène chilien. Dans mon cours de Conflicto Armado y la política del trabajo humanitario, le professeur nous incite souvent au débat. Celui-ci n'est généralement pas très passionnant car les étudiants chiliens ont tendance à ne pas vouloir réellement débattre de leurs idées. Un peu comme moi qui suis têtue, mais pas dans ce domaine, si le professeur questionne leurs raisonnements ou propositions, ils ont une méthode brillante pour simuler une réponse qui n'a généralement strictement rien à voir avec la question. Soit ils sont relativement politisés et leur argument reste teinté de cet avis politique qu'ils revendiquent fièrement, soit ils sont simplement convaincus suffisamment de leur position pour se sentir apte à couper le professeur. 

C'est un peu dommage, car ce n'est certainement pas ainsi que l'on apprend et progresse... Bon je dois dire que je dis les chiliens, mais d'autres étudiants en confiance avaient la même tendance à Sciences Po. Il me semble toutefois que la plupart essayaient tout de même de rebondir sur l'argument précédent plutôt que de juste continuer son raisonnement précédent ou le répéter durant dix minutes à chaque intervention.

Bisous!

Un petit tour au commissariat

Bonjour tout le monde,

Il y a quelques semaines, mon ami Jonathan s'était fait voler son portefeuille. En chemin pour déjeuner chez lui, nous nous sommes donc arrêtés à la Comisaria de Lo Prado déposer plainte, afin qu'il puisse demander de nouveaux documents. À peine engagés dans l'allée devant l'édifice, nous passons le gendarme de garde, que nous saluons avec un grand sourire. Celui-ci, sur un ton extrêmement suspicieux et agressif, nous demande alors ce que nous venons faire. Tandis que Jonathan expliquait la situation, je pensais que son attitude risquait de décourager pas mal de plaignants... Pratique pour faire baisser les statistiques!

L'intérieur est surprenant: gris, sombre et aseptisé, on se croirait au poste frontalier secret d'un aéroport glauque. Rien ne rend l'environnement agréable, et les seules images sur le mur sont les photos officielles de Bachelet et du chef du commissariat. Nous nous asseyons pour attendre notre tour, sur des sièges froids tout près des bureaux ouverts où d'autres personnes s'expliquent avec les gendarmes. 

Comme d'habitude, l'extrême organisation n'est qu'apparente. Les gendarmes s'appellent les uns les autres pour se demander comment résoudre tel ou tel cas, où sont rangés les papiers, comment s'écrit cela, ou comment fonctionne les vétustes ordinateurs. 

Pour rajouter un peu au comique, tous les gendarmes, même assis tranquillement derrière leur bureau, sont vêtus d'un gilet pare-balles, et portent une arme à feu plus une matraque. Ils ont tous l'air ridiculement gros avec leur équipement tassé et qui remonte sur leur menton a cause de leur position assise. L'excès de couleur kaki et d'armes n'inspire aucune confiance. 

Bizarrement, et comme je l'avais déjà signalé une fois, les femmes gendarmes sont sur-maquillées. Telles des actrices de théâtre, leurs lèvres sont peintes de roses flashy et leurs pommettes couvertes de blush vif font échos aux yeux maquillés au style hôtesse de l'air. L'idée est de transmettre que l'on est gendarme et féminine, puisque la femme au Chili se doit de l'être constamment!

L'image de la gendarmerie est essentielle et produit d'un grand travail, puisqu'elle devait renouer avec la population après la fin de la dictature. Pourtant, c'est au final la continuation de la militarisation du Chili qui a lieu. Je parle de militarisation au sens propre, c'est-à-dire de l'éclaboussement de la société civile par des valeurs issues de la sphère militaire: organisation, uniforme, hymne... À la vue de dessins d'enfants dans un coin de la salle, Jonathan m'a informée de l'existence d'une Journée des gendarmes, durant laquelle sont menées des interventions dans les écoles. Les enfants y apprennent et chantent l'hymne des gendarmes. Celui-ci n'est pas le seul que les enfants doivent savoir et chanter, puisque tous les lundi ils chantent l'hymne national et celui de leur collège. À titre de comparaison, je pense avoir chanté La Marseillaise deux voire trois fois maximum dans ma vie. Et encore, je n'ai aucun souvenir de la troisième. 

Tandis que je faisais part à Jonathan de ce raisonnement sur la militarisation du Chili, et l'exagération de ce commissariat, un gendarme pilote de moto est entré dans la salle. Il s'est dirigé droit vers nous, et la seule chose que je voyais de son corps, couvert d'une veste en cuir protectrice en plus du gilet pare-balles et de la veste, étaient ses yeux à travers son casque blanc gigantesque. Je vous assure que nous avons tous deux retenus notre respiration, jusqu'à ce qu'il disparaisse dans la zone plus obscure et fermée du commissariat. La porte menait au seul bureau fermé et à une cellule. J'ai ensuite été prise d'un fou rire, tant la situation me semblait ridicule. 

Au final, nous n'avons même pas déposé sa plainte, car une gendarme nous a indiqué qu'il était plus rapide de faire une simple déclaration de perte au registro civil. 

Voilà pour une petite aventure de plus,

Des bisous

dimanche 4 mai 2014

Invasion!!! "Concha su madreeee"

Rat dans la maisooooon !!!
Beeeerk 
J'ai du bouger les meubles car ils avaient trop peurs ces idiots, j'ai trouve un mort (derriere le meuble de la cuisine que j'ai bougé) et le vivant (derrière une planche) et au moment qu'il sorte grace a mon super système de tables renversées pour guider vers la sortie, mes soldats se sont plantés et il s'est caché dans les affaires sous l'escalier. 
Nous avons donc fait appel à un spécialiste et ses chiens, qui ont réussi à trouver l'invaseur et le tuer.
Drame, je culpabilise depuis et je suis la seule... 
Du coup après nous avons tout lavé au chlore jusque 4h du matin, j'avais l'impression d'être à la piscine. 
Mais surtout, nous avons jeté toute la nourriture, ce qui comprenait le crumble de poires au miel que j'avais préparé car il était sur le meuble. Je me suis énervée car ils ont voulu jeter tout ce qui était dans les placards fermés... Quel gâchis! 
Au moins la chef de l'appart a compris qu'il fallait pas laisser tant d'affaires partout, elle est pire que moi dans le genre conservation de reliques.
Les aventures... Pato n'est pas contente que je raconte car il dit qu'on va croire que c'est le tiers-monde. 
Bonne nuit! 
(Je vous dois un article sur buenos aires)

jeudi 17 avril 2014

Bizzareries du Chili

Même le courrier est américanisé!

Oh un vélo volant! Nouveau sport dans le parc: il faut monter à un arbre, pendre sob vélo, et se balancer avec. 

Voici une pièce de dix pesos bien intéressante. Liberté, les seins à l'air etc, c'est inspirant. Sauf que cette pièce est celle qui a été crée après le coup d'état, pour symboliser la récente liberté obtenue... Contre le marxisme! Ne pas se fier aux apparence et aux symboles que nois connaissons! (Et merci à Jonathan pour l'explication).

La mode au Chili

Petit article spécial Chloé, qui ne lit sûrement pas le blog, mais vous lui raconterez!

Mardi et mercredi soir, j'étais invitée à un évènement de la mode Chilienne, le Santiago Día de Moda. À peine le temps de me changer en rentrant des cours, et me voilà partie avec mes colocataires, direction l'Hôtel Sheraton. La mode n'en est en effet pas encore au hipster ou recherche de lieux surprenants. 

L'Hôtel n'est pas très accessible sans voiture. Il se trouve sur la rive Nord du Mapocho, au pied du Cerro San Cristobal. De ce fait, pour y parvenir il faut traverser une grande avenue, puis le fleuve, puis trois voies rapides. Sûrement pour décourager les pauvres peones sans voiture. 

Nous arrivons un peu en retard, mais entrons pleines d'assurances dans l'hôtel, suivant un groupe de jeunes habillés bizarrement, leurs invitations à la main. Nous traversons le hall, où des tas d'employés s'affairent à accueillir, organiser du courrier, ranger et servir. Puis nous passons au bord de la piscine qui en soirée devient une fontaine, et du bar extérieur. Un peu plus loin, une grande tente blanche a été installée, et nous y entrons juste à temps pour le défilé de l'un de nos amis.


Sa collection fut la meilleure de toutes celles qui se présenteront ce soir là. Il faut dire qu'elle avait un esprit d'ensemble, une identité autour du Mexique colonial, confrontant des laines colorées à des tenues plus sobres, avec de hautes et longues jupes. Mais l'on remarque rapidement quelque chose; les mannequins ont toutes l'air russes, elles sont blondes avec des pommettes hautes et bien marquées, leurs yeux sont clairs. Entre les mannequins et le public, que je commence alors à observer, il est impossible de dire que nous sommes au Chili. Les têtes blondes se multiplient, les talons aiguilles, les robes ajustées, les corps minces comme l'on n'en voit pas tant dans la rue. 



Les défilés suivant ne sont pas très beaux. Les motifs, style animal print, me semblent vulgaires, tout comme les associations legging et ceinture haute métallisée. Même la marque de sport qui défile, proposant des leggings intéressants, les associe à d'affreux teeshirts qui me rappellent les marques pour pré-ado en France: "Love" "I am a princess" peut-on lire comme imprimés. 

Une marque de lingerie joue dans le plus sobre, avec des couleurs moins criardes et plus élégantes, mais le reste est à l'opulence, au blingbling, et comme souvent au Chili, au démonstratif. Le beau est le riche et le riche est le beau, le brillant est donc beau. 


De plus, des détails sautent aux yeux. Je ne pense qu'à Chloé et aux défilés de la Cambre où le moindre détail comptait. Cette fois, j'aperçois les étiquettes encore collées sous les stilettos. Ou bien l'étiquette d'une culotte transparente lorsque la mannequin fait demi-tour. Une personnalité de la mode (apparemment) se fait interviewé avec une tâche sur sa robe. Il manque la petite touche qui rend le tout exceptionnel. 

Qu'il ne soit pas dit ou pensé que je suis snob, il y avait également de belles choses faites avec attention. Et j'accorde beaucoup de valeur à ce que le Chili ne suive pas sans cesse la voie des autres. Mais il ne faut pas pour autant basculer dans un relativisme complet, chacun ses goûts, et je ne suis pas prête à porter un débardeur léopard!

D'un point de vue vestimentaire, je trouve souvent un détail qui fâche dans la tenue des spectateurs. La robe est belle, la coiffure aussi, mais pourquoi ce sac à main rose fluo? Je ne me prétends pas spécialiste de la mode, j'aime surtout lorsque quelqu'un crée et revendique son propre style. Justement, je trouve finalement encore pire que les clones en jean slim ballerine frange sur le nez, ces jolies jeunes chiliennes qui portent ensemble tout ce qu'on leur a dit qui était le hit de la saison. Et tant pis si ça ne va pas ensemble. 

Si en Europe les évènements un peu "haute-société" me marquent déjà, ici j'en étais presque dégoûtée. La déconnexion est trop grande, entre ce nouveau monde on l'on vous propose du prosecco ou du mousseux, où l'on répond "ha du champagne, j'adore", et le Chili de la majorité. Il faut dire que ce jour-là, j'avais eu examen de mon cours Introduction aux études de la pauvreté, donc j'avais passé la journée à lire sur ce thème. 

L'apothéose de toute cela, c'est le présentateur. Vous l'aurez compris avec la représentation de danse l'autre jour, que tout show s'accompagne d'un présentateur. Vous voyez celui du Little Miss Sunshine? Avec un grand sourire et une tête figée par l'habitude, sans besoin de chirurgie. Il entre juste quelques instants sur la scène, annonce que nous allons voir des défilés (surprise!) et ressort avec le même sourire tandis que tout le monde applaudit. Forcément, puisqu'il est de la télévision et de sa farandula (comprenez le groupe de stars inutiles qui passe dans les shows télés, les people en gros).

J'ai tout de même bien rigolé, lorsque une demoiselle en robe plus petite que son corps est venue m'interviewé avec son cameraman. Je m'attendais, un peu paniquée, à une question sur le défilé. Lorsque la phrase a commencé par "En hiver..." j'étais désespérée, anticipant la question sur l'accessoire à avoir pour la saison. La suite était pour le moins déconcertante: "... tu préfères dormir collée à ton petit ami, ou faire l'amour?". J'ai mis une seconde à réagir. Crier au scandale ou jouer le jeu? Je me suis amusée à lui répondre, en parlant avec la voix la plus idiote au monde, en secouant les mains et traînant sur les syllabes, rigolant comme une cruche. "Faire l'amouuur, en Belgique il fait tout le temps froid, il faut bien s'occuper!" Elle a adoré, l'assistante était morte de rire, et j'ai ensuite réalisé que si cette vidéo sortait un jour, ma carrière était fichue. 

Mes belles colocataires italiennes!


Des tas de bisous, le prochain article sera sur l'université, dont je ne vous ai pas parlé depuis longtemps. 




Les nouvelles européennes parviennent au Chili

Discours à écouter:

https://www.youtube.com/watch?v=pQy3ZJ77kr8#t=325

Le discours de Daniel Cohn-Bendit. C'est essentiel, ESSENTIEL, cela nous concerne tous, c'est notre identité, c'est notre histoire, c'est notre futur. "Sinon, c'était pas la peine de construire l'Europe." Cela passe par vous aussi. 

Plus tard des articles sur la mode, l'université, la grossesse adolescente...

Bisous à tous

lundi 14 avril 2014

La cueca

J'avais pensé un petit article sur la cueca, la danse nationale, depuis longtemps, et pensait l'avoir fait, mais je crois que je l'ai beaucoup imaginé et pas vraiment écrit. 

Il y a bien un mois ou deux, après avoir participé à un dîner d'anniversaire de mon ex colocataire Hortense, nous étions entrés dans un bar un peu caché du Barrio Brasil. À peine poussée la porte, le "clapclap clapclap clapclap" de la cueca se fait entendre; effectivement le jeudi soir, c'est soirée cueca dans ce bar. 

Nous dénotons un peu du reste du public, très chilien, surtout à cause de la petite tête blonde d'Hortense. Nous buvons nos bières tout en admirant les danseurs. Je n'avais vu de la cueca qu'aux Fiestas Patrias, en septembre, et cela ne ressemblait pas vraiment à ce que j'avais sous les yeux. Si la danse m'avait parue très folkloriques au sens de figée, jouée, mimée plus que vécue, elle prenait tout à coup tout son sens.

Le rythme de la cueca est très simple et particulier, "paPA paPA paPA paPA". Le public marque le temps en tapant dans les mains. Les danseurs, femmes et hommes, tiennent dans leur main un mouchoir, qui peuvent être simples ou très beaux, voire anciens. Les couples ne se touchent pratiquement pas, mais ils s'effleurent constamment. Tandis que les pieds frappent le sol, les femmes ondulent autour des hommes, et tout se joue dans le regard ardent de chaque danseur.

J'étais très surprise, car pour les dernières mesures de chaque chanson, les danseurs se mettent tous à marquer les temps en tapant le sol très fort avec leurs pieds; mais comment savaient-ils à chaque fois quand venait la fin de la chanson? C'est que tout est extrêmement calculé: un certain nombre de mouvements, un certaine nombre d'échange de place, il n'y a pas de surprise. Il faut donc écouter le chant! Car c'est lui qui dirige toute la danse et donne les repères nécessaires!



Allez, un petit cours?

Les styles sont toutefois très différents. Les plus jeunes ajoutent plus de gestuelle personnelle, se lancent dans du freestyle tout en respectant les codes de base. Certains bougent plus ou moins le haut du corps. 

Les musiciens, qui jouaient en live, étaient aussi intéressants à regarder. La voix caverneuse et puissante des chanteurs, les doigts qui courent sur le piano, le regard grave. Je me suis laissée transporter par ce rythme pourtant si répétitif, même si je n'ai pas osé danser, refusant dix fois l'invitation d'un pauvre garçon. 

J'ai beaucoup pensé à ce moment car il m'a révélé le lien entre une danse nationale et sa nation. On retrouve le Chili dans la cueca. Ce côté moins extraverti peut-être, ou extravagant, que l'on pourrait trouver chez les brésiliens qui exagèrent tellement le contact physique à tout moment du quotidien. Mais finalement cette idée moins superficielle, plus profonde de la sensualité du regard. L'idée d'une femme forte, qui frôle et virevolte mais n'accorde rien. Ce n'est pas évident à expliquer, mais je dirais à quiconque ose encore me dire que les chiliens sont les "froids" d'Amérique du Sud que s'ils ne le comprennent pas, c'est qu'ils n'ont rien compris. 


https://www.youtube.com/watch?v=GObepKzsXxc

Ouvrez ce lien, pour voir la "Cueca Sola", qui se développa durant la dictature comme forme de dénonciation des disparitions. Cette représentation se fit dans le Stade National (construit sous Pinochet) après l'élection de Alwyn. 



Avez-vous déjà vu...

Une danseuse de ballet sautiller sur une musique hip-hop?

Hier soir, une amie danseuse de Pato nous avait invités à la soirée de lancement du programme mis en place pour la Journée Internationale de la Danse, le 29 avril.
La représentation avait lieu au sublime théâtre municipal de Santiago, réplique parfaite des théâtres classiques européens. Tissus et rideaux rouges, balcons crème et doré...


Nous montons au troisième étage, où un jeune homme en costume nous mène jusqu'à nos places. Pato, qui n'était jamais venu à ce théâtre unique en son genre à Santiago, paraissait un tout petit peu perdu. Il a surtout été très déçu en se rendant compte que de là où nous étions assis, l'on ne voyait absolument rien. Ou juste la moitié de la scène, le fameux côté cour. S'en est suivi une discussion sur la composition du th´âtre, le "être vu" surpassant le "voir ce que je suis venu voir". J'ai tenté de traduire le mot "poulailler" mais je cherche encore la traduction, "mais si, tu vois, la maison des poules?".




Tout en bas, j'ai vu un vieil homme très élégant prendre place. Avançant avec sa canne, et saluant tous les placeurs, il se levait à chaque fois qu'une dame venait le saluer. Je l'ai fait remarquer à Pato, qui n'a pas trop compris pourquoi ce personnage m'intriguait. Il s'est avéré qu'il était une figure émerite de la danse chilienne, puisqu'il a reçu un prix de reconnaissance pour sa carrière lors de la cérémonie: j'ai l'oeil! (mais pas la mémoire, je tente de me souvenir de son nom...).
Avec quelques minutes de retard, nous laissant le temps de discrètement changer de places pour finalement voir parfaitement la scène, un acteur présentateur a enfin foulé la scène. Très drôle, il a réussi à sauver l'ambiance et nous faire rire malgré le discours soporifique et plat de la ministre de la culture, avant de laisser place au spectacle.
La représentation fut géniale. En seulement sept répétitions, trente-deux danseurs de toutes disciplines avaient monté ce spectacle. Le but était de promouvoir les différents types de danse présents au Chili, mais surtout de les mélanger, afin de célébrer la danse comme art aux visages variés.



Les premières scènes furent celles d'une fête, puis d'un hilarant cours de danse classique. Chaque danseur exécutait les exercices à sa manière, avec son propre style.


La mise en scène était par la suite bien pensée. Durant toute une partie, les danseurs passaient sur la scène comme s'ils marchaient dans la rue, jusqu'à ce que l'un d'eux se détache et commence son solo.


À un autre moment, tous étaient sur scène, en demi-cercle, ce qui donnait l'impression au public de former l'autre partie du cercle. Ce fut une véritable fête, tout le public applaudissant au rythme des danseurs qui enchaînaient les solos ou "battles", confrontations en duo.
Nous avons pu voir du pole dance, des hommes et un transgenre en stilettos, de la danse africaine, de la salsa, du ballet, du hiphop, du contemporain, de la cueca, un style improbable que je nommerais dans mon ignorance le "contraction bizarre de chaque muscle" (le shaking-muscle style, ça donne bien aussi!). Des "ho! ha!" s'entendent dans le public, des rires pour le jeu d'acteurs de ces artistes comblés au vu de leur sourire.
Le tout était appuyé par la musique d'un excellent DJ, qui mixait en live tous les styles de musiques imaginables. Nous avons entendu des classiques du pop et du rock, mais aussi du rap, du jazz, du inclassable. Et les danseurs évoluaient avec brio sur chacun des rythmes. Un merveilleux moment fut celui où un violoncelliste vint jouer un morceau très connu du répertoire classique, tandis que trois danseurs de hip hops enchaînaient les saltos.
La salle n'arrêtait pas d'applaudir à la fin de la représentation, emportée par cette véritable fête de la danse.

Malheureusement, notre inspiration a été coupé nette par un nouveau discours ennuyant, lu et sans âme d'une représentante du Conseil National de la Culture. Puis des vidéos biographiques ont précédé la remise de prix, ainsi que de nombreux bouquets de fleurs que les médaillés ne pouvaient pas porter, à deux figures de la danse et de sa gestion au Chili.
Dans le hall principal, un cocktail était organisé. Nous avons siroté nos "vodka sour" en attendant les artistes, qui ne sont pas sortis avant que nous partions. En sortant, j'ai entendu derrière nous deux françaises dire à propos de Pato et moi que décidément, ce soir, il n'y avait que des danseurs! Si elles savaient comme je danse bien...

Des bisous!

vendredi 11 avril 2014

Hymne national

Pendant les Juegos, j'ai beaucoup entendu l'hymne chilien, avant chaque match ou durant les remises de médailles. J'ai resisté à aller chercher les paroles sur internet pour essayer de les comprendre, ce qui est bien plus dur vu l'accent "chanté". 
Petit à petit, je me suis rendue compte que ces paroles étaient tellement jolies qu'elles me semblaient niaises. Le Chili y est une copie heureuse de l'Eden, le ciel est bleu, le futur splendide... Mais pourquoi pas finalement?
Parce que moi, j'ai été habituée à des hymnes que je n'ai jamais été fière de chanter. Des hymnes, que ce soit l'italien mais surtout le français, qui n'ont jamais construit ou reproduit mon identité. Pourquoi en 2014 chanter un hymne aux paroles violentes, sanglantes, guerrières telles que celles de l'hymne français?
Le patrimoine français doit-il encore traîner ce boulet qu'est cet hymne? Lorsqu'on institutionnalise une chanson, une danse, un évènement, un lieu, comme patrimoine, nous le figeons éternellement. Il devient une essence de notre identité. Je crois pourtant que la France mérite de bousculer les codes, et de fouiller son répertoire. L'histoire est un mouvement, et peut-être qu'un jour je me sentirais plus française si je n'entendais pas à chaque match de foot une ode à la défense du territoire, à la guerre comme réponse aux menaces.
En ce sens, je me sens beaucoup plus touchée, émue et animée par l'hymne bisounours chilien qu'à cette liste de vocabulaire dépassé auquel personne ne s'associe. Faisons un sondage, qui à part pépé, peut me dire ce que signifie le vers: "Mais ces complices de Bouillé" et ce, sans l'aide de Google? 
Peut-être faudrait-il au moins le chanter jusqu'aux derniers couplets, que nous avons du tous oublier ou ignorer: "Nos vils ennemis tomberont, / Alors les français cesseront / De chanter ce refrain terrible". 


L'hymne chilien (je mets le reste de la traduction plus tard)


Puro Chile es tu cielo azulado, Chili, pur est ton ciel bleu
Puras brisas te cruzan también, Pures sont les brises qui te croisent aussi
Y tu campo de flores bordado, Et ton champ de fleur 
Es la copia feliz del Edén. Est la copie heureuse de l'Eden

Majestuosa es la blanca montaña, 
Que te dió por baluarte el Señor, 
Que te dió por baluarte el Señor. 

Y ese mar que tranquilo te baña, 
Te promete un futuro esplendor. 
Y ese mar que tranquilo te baña, 
Te promete un futuro esplendor. 

Dulce Patria, recibe los votos 
Con que Chile en tus aras juró 
Que o la tumba serás de los libres, 
O el asilo contra la opresión. 

Que o la tumba serás de los libres, 
O el asilo contra la opresión. 
O el asilo contra la opresión. 

Que o la tumba serás de los libres, 
O el asilo contra la opresión. 
O el asilo contra la opresión. 







L'hymne français:
La Marseillaise
Premier couplet
Allons enfants de la Patrie,
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie,
L'étendard sanglant est levé, (bis)
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras
Égorger vos fils, vos compagnes !
Refrain :
Aux armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
Couplet 2
Que veut cette horde d'esclaves,
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
Français, pour nous, ah ! quel outrage !
Quels transports il doit exciter !
C'est nous qu'on ose méditer
De rendre à l'antique esclavage !
Refrain
Couplet 3
Quoi ! des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)
Grand Dieu ! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées !
Refrain
Couplet 4
Tremblez, tyrans et vous perfides
L'opprobre de tous les partis,
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)
Tout est soldat pour vous combattre,
S'ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre !
Refrain
Couplet 5
Français, en guerriers magnanimes,
Portez ou retenez vos coups !
Épargnez ces tristes victimes,
À regret s'armant contre nous. (bis)
Mais ces despotes sanguinaires,
Mais ces complices de Bouillé,
Tous ces tigres qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère !
Refrain
Couplet 6
Amour sacré de la Patrie,
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (bis)
Sous nos drapeaux que la victoire
Accoure à tes mâles accents,
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !
Refrain
Couplet 7
(dit couplet des enfants)
Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n'y seront plus,
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus (bis)
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil,
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre

(couplet pour les enfants 2e)

Enfants, que l'Honneur, la Patrie
Fassent l'objet de tous nos vœux !
Ayons toujours l'âme nourrie
Des feux qu'ils inspirent tous deux. (Bis)
Soyons unis ! Tout est possible ;
Nos vils ennemis tomberont,
Alors les Français cesseront
De chanter ce refrain terrible :
Refrain



Les rêves de princesses

Maman le sait, j'ai toujours aimé les mariages. Je n'ai jamais été à un mariage chilien mais c'est comme ci avec Pato qui est photographe à des tas de mariages, et mon ami Jonathan invité récemment à celui d'un ami.

Quelles différences?

Tout d'abord, avis aux romantiques, vous pouvez vous marier n'importe où! C'est au juge de se déplacer. Ferme familiale, montagne, coucher du soleil, tout est possible! Un point pour le Chili.

Les chiliens étant relativement conservateurs, le mariage est encore souvent synonyme de fête démesurée avec des centaines d'invités. Bien évidemment ça varie selon les revenus des futurs époux, et de la famille, mais plus encore que chez nous, l'évènement est démonstratif. Cela devient parfois kitsch, et surtout impersonnel, car la décoration, les activités ou même le repas sont identiques ou en tout cas similaires dans beaucoup de mariages. Cela encourage le développement de nombreuses agences organisatrice, services de catering, styliste spécialisés en robes de mariées, photographes de mariages et association sélective de ceux-ci. Il y a tout de même parfois quelques bugs, lorsque ressurgissent les envies et goûts enfouis par le qu'en dira-t-on. Pato a donc eu le droit a des completos (hot dog) peu de temps après le dessert, et un cochon grillé à deux heures matins. Point pour... heu... disons la France.

La robe de mariée est plutôt une robe de toutes les femmes du mariage. Mon voisin est styliste et reçoit souvent des commandes de robes de mariées. Il me racontait comme dans la majorité des cas la mariée est accompagnée de toutes ses amies, sa mère et parfois d'autres tantes ou cousines pour les essayages. Les commentaires fusent, et sont directs, car par question de ne pas être belle le jour J: "ha non c'est moche" "tu as l'air grosse" "la taille ça va si tu ne manges plus jusqu'au mariage". Il a eu des demoiselles qui se sont mises à pleurer en se sentant boudinées dans la robe, alors qu'elles étaient certainement resplendissantes. Autre point, les robes de mariées ont souvent un détail qui gâche tout. Les boutons dorés qui ne vont avec rien, la broderie qui n'a rien à voir, ou alors le détail voulu sexy style fente pour la jambe mais qui gâche toute la coupe. Ne soyons pas généralistes, j'ai tout de même vu la dernière robe créée par mon ami, qui est un genre de combi-short très moderne et beau! Un point pour celles qui ont bon goût et confiance en elles, où que ce soit.

Avec l'ouverture relativement récente du pays, et l'arrivée massive d'étrangers, il y a de plus en plus de mariages internationaux. Cela crée parfois des situations bizarres; la famille américaine ne peut pas communiquer avec son homologue chilienne, les brésiliens se ruent pour danser tandis que l'autre côté est un peu plus timide et autre moments de décalages sympathiques. Petit défi à relever, mais point pour le Chili et son internationalisation.

Lors du dîner, traditionnellement, le nouveau couple d'époux dîne seul, sur une toute petite table éloignée des autres. Bon, ils vont passer une vie ensemble, et ils ont organisé une fête, ils pourraient peut-être en profiter non? Surtout que pendant ce temps-là, tout le monde les photographie à distance, style bêtes de foire. Point pour la France et sa table d'honneur qui donne lieu à mille débats.

N'importe qui peut venir avec un accompagnateur. Ainsi Pato a accompagné une amie au mariage de parfaits inconnus. Pas besoin d'être en couple, ni d'être de la famille, c'est généralement prévu que vous puissiez vous ramener avec n'importe lequel de vos amis. Ou même la fille avec laquelle vous avez terminé la soirée deux semaines auparavant. Cela crée un moment encore plus impersonnel, selon moi, donc point en moins pour le Chili.

Au niveau de l'organisation, Jonathan m'expliquait comment se sauvaient les gros mariages. Tout le monde est invité à la cérémonie, ainsi qu'à la soirée. Entre les deux, les jeunes et les moins proches ne sont parfois pas conviés au dîner. En attendant la soirée, beaucoup se retrouvent dans une maison pour un barbecue et commencer à boire. C'est pas mal, car cela vous permet d'avoir tout le monde à la soirée sans que le dîner devienne la grande peur de l'organisation, un point pour le pragmatisme chilien.

Chili: 2 points
France: 1
Les filles qui ont confiance en elles: 1

Je vous annonce donc le mariage au Chili de Anaïs et Pato.



Hihihi, je rigole. C'était la chute.

Bisous

Les chocolats de pâques

Certains d'entre vous le savent, je n'aime pas le chocolat. Mais du coup, j'adore en offrir. Je n'ai donc pas pu attendre, et des que j'ai vu les oeufs de pâques au supermarché, l'idée d'en cacher dans les chambres de mes colocataires m'est venue.... On ne grandit pas, er ça fait des heureux!

Hihi.
Bisous

Et toujours la cuisine!

Pato découvre les bières belges après une session escalade.
On voit lequel est végétarien...
Quiche de l'été pomme verte, carotte et chèvre. Salade croquante aux noix et maní, vinaigrette jus d'orange pressée, infusé au thé, citron, une goutte d'huile. 
Falafels, frites piquantes au four, tzatziki et pain pita.

Gâteau d'anniversaire de Sara, 34 ans, chocolat fondant, ma toute dernière mise au point.... 


Session skype

Je serais sur skype demain matin ici, donc entre (environ, horaire chilien quoi) 14h et 17h pour vous! ;) 

La boulangerie mutante

Bonsoir tout le monde,

Mardi après-midi, j'ai retrouvé mon ancien colocataire Hugo, pour un café là où ce cher monsieur a ses habitudes, le café Mosqueto. Je reste fidèle au capuccino, sans oublier d'insister sur la mousse de lait, sous peine de vous retrouver avec de la chantilly. On discute des progrès fulgurants de sa carrière de DJ provisoire en attendant la "security clearance" pour son stage a l'ambassade britannique. Il est maintenant DJ résident du club Naveluna, auquel j'allais beaucoup le semestre passé. Les soirées du jeudi comportent maintenant musique et visuels (comprenez projections ou autre jeux de lumières), et l'évènement se nomme "Dive In". À Noter, je suis la splendide auteure de ce nom. (Naveluna = bateau lune, qui plus est au sous-sous, qui plus est la soirée a comme concept l'immersion dans l'art, qui plus est mon copain travaille dans la communication: vous avez compris le génie?).

Nous retrouvons ensuite Laetitia, qui a récemment emménagé avec son copain du Salvador, rencontré durant son stage à l'ONG Techo. Laeti voulait nous faire découvrir une nouvelle boulangerie française. Nous y avons dégusté des pains au chocolat et acheté des baguettes, qui manquaient un peu de croustillant mais était tout de même délicieuses. La vendeuse, qui nous a dit être au Chili depuis trois ans, parlait encore avec un accent terrible, et cherchait ses mots en espagnol. Arrivée pour des vacances, elle n'est jamais repartie. Ses pâtisseries sont livrées depuis une boulangerie de la fameuse rue des quatorze pâtisseries françaises à Vitacura, quartier chic de Santiago. La boutique sert également de galerie d'art, qui devrait exposer des photos et peintures, mais débutait avec d'étranges peintures sur carton bariolées. La vendeuse nous a invité, Laeti et moi, à ses soirées féministes intimes, dont la prochaine séance sera dédiée à un cours d'auto-défense. Je ne suis pas certaine du rapport avec le féminisme, mais il paraît qu'il y aura aussi des sessions de débats, cela pourrait être intéressant. Hugo a réussi à placer sa carte de visite de DJ pour animer les soirées privées qui seront également organisées, Laeti a vendre mes cupcakes pour la soirée féministes, et nous sommes repartis tout contents de notre découverte. Il faut dire qu'une boulangerie-boîte-galerie-local féministe, ça ne court pas les rues. 



Nous avons ensuite filer vers le Bellas Artes, pour visiter l'exposition de photographies de Sergio Larrain. Pour ceux qui ne connaissent pas son travail, je vous conseille de chercher sur Google. Sa série de photos d'enfants abandonnés vivant seuls dans les rues de Santiago et plus particulièrement les rives du Mapocho sont excellentes. J'ai beaucoup aimé car ses photographies sont de simples instants, capturés avec des perspectives et angles qui permettent au spectateur de s'inventer toute une histoire. Il y avait également des photos d'Italie, d'un bar excentrique à Valparaíso, de Paris et de Londres.



À part ça, nous avons fait pas mal de soirées à la maison: pour l'anniversaire de la nouvelle colocataire italienne Sara (la soeur de Giulia), pour les un ans de Giulia au Chili, et notamment sans raisons. Ce sont des bons moments, durant lesquels je baigne dans un monde dans lequel mes études détonnent un peu. Stylistes, photographes, cinéastes, publicistes, le bouillonnement est intéressant. Nous avons aussi une assistante sociale qui travaille avec des enfants handicapés, des actrices, un créateur de bijoux... LA grande majorité des hommes sont homosexuels, ce qui ravit Pato, car il trouve qu'ils sont bien plus intéressants et naturels. Je le suspecte aussi d'être moins jaloux, ha ce latino tout de même...

Les italiennes! 
La famille! 
Cinthya! 
Laeti!
On ne fait pas que manger, on danse aussi! 

Je passe beaucoup de temps avec un ami chilien, Jonathan, que j'ai rencontré il y a deux semaines dans mon cours d'études de la pauvreté. Nous nous sommes rapproché car nous étions assis à côté et nous sommes rendus compte que nous étions tous deux d'accord sur la nullité de la prof et de ses propos. Maintenant, il m'emmène me promener dans tous les endroits de Santiago que je ne connais pas encore. Passionné et étudiant d'urbanisme (comme spécialité de géographie ici), il me raconte l'histoire des rues, des immeubles et des universités. J'en apprends chaque fois plus sur le Chili, ses systèmes de bourse, le quotidien... Il donne également des cours d'introduction aux inégalités dans deux collèges des quartiers riches, dans lesquels je vais intervenir la semaine prochaine. Au gré de nos promenades, nous sommes tombés par hasard sur une merveilleuse librairie de livres rares et anciens. Le vendeur s'est trouvé être un ancien professeur de Jonathan, un homme qui s'est avéré être exceptionnel. Professeur d'histoire ayant étudié le droit, reconverti en libraire, il nous parlé de la vie et de son nouveau métier. Sa mémoire incroyable lui a permis de retrouver un livre de 1938 que cherchait une lectrice qui ne se souvenait que d'une citation. Il faut dire que sa mémoire est telle qu'il peut citer chaque gagnant de chaque catégorie des Oscars, année après année. À une dame qui venait acheter un livre pour se mettre enfin à la lecture et était venue lui demander conseil, il a dit qu'elle devait s'acheter d'abord une petite étagère, et l'installer dans un bel endroit chez elle. Elle est revenue avec la photo de l'étagère vide installée dans son salon, et il lui a offert le premier livre, sans toutefois nous dire lequel. Il nous a ensuite montré les livres les plus rares qu'il avait. Beaucoup étaient dédicacés par Pablo Neruda et sa fameuse encre verte. Un pour Gabriela Mistral (de Nobel à Nobel, imaginez!), ou bien la première édition du Canto General, édité clandestinement, et dédicacé à... Salvador Allende! "En l'honneur de cette édition héroïque". Moi, je sentais l'histoire entre mes mains, et me suis sentie très émue par une photo en noir et blanc de Neruda sous la pluie à Paris, de dos, sous le parapluie d'une de ses femmes... 

Un immeuble étrange caché à l'intérieur d'une galerie et ses ascenseurs futuristiques! Visité avec Jonathan.


Je vous embrasse fort,
Anaïs

PS: j'ai relu presque tous les articles depuis le début du Chili... j'ai beaucoup rit, et été très émue. Le temps passe vite et en même temps que de souvenirs que j'avais déjà oubliés! Je sens dans mes écrits comme tout au début était inconnu, bizarrement vide de sens. Les articles plus récents sont, malgré les moments difficiles, plus colorés, plus vivants. 

jeudi 10 avril 2014

Festival de Cine de Montaña Lo Valdès

Bonjour tout le monde !

Ce week-end, nous sommes partis avec Pato au Festival de Cine de Montaña,  à Lo Valdés, assez loin dans le Cajón del Maipo.


C'est Pato qui a fait l'affiche, et elle etait meme a ma salle d'escalade! Pendant le festival, elle encadrait l'écran, version toile de 2 metres sur 1! Super fière...



Le festival était organisé par deux très bons amis de Pato, que j’avais déjà rencontré lors d’un Encuentro de Montaña en novembre passé. Tous ses amis avec lesquels nous allons camper ou escalader étaient là aussi. L’endroit étant un peu accessible sans voiture, nous avons du prendre plusieurs moyens de transport. Ainsi, après le métro, nous avons pris une micro (bus), pour aller le plus loin possible dans le Cajón.
Le chauffeur était complètement fou, il redémarrait de ses arrêts avec les portes ouvertes, dès que les passagers posaient un pied sur les marches. Le mini bus c’est rapidement rempli, car en plus de nos sacs à dos bien remplis de provisions et des tentes, beaucoup de personnes se rendaient à une « Feria de las pulgas », c’est-à-dire le marché aux puces, qui se tenaient sur la route vers le Cajón. Plusieurs fois nous avons du crier pour que le chauffeur s’arrête, pour que puissent remonter des passagers qui étaient descendus pour laisser monter ou descendre d’autres personnes, pour des mamies dont le caddie restait sur le trottoir…
Malgré cela, nous sommes arrivés bien vivants jusqu’à San Alfonso, où nous sommes descendus pour faire du stop. Comme personne ne passait, nous avons du négocier avec un colectivo (taxi avec un trajet fixe) pour qu’il nous emmène dans les montagnes. Après quelques débats sur le prix, le chauffeur a accepté de nous emmener jusqu’au festival. J’ai dormi pendant toute l’heure de trajet malgré les secousses dues au chemin en cailloux, aux rivières et aux virages.

Lorsque nous sommes arrivés, le festival était déjà bien lancé. Après avoir installé la tente, et retrouvé les amis de Pato, celui-ci est parti prendre des photos des évènements, et je suis partie faire le tour des activités proposées. Il y avait environ 350 personnes, et des tentes colorées étaient plantées un peu partout, ce qui donnait un ton très festif à ce champ normalement habité par des vaches, au vu des sympathiques petites bouses réparties un peu partout. J’ai commencé par m’entraîner à la slackline, cette ligne accrochée entre deux points fixes, mesurant environ sept mètres, à un mètre du sol, sur laquelle il faut marcher en équilibre. J’ai vite vu que je n’avais bien évidemment pas progressé pendant tout ce temps sans entraînement, et entre deux pas vacillants, j’ai surtout discuté avec les autres personnes de l’activité. Un peu plus tard a été lancé le cours de yoga de plein air. Je n’étais pas très motivée mais étant donné que mon homme était toujours occupé avec sa caméra, j’ai sorti mon petit tapis et suivi les fous de la souplesse et de la respiration dans le pré. La prof a commencé à se torde dans tous les sens, annonçant les positions avec des noms indiens impossibles à retenir. Tout en tentant de me concentrer, je jetais un coup d’œil sur mes voisins (le fameux clin d’œil auxiliaire de pépé) pour comprendre ce qu’il fallait faire. C’était un yoga plutôt dynamique, répétitif et qui ne m’a pas spécialement détendue. Mais bon, comme la prof te remercie en disant « Namasté » à la fin du cours, je me suis sentie tout de même comme une pro.

Après une pause de quelques heures pour dîner et déguster la bière locale, la projection de films et documentaires de montagne a commencé. J’étais au premier rang avec un ami de Pato, qui était chargé du son de la projection. Les films étaient un peu décevants, car beaucoup n’avaient pas de fils conducteurs. Il y en avait trois types. Le premier correspond aux films professionnels, sponsorisés par de grandes marques, où s’enchaînent les sauts et descentes incroyables de snowboarders américains professionnels, du Népal au Canada. Souvent très longs et sans arguments, ils ne sont pas extrêmement passionnants. Viennent ensuite les films amateurs qui ressemblent à un album photo de vacances animées. On y voit un groupe d’amis qui, s’étant fixé un objectif, tente d’escalader une montagne, ou de la descendre, et nous montre leurs délires. Pareil, c’est un peu long et pas franchement fou. Dernièrement, nous avons eu droit aux films déprimants, surtout lorsque la majorité du public réalise ces activités de montagne ; le film en hommage à une personne décédée. Il faut écouter tous les compliments sur la personne, le récit et les images tragiques de l’endroit de l’accident, voir les images de la personne avec une musique joyeuse qui se veut un rappel de son caractère. Malgré cela, la plupart des documentaires étaient d’une qualité incroyable au niveau visuel, et inspirant. C’est, quelle surprise, le film chilien tourné vers Atacama par des grimpeurs qui a gagné le prix du public.

Suite à la projection, des DJ ont mis de la musique, et c’était très drôle de voir tout le monde danser en chaussures de marche, polaire et doudoune ! Les plus sportifs n’ont pas trop tardé à aller se coucher, tandis que ceux qui étaient plutôt là pour faire la fête entre amis refusaient catégoriquement de les imiter. Il a fallu couper la lumière, le son, et ils continuaient encore à chanter eux-mêmes pour poursuivre la fête. C’est finalement assez tard, après s’être à moitié endormis au coin du feu de camp géant, que nous sommes allés nous coucher.
Le lendemain, nous avons commencé la journée avec un cours de yoga en duo. Je l’ai fait avec Pato, et c’était bien mieux que la veille. L’idée d’utiliser le corps de l’autre personne pour s’étirer fonctionne très bien, et on rigole lorsque l’équilibre s’effondre et qu’on se retrouve les deux dans l’herbe.

Comme déjeuner, nous avons craqué pour les empanadas que tout le monde ramenait du gîte de montagne appartenant aux parents d’un des organisateurs du festival. Pendant que nous attendions que nos empanadas aux blettes et fromage de chèvre (délicieuses) cuisent, un homme assez âgé s’est approché de moi. Il s’agissait du grand-père de l’organisateur, que Pato connaissait de vu. Nous lui avons donc tous serré la main. Quand vint mon tour, impossible de récupérer ma main, qu’il gardait fermement dans la sienne. Un peu étonnée, j’ai vu qu’il me regardait avec ses deux petits yeux perdus entre les rides. Ces premiers mots furent pour me demander si j’étais brésilienne. J’ai rigolé, dis que c’était un joli compliment mais que j’étais franco-italienne. Il m’a répondu que ça restait un mélange très intéressant. Il a ensuite demandé à Pato s’il était mon frère, et lorsque celui-ci lui a rétorqué qu’il était mon copain, le vieux m’a immédiatement dit de ne pas salir mon image en traînant avec « ces gars-là » (qui sont tout de même les meilleurs amis de son fils). Bref j’ai eu un bon fou rire, auquel il a coupé court en insistant sur le fait que de toute façon la beauté n’était que passagère, et que j’allais finir ridée et moche comme lui. J’aurais voulu lui dire que je ne trouvais pas moche les personnes âgées avec les jolies rides du sourire, mais il avait déjà disparu. Rencontre énigmatique !

Nous avons passé la suite de l’après-midi à donner un coup de main pour ranger, et à discuter un soleil. Comme nous n’avions pas de voiture, Pato et moi sommes partis pas trop tard, faire du stop pour redescendre la montagne. Une famille qui revenait du trek menant au glacier nous a pris dans le coffre, et nous a gentiment laissé dormir, nous réveillant que pour nous déposer à un métro très pratique !

Voilà pour ce chouette week-end de montagne, les photos sont à venir, notamment celle de l’affiche faite par Pato, des cours de yoga, et de mes pieds sur la slackline (que j’ai d’ailleurs réussi à marcher en entier le dimanche ! EXPLOIT !!!!!)

La gloire

Je suis tellement immergée dans un monde d'artistes que j'ai reçu aujourd'hui une invitation à un défilé d'une connaissance styliste. Wouhou!