lundi 26 août 2013

La nourriture de l'âme et du corps

De moins en moins d'articles sur ce blog, je m'en excuse!
J'y pense puis j'oublie.

Cette semaine, comme vous avez pu le lire, reprise intensive du sport, bien équilibrée entre la natation et le rugby. 

Mais c'est surtout les cours qui commencent à me prendre plus de temps. Difficilement, je me remets dans le bain des études supérieures. La fin du mois d'août est pourtant généralement consacrée à profiter des derniers jours des vacances, et je crois que c'est ce qui m'empêche de travailler aussi efficacement que je le voudrais. Les étudiants chiliens sont en comparaison, très studieux (il me semble en tout cas). Même les étudiants issus de familles très aisées ont une forte conscience de l'importance des études. Les jeunes comprennent qu'étudier, qui plus est dans une excellente université, est une chance. Ils font au mieux, que ce soit pour s'assurer un meilleur avenir ou pour être à la hauteur des dépenses en frais de scolarité de leurs parents. Si il y a bien entendu des étudiants appliqués en France, il me semble tout de même que cette forte croyance dans les études et leur apport n'est plus aussi développée. Bien entendu, c'est un avis personnel, qui changerait certainement dans d'autres milieux sociaux. C'est justement ce qui est intéressant: qu'ici même les personnes très aisées étudient religieusement. Il y a il me semble un manque de confiance généralisé en le système politique, social, en l'avenir en général. 

Sur un autre plan plus léger (à part pour mon estomac), j'ai participé à un véritable asado (barbecue) chilien. Celui sur la terrasse n'ayant, sauf la vue, absolument pas le même niveau. Le rendez-vous étant à 13h, on déjeune bien entendu vers 16h. Le temps que tout le monde arrive et que les braises prennent. Le petit patio de notre immeuble s'est rempli en quelques heures de personnes, de boissons et de viande. Celle-ci se mange beaucoup plus cuite qu'en France, ce qui énerve forcément les quelques français présents. La quantité de sel que le responsable de la parilla (la grille du barbecue) verse sur la viande grillée est également assez impressionnante: il fallu ouvrir un deuxième pot. Le résultat est tout de même délicieux! On déguste la viande découpée en petits morceaux avec les doigts, où des chorripanes (c'est à dire du pain avec une saucisse, auquel vous ajoutez à votre convenance de l'avocat, des oignons et surtout leur chère et tendre mayonnaise!). C'est vers 21h que sont arrivés d'autres amis, avec une toute nouvelle réserve de viande, et le barbecue du midi est devenu barbecue du dîner! 

Hier, j'ai été avec une de mes coloc' et des amis à elle à un énorme concert. L'ambiance était excellente, surtout lorsque les deux groupes qui jouaient ce soir là se sont mis à jouer ensemble. Tout le monde danse, et beaucoup ne regardent même pas vers la scène: c'est la fête qui compte!

Aujourd'hui, ma coloc finlandaise ayant des envies de sushis, j'ai pu découvrir les sushis chiliens. Bien entendu, l'ingrédient qui les change de nationalité est (devinez!) l'avocat. On savoure ces sushis de saumon - avocat, ou les gyozas qui selon le cuisinier ne sont que des empanadas version asiatique, autant pour leur goût que pour leur bas prix!

Toujours dans le thème des expériences culinaires (vous me connaissez, non?), le dueño de l'appartement m'a emmenée goûter les gâteaux chiliens dans une boulangerie toute proche. Nous avons été à plusieurs, et avons goûté les versions chiliennes du cheese-cake, de l'appel-strudel et de la tarte au citron meringuée (il y en a partout, j'en connais qui seront ravies...), mais aussi le gâteau de pancakes à la fraise. Les gâteaux sont énormes, et les parts servies également, heureusement (même ma gourmandise l'avoue) que nous avons partagé! Bilan: la tarte au citron a cinq fois plus de "meringue" que de crème de citron, mais le reste est délicieux!

Nous avons revus Django (de Tarantino) ce soir, tout le monde a aimé, sauf la finlandaise, qui n'ayant jamais vu d'autres films de Tarantino, était un peu surprise et déstabilisée. 

1h24, un dimanche soir, je retourne étudier pour mon premier contrôle de demain. 

Juste avant de m'y remettre, ces quelques semaines de cours m'ont déjà remplie de doutes quand aux études. La science politique, bien que les intitulés des cours aient toujours l'air passionnants, ne cessent de me décevoir. Les auteurs, les textes, les professeurs, tout me semble tourner en rond. L'approche, qui se veut théorique pour ne pas être confondue avec la politique (de comptoir, n'est-ce pas chers lecteurs?), finit par perdre son intérêt quand elle est enseignée par des professeurs qui ne sont jamais sortis de leur bibliothèque. Un point pour la UC (et un en moins pour Sciences Po): les professeurs sont plus souvent des professionnels, et non des universitaires. Certains travaillent comme experts ou observateurs pour l'ONU ou le gouvernement chilien. Ceux-ci parlent plus souvent de quand nous aurons à trouver du travail, de compétences réelles à acquérir. Néanmoins, je l'avais compris et également discuté avec une amie ici, il manque aux études de sciences politiques l'enseignement de ces compétences. Il nous manque par exemple des connaissances juridiques, qui légitimerait et rendraient beaucoup plus efficaces et utiles un emploi dans un cadre international. On apprend à penser, c'est ce qu'on nous répète, et ce que nous nous répétons, continuellement. L'apprentissage reste limité et un peu long. Surtout si l'on a, comme moi, un master encore assez flou en perspective. Est-ce que nous nous ennuyons trop vite? Est-ce qu'il faut, comme toujours, attendre la suite car celle-ci sera supposément plus intéressante? Je réalise en tout cas la faiblesse du système français (et en tout cas celui de Sciences Po): si c'est un parcours prisé en France, qui a fait ses preuves, il est complètement irrelevant (non pertinent?) dans le reste du monde. Nous ne connaissons rien à fond, beaucoup en superficie: certes c'est une ouverture d'esprit exceptionnelle. Mais je ne suis finalement pas certaine que ce soit le plus satisfaisant quand il s'agit d'étudier toute une nuit pour un examen, ou pour simplement se creuser les méninge. Nous autres intellos, nous étudions pour savoir, pour apprendre. Et non pas pour ne lire que la première de couverture du livre. Si cette formation se révélera sur le long terme, je le crois, pertinente et enrichissante, elle est décevante du point de vue des études même. Pour en revenir à cette troisième année, je regrette finalement de ne pas avoir choisi de faire un stage. Déception, doute et remise en question: la dernière réplique de la crise d'adolescence à la vingtaine?

mardi 20 août 2013

Welcome to rugby baby

Je reviens de l'entraînement de rugby avec ma nouvelle équipe: meu deus je revis! Après un long week-end passé à faire la fête, je me suis enfin remise sérieusement au sport. L'entraînement a commencé très fort, par quelques tours de terrain presque à la vitesse d'un sprint. J'ai eu un peu peur de ne pas tenir le rythme, mais me suis bien évidemment accrochée. La séance, supposée "technique", a été pour moi très physique. Mais j'ai eu le plaisir de devoir donner le meilleur de moi-même, rien que pour pouvoir suivre certaines joueuses. Je vais donc rapidement progresser je pense, et cette équipe est beaucoup mieux organisée. Nous avons même un manager et un préparateur physique. Ce ne sera pas pour moi tout de suite, bien entendu, étant donné l'écart de niveau, mais j'espère pouvoir rentrer sur le terrain pour quelques matchs au plus vite. Le Stade Français (que j'aurais le malin plaisir de malencontreusement confondre avec celui qui est vraiment en France), qui oscille entre 1ère et 2ème place du classement de rugby féminin chilien, sera donc ma nouvelle équipe!

Bonnes nouvelles, mais je me demande comment je vais éviter de me noyer demain au cours de natation: je ne sais pas si je ne sens plus mes jambes ou si j'ai tellement mal que je crois ne pas les sentir.

Je vous embrasse fort: courage à ceux qui reprennent le travail!

Le plaisir d'écrire une formule mathématique

Les étudiants d'échange sont-ils plus studieux? Non, ils n'aiment juste pas être vus seuls, et préfèrent aller se plonger dans le travail à la bibliothèque! C'est ce que j'ai fait quand en arrivant ce matin, mon cours de Desplazamiento de poblaciones y situación de los refugiados étant encore une fois annulé. Lorsqu'un professeur souhaite annuler son cours, l'université envoie un mail, et colle une affiche sur la porte de la classe. Ces deux messages affirment que le professeur en question est absent pour "cas de force majeur". Le cas de force majeur a des degrés très différents: être appelé par la Cour Suprême pour une expertise, ou bien avoir un virus, ou bien être coincé dans le taco (embouteillage). Je ne m'en suis donc pas voulue d'avoir hurlé un grand "YES" la première fois que le cas de force majeur a été invoqué. 

Quelques autres nouvelles de l'université. Les étudiants chiliens ont tendance à toujours ramener les débats à leur pays. C'est à dire que lorsqu'ils veulent illustrer un cas, ou poser une question, ils s'appuient généralement sur la phrase "Ici au Chili". Je me suis d'abord dit que c'était étrange, car je n'ai jamais eu l'impression de me référer souvent à la France dans mes débats en cours. Et puis je me suis souvenue que c'est normal, car j'étudie l'Amérique du Sud, j'étudie ce fameux Chili depuis deux ans, et je n'ai eu aucun cours ayant à voir avec la France, à part ceux de droit. C'est une sensation bizarre, que de se sentir presque étrangère à tous ces pays: française mais qui en connaît si peu (les français ici me parlent toujours de villes que je serais incapable de situer sur une carte), étudiante de l'Amérique Latine, qui est concept inexistant en réalité, belge de coeur, mais seulement de Bruxelles... À n'être ancrée nulle part, je pense qu'on perd une certaine finesse d'analyse, une capacité à aller chercher plus profond: j'effleure un peu de tout. 

Le titre se réfère juste à une anecdote de la journée: écrire une formule de maths m'a fait un bien fou, même si elle n'avait rien de compliqué. Elle illustrait le calcul de la population, d'un point de vue géodémographique.

dimanche 18 août 2013

Le mystère nazi

En rentrant en taxi, un ami s'est retrouvé à discuter avec le chauffeur des communautés allemandes implantées au Chili, notamment dans le Sud, vers Valdivia. Le taxiste étant originaire de là-bas, le sujet est tombé tandis qu'il racontait son enfance, sa vie, ce qui est très courant avec les chauffeurs de taxi en général (même en France!). Il racontait avoir fait le ménage, enfant, chez un vieux monsieur Allemand, qui se trouvait être son voisin, pour gagner un peu d'argent. Un jour, il est tombé sur des uniformes d'officiers nazis. Pas le moindre du monde désemparé, l'homme en question lui raconta alors comment il était arrivé d'Allemagne à la fin de la guerre, avec d'autres officiers nazis connus, parmi lesquelles... Hitler (et sa femme). 

Véridique ou légèrement transformé, ce témoignage ouvre grand les portes du débat qui fait rage autour de la "mort" d'Hitler. Nous avons donc regardé un reportage sur ce sujet, qui était sur la forme assez mauvais, mais intéressant sur le fond. En résumé:
- il n'existe aucune preuve du décès d'Hitler (pas le bon ADN sur le corps blabla).
- Aucune preuve qu'il soit resté à Berlin les derniers jours. 
- Beaucoup plus logique qu'il soit à la frontière de l'Autriche, dans une ville qu'ils avaient transformé en véritable forteresse souterraine.
- Des départs d'une dizaine de sous-marins vers le monde entier, depuis la base nazie en Norvège, dont deux n'ont pas été "retrouvé". 
- Des témoignages de gens qui l'auraient reconnu en Argentine (par une cicatrice qu'il avait sous sa moustache). 
- Une hacienda en Patagonie construite comme celle qu'il avait à la frontière de l'Autriche. 
- Etc etc etc. 

C'est terriblement frustrant et déprimant.

Plus largement, que vous croyez ces théories (très argumentées et logiques je dois dire) ou non, le sujet des fugitifs nazis en Amérique du Sud est épatant. Des condominios, ou immeubles, sont réputés pour avoir abrité des officiers jusqu'à la fin de leur vie, et ce, sans qu'ils soient inquiétés. 

Sur ce sujet quelque peu sombre, bonne nuit à tous!

Conseil culturel

Un film que j'ai bien aimé:
http://www.youtube.com/watch?v=JE4Q_7YNlAo

La piscine est à gauche

Hier soir, mon premier asado au Chili. Sur le toit d'un immeuble en plein centre de Santiago: une somptueuse terrasse, avec deux piscines et deux barbecues. La vue sur Santiago est incroyable: après une belle journée la vue est dégagée, et les lumières s'étalent à perte de vue. L'immeuble est gardé: il faut donner son nom au gardien en entrant, qui téléphone au locataire de l'appartement où l'on désire se rentre pour vérifier que l'on peut monter. Ce genre de service paraît presque déplacé, tant on se sent en sécurité ici. C'est plus la recherche d'un confort visible par tous qu'une véritable nécessité. 

Aujourd'hui, dégustation de glaces et visite au Museo de Bellas Artes: rien à dire à part que c'est bon, et que c'est beau!

Je vous embrasse tous. 

La politique de comptoir

Ma première professeur de sciences politiques, lors de mon premier semestre de première année à SciencesPo (ça fait beaucoup de premières fois en effet), insistait beaucoup sur le fait qu'un politologue ne doit pas faire de la "politique de comptoir". Nous devions à tout prix passer outre les débats courants autour des thèmes de gauche/droite, de la corruption, de la théorie du complot, et des théories idéalistes pour changer le monde. 

La politique de comptoir consiste aussi en une règle tacite des bars, respectée par tous ceux qui désirent. On ne parle pas de politique en soirée, car c'est un ingrédient qui, mélangé à l'alcool, donne souvent un cocktail explosif ruinant l'ambiance. 

Pourtant, la politique de comptoir reste un des moyens les plus intéressants pour découvrir une société. Avec un verre de piscola à la main, les chiliens, découvrant que vous êtes française, seront ravis de lancer le débat. Cela commence généralement avec la fameuse question: "et toi, que penses-tu de la situation au Chili?". Honnêtement? J'en pense que je n'en connais pas assez pour m'en faire une opinion que je puisse argumenter. "Et en France alors?". En France? Excellente question. J'avoue que j'ai tendance à oublier de suivre les interminables combats rhétoriques de l'actualité française, ponctués des dernières nouvelles des combats juridico-financiers. Oui Papa, la politique nous concerne tous, mais cette politique "de télévision" (et pas de comptoir, cher Mme Arrigoni), elle me saoule! Revenons-en au Chili. La plupart des chiliens avec qui j'ai discuté politique, accoudée à un comptoir, m'ont surpris en revenant toujours à un événement central pour eux: la révolution française. Beaucoup sont relativement cultivés, connaissent les politiciens européens, les contours de l'histoire européenne. Qu'ils connaissent la révolution française est déjà, je trouve, un élément intéressant, sachant que peu de français pourraient parler des indépendances latino-américaines, ou des dictatures. Mais plus que cela, c'est la relation qu'ils ont à la révolution qui me surprend. En 2013, on me demande, avec grand sérieux, comment l'héritage de la révolution française m'affecte. Je n'avais jamais pensé la révolution de cette manière: comme part réelle de mon identité, comme cause d’événements actuels. Ici, le combat politique est perçu d'une façon beaucoup plus puissante: une révolution est un élément central, national, constitutif de l'identité de chaque individu. Le combat pour l'éducation gratuite, l'héritage de la fin de la dictature, sont autant de moments historiques qui sont perçus et chéris comme tels. Je ne pense pas, ou peut-être suis-je différente, que nous percevons en France, de nos jours, la nation, la patrie, la politique de cette façon.

Bien sûr, les débats politiques ici ne comprennent pas seulement des envolées historiques vers la révolution française: on se retrouve également dans une foule qui crie "Quién no salta es Pinochet! Quién no salta es Piñera! Quién no salta es Bachelet". 

Il y a une teinte de politique partout: avant-hier, des milliers de personnes (dont moi) se sont rassemblées pour un concert gigantesque en hommage aux 50 ans du groupe Los jaivas (provenant de leur premier nom "High bass", prononcé à la chilienne... Faites le lien!). Ce groupe de rock folklorique est très apprécié des chiliens, notamment car sa musique a su lier la modernité du pays à ses cultures traditionnelles. 

Un long message pour ne pas dire grand chose finalement, je n'ose même pas me relire. Mais peut-être y trouverez-vous un peu de sens, et un peu du Chili.

mercredi 14 août 2013

"Regarde le monde chaque matin comme si c'était la première fois" Oscar et la dame rose

Ce n'est pas évident de trouver des sujets aussi passionnants que la montagne, mes rencontres chiliennes ou les visites tous les jours. C'est d'ailleurs surprenant comme on peut rapidement s'adapter, se fondre dans n'importe quel contexte ou situation. Malgré la distance, le choc culturel, la langue, je m'installe déjà dans un quotidien construit en quelques semaines. 

C'est une routine quelque peu différente pourtant, car je garde, comme tous les étudiants en échange à l'étranger, cette motivation constante, cette ouverture d'esprit qui cherche à saisir n'importe quelle occasion qui se présente. 

Aujourd'hui, je suis allée passer le premier round d'entretiens pour être volontaire lors des Jeux Suraméricains ici à Santiago en Mars. La responsable a rapidement essayé de me mettre dans le staff de remise des prix (il leur faut des personnes grandes, et bien sûr aussi jolies que moi), mais j'ai refusé: le rôle de potiche ne m'amuserait pas toute une semaine. Finalement, je dois passer une deuxième entrevista pour être assistante des comités, c'est-à-dire bonne à tout faire d'une délégation. La responsable m'a expliqué que cela consistait à accompagner les sportifs des délégations tout au long de la semaine, que ce soit dans les infrastructures, à des dîners, acheter des cadeaux pour leurs familles. Je pense que cela sera plus exigent mais plus intéressant, et cela me permettra peut-être de rencontrer un beau sportif. Affaire à suivre!

Toujours dans les nouvelles "sport", j'ai craqué en m'inscrivant au cours de natation donné par l'université: trois fois par semaine pour 5 crédits, au moins ce sera du sérieux.
Je change aussi malheureusement de club de rugby, pour des questions d'organisation. J'ai du dire aurevoir à mes bout'choux, puisque du coup je ne pourrais plus les entraîner. Déception de ce point de vue là, mais je rejoins une équipe qui a l'air mieux organisée, et beaucoup plus près de chez moi. Vous me qualifierez de patriotique, je serais désormais joueuse du Stade Français. Peut-être jouerais-je au vrai à mon retour! (Blague - folie - ironie - boutade - que c'est drôle). 

Demain, a priori, visite de Pomaire, l'équivalent de Saint-Quentin-la-Poterie à 68km de Santiago! Qui a dit que je n'aimais pas les potiers? 

Dernièrement, je voudrais faire une dédicace spéciale à maman. Aujourd'hui, je porte LA jupe. Et toc. 

PS.: toujours pour maman. Du coup j'ai aussi porté le pyjama. On est quittes. 


lundi 12 août 2013

Un petit texte, qui attend sa suite depuis bien trois ans je pense!

        Tu vas tomber! C'est vraiment pas malin...
        Mais arrête un peu.

            La nuit avait noyé les escaliers, et je ne voyais pas plus que si j'avais gardé les yeux fermés. Mon pied cherchait désespérément la marche suivante, mes jambes l'aidaient en battant l'espace en de grands moulinets. Quand enfin je pris appui sur la marche, se fut pour rencontrer une surface mouvante et molle. La surprise m'extorqua un petit cri, étouffé par la main de Pauline.
        Ça, c'était mon pied! Murmura t-elle, agacée.
        Désolée...
        Bouge plus, j'ouvre la porte.
        Quoi parce qu'en plus t'as pas la clé?
Le silence de mon amie fut sa réponse. Je m'en contentai. Ennuyée, j'observai le vide absolu qui nous entourait. Le noir total. Un frisson courut le long de mon échine. Juste au moment où j'allais me décider à redescendre les escaliers, même toute seule, et de retourner dans mon lit, le grincement de la porte se fit entendre.

            Dehors, la nuit était moins sombre. Le toit plat formait comme une sorte de terrasse, bordée par un petit muret. Quelques flaques d'eau parsemaient le sol, vestiges de l'orage. Le temps était lourd, chaud et humide à la fois, mais l'air semblait néanmoins plus frais que dans les couloirs de l'immeuble insalubre. Pauline tourbillonnait, virevoltait comme une danseuse sur scène, apparemment fière de son idée. Je fis quelques pas sur la petite plateforme encadrée par deux autres immeubles sur laquelle nous nous trouvions.
            Le ciel était dégagé, et la vue imprenable. Londres se dessinait sous mon regard,  champ tacheté de lumières étendu à perte de vue. Les clameurs des rues ne parvenaient qu'en murmures à mes oreilles.
        Alors comment tu trouves l'endroit? S'écria Pauline dans mon dos
        Magnifique... susurrais-je.
        Viens, dit-elle avec ce petit ton mystérieux dans sa voix.
Pauline fit le tour du toit jusqu'à un des coins qui se collait à un bâtiment plus grand, puis grimpa sur le muret. Elle s'y installa à cheval, le dos appuyé contre le mur voisin.
        Tu vas tomber! C'est vraiment pas malin...
        Mais arrête un peu.
Hésitante, je vins m'asseoir près d'elle, mes deux jambes par-dessus bord, les mains agrippées au muret. Pauline m'adressa un petit sourire d'entendement. Le décor de ce côté était encore plus beau. Sous nos pieds les rails du train se frayait un chemin parmi les courbes sinueuses de la ville. Un peu plus loin, la grande gare fraîchement construite en verre reflétait les rayons blancs de la Lune. Aussi loin que mes yeux regardaient, je ne pus apercevoir une présence humaine, et j'eus quelques secondes la délicieuse impression que nous étions seules, perdues dans l'océan urbain.
            Soudainement, à notre gauche, une fenêtre toute proche s'illumina. Aucun volet ne découpa l'image du corps nu qui plongea dans une baignoire moussante. Le corps d'une jeune femme blonde, très jolie, qui semblait perdue dans ses pensées, disparu sous l'eau. Nous l'observions fixement toutes les deux, nous qu'elle ne pouvait pas voir, tapies dans l'ombre.

            Je ne sais combien de temps s'écoula, en tout cas ce fut bref, avant que la fenêtre voisine ne brille à son tour, et que nos yeux éberlués découvrent un homme également plongé dans son bain. La coïncidence était des plus belles, et je me mis à rire, rire, comme une folle, perchée sur mon toit, notre toit, et Pauline m'imita, et je failli basculer, et la ville était à nos pieds. Et mon rire la berçait.

La neige en Août

Dimanche matin, réveil aux aurores: et oui, on bouscule les grands principes du week-end pour de grandes occasions. Et celle-ci valait l'effort de se lever tôt: je suis partie snowboarder (invention pratique), dans la cordillère! 

Nous sommes partis à trois: Astrid (de nouveau: ma coloc franco-chilienne) et Louis (qui travaille avec elle). La route pour monter à la station Colorado est très belle, mais j'étais ravie de la faire en voiture et non pas en bus, vu l'enchaînement de virages. 

L'altitude augmente très vite, et la pression avec elle: attention au mal de tête! La route grimpe jusqu'à plus de 3000m d'altitude, d'où on peut apercevoir le smog qui recouvre Santiago. C'est impressionnant au point de craindre pour la durée de son espérance de vie.

Je n'ai pas eu besoin de louer du matériel, car Chino (mon propriétaire) m'avait prêté sa planche de snowboard et ses bottes (et ses gants, son pantalon et son masque). J'avais aussi le sac à dos et la veste de Erica (ma colocataire finlandaise avec laquelle j'ai regardé Lassie et qui sait dresser des chiens). Heureusement car les coûts sont aussi élevés qu'en France! 

En route nous avons pris un auto-stoppeur: après avoir fait l'effort de discuter en espagnol, nous nous sommes rendus compte qu'il était toulousain. Un toulousain perdu dans la montagne chilienne depuis trois ans pour vendre des photos. Dans un film Américain, il aurait sûrement été un héros accusé de conspiration fuyant l'extradition. Ce serait d'ailleurs bien dans l'esprit de l'actualité. Je délire, il faisait seulement des photos de la montagne. 

D'en bas des pistes, on voit une grande colline blanche qui ressemble aux collines de sucre (ou de farine?) du Château d'Anne Hiversaire, de Claude Ponti. Les pistes sont de grandes lignes droites, parallèles entre elles, descendant toutes de ce grand amas blanc. On y perd le charme des pistes serpentant entre les sapins en France, mais on y gagne une superbe vue sur l'ensemble de la cordillère. 

La neige s'est rapidement mise à tomber, et dans le télésiège le plus haut, nous ne pouvions plus rien voir: à peine le siège devant nous! C'est une sensation presque angoissante, de n'avoir aucun repère, et d'être plongé dans le blanc. De temps en temps, sous nos pieds, un skieur traversait le blanc pour disparaître quelques mètres plus loin. 

Finalement, la descente fut splendide: on voyait juste assez la neige sous nos skis ou planches, et les limites de la piste, mais rien d'autre. Seuls dans notre montagne, la peur s'envole, on s'améliore en quelques secondes, et on profite de la meilleure sensation de glisse qu'on puisse avoir. Le bien-être de cet instant, insaisissable mais pourtant si prenant, est incroyable. 

De retour en bas des pistes, nous avons craqué pour un chocolat chaud à 4000 pesos, traduisez 6 euros. Heureusement qu'on peut volontairement ignorer la conversion lorsque on est dans un autre pays! Mais que serait un séjour à la neige sans chocolat chaud? 

Le retour en voiture est passé vite, et nous avons fini la journée du dimanche à la pizzeria. 

Nous sommes rentrées exténuées, mais la journée n'était finalement toujours pas terminée. Une dizaine de personnes regardaient un film à l'appartement, et nous avons finalement improvisé une petite soirée. 

Malgré la disparition de mon téléphone, tout va donc très bien! 
Je suis en route pour une semaine de cours, qui sera suivie le week-end prochain par un séjour à la mer! 

Je vous embrasse tous!


jeudi 8 août 2013

L'arme de destruction massive à utiliser au Chili

La pluie! Aujourd'hui, ce n'est pas assez courant pour ne pas en parler, il pleut. Comme en Belgique, les nuages chiliens font ça bien: ça n'a pas arrêté de six heures du matin à dix heures du soir. Pas de quoi s'affoler a priori? Les rues sont rapidement gorgées d'eau: regardez bien, il n'y a pas de caniveaux! Lorsqu'on rentre dans le métro, bien emmitouflé dans son manteau, les hauts-parleurs nous accueillent en prévenant que le trafic est ralentit pour cause de pluie. Non ce n'est pas absurde, certaines parties du métro étant aériennes. Le ralentissement est tout de même relatif, je ne m'en serais pas rendue compte sans l'avertissement qui nous a été donné. La pluie devient toutefois un excellent argument, au vu du regard compatissant du professeur sur nous autres retardataires avec les cheveux légèrement humides. La pluie, c'est presque la fin du monde, puisque les séismes sont monnaie courante. D'ailleurs, personne n'a sentit celui d'aujourd'hui.

Vous avais-je dit que j'étais entraîneur d'une équipe de rugby 6-8 ans? Á raison de deux fois 1h30 par semaine, juste avant mes propres entraînements, j'améliore mon espagnol en essayant d'organiser un groupe de dix gamins surexcités!

Autre opportunité, je passe mercredi prochain une entrevista pour travailler comme volontaire durant les Jeux Suraméricains, qui se déroulent à Santiago en mars. Un bénévolat d'une semaine, précédé d'une formation adaptée au rôle de chacun. Je postule pour l'accompagnement des délégations ou le bureau des relations internationales. 

Demain, inscription définitive à mes cours! si les places sont disponibles, je suivrais donc les cours suivants:
- Seguridad humana y sus amenazas
- Geodemografía
- Desplazamiento de las poblaciones: migrantes y refugiados
- Historia cultural de Chile en el siglo XX
- Política exterior comparada
Et déjà je me mets aux lectures et aux préparations de quelques contrôles qui vont arriver un peu trop vite.

Ce week-end, peut-être que nous allons à un tournoi de rugby à Casablanca, à deux heures de Santiago. Il nous reste à voir si assez de joueuses peuvent faire le déplacement. Pas de panique Maman, je serais sûrement remplaçante! 

Pleins de bisous, je pense fort à vous à tous!
Envoyez-moi de vos nouvelles!

mardi 6 août 2013

L'éternel second, quelques petites histoires en vrac

Tandis que ma perspective européenne me faisait voir avec un oeil rassuré les camions de policiers postés aux carrefours importants, j'ai été très surprise de la réaction de certains chiliens. Pour eux, au contraire, que des policiers soient plantés là toute la journée à surveiller la foule, c'est suggérer qu'il y a un risque, une insécurité, alors qu'en réalité, ces endroits-là ne sont pas plus dangereux que n'importe quel carrefour de n'importe quelle grande ville. Voilà comment une même image provoque des réactions totalement divergentes, voire opposés, baignées dans une culture que nous avons chacun intériorisé. 


En cours de Historia cultural de América en el siglo XIX, le professeur, très sympathique, nous expliquait comment il allait essayer d'intégrer l'Amérique du Nord au programme de son cours, centré sur l'Amérique du Sud. Il lui paraissait évident, et à nous aussi, que l'impérialisme des États-Unis étaient un lien fondateur pour l'Amérique du Sud. Quand au Canada: "Il y a t il un canadien dans cette salle? Un? Bon je pourrais plus ou moins faire des blagues sur les Canadiens. Plus sérieusement, on ne peut pas parler de vous dans ce cours, car vous êtes les gentils.". Cela peut être subtil pour certains d'entre vous, mais il m'a semblé que dans cette phrase, et dans l'éclat de rire général qui a suivit, était contenu toute la complexité de la relation entre les USA et le Chili. Tout y est très américain, mais la haine continentale pour le grand ennemi du Nord reste palpable au quotidien. 


Avez-vous déjà ouvert un guide sur le Chili? Ou plus généralement, vous êtes vous déjà renseignés sur le Chili? L'avez-vous étudié? Probablement pas. Car le Chili est toujours l'éternel second. 
Si vous lisiez un guide du Chili, c'est que probablement, vous avez décidé de vous y rendre, ou même que vous y êtes déjà. Vous êtes donc enthousiaste, vous qui vous promenez dans les rues grises le nez en l'air pour apercevoir les petites beautés de Santiago. Pourtant, le guide (ici Lonely Planet), vous rappellera: "Si le Chili n'est pas le pays latino-américain le plus réputé pour la musique live" (p.73), ou "Si l'on ne vient pas à Santiago pour le shopping" (p.75). Sur ce dernier, rappelez-vous de mon post sur les malls et l'avis des chiliens comme quoi Santiago est une ville faite pour claquer de l'argent. Et il en est ainsi pour tout: en cours, dans l'une des meilleures universités d'Amérique du Sud, les professeurs vous rappellent que "le Chili n'est pas très intéressant". Dans la rue, un passant m'entendant converser en français avec une amie s'est mis à presque crier, en un excellent français "Vive la France! Le Chili: quel ennui!". À méditer pour ce monsieur: pourquoi même les fonctionnaires du registro civil savent que les français sont arrivés en masse depuis cinq ans? Chers chiliens, tout n'est pas mieux ailleurs, et beaucoup de choses sont bien chez vous.



lundi 5 août 2013

Vers Manuel Montt et au-delà!

Bonsoir tout le monde!

Moins d'articles ces derniers jours, pas que je vous oublie, mais il se passe beaucoup de choses.

Dans la journée de vendredi, El Chino, mon propriétaire (qui vit avec nous, au cas où vous n'auriez pas compris), m'a gentiment accompagnée acheter une nouvelle carte sim pour mon iphone, car les messages internet coûtent moins chers que les sms classiques. J'ai adoré voir comment les chiliens, même au milieu d'un magasin officiel, près de leur boss, se donnent des conseils de démarches complètement illégales mais moins chères. 

Vendredi soir, une amie française m'a proposée un apéro dans son nouvel appartement. Celui-ci se trouvant à quelques arrêts de métro, j'ai tout de suite accepté cette invitation tardive. Mais en descendant à la station Manuel Montt, un coup d’œil aux numéros des immeubles a suffit pour refroidir ma motivation. Du numéro 100, j'ai du me rendre jusqu'au 1973. Heureusement, j'avais croisé un autre ami dans la rame, et nous avons pu affronter ce long trajet dans le froid ensemble. De nuit, les rues de cette partie de Providencia sont désertes. En à peine quelques arrêts de métro, on quitte l'agitation nocturne du centre pour le calme inquiétant des barrios résidentiels. L'appartement est en réalité l'étage supérieur d'une maison, complètement privatisé. Le salon-salle à manger-cuisine est bordé de grandes baies vitrées, et la route est cachée par la vue d'un magnifique oranger. Les quatre chambres sont gigantesques, et leurs meubles neufs. Mais malgré la pointe de jalousie à la vue du chauffage dans la salle de bain, ou de la taille des placards, l'appartement manque cruellement de vie. Le bordel organisé dans la cuisine, les douze guides du Chili abandonnés par les anciens colocataires, les têtes souriantes sur le canapé et le chien qui aboie dès que quelqu'un monte l'escalier, ça n'apparaît pas avec les pesos supplémentaires. Si certains appartements du centre sont vraiment (apparemment, car je n'en ai pas encore eu la preuve), miteux, je trouve extrêmement dommage de choisir un appartement aussi reculé, qui plus est entre français, car seuls les étrangers cherchent des appartements de ce standing dans ces zones tout de même relativement proches du centre. 

Soirée sympathique, entre français donc, mais ça fait du bien de pouvoir suivre toutes les conversations sans efforts, de ne pas répéter "QUE?" quatre fois au mec mignon d'à côté et de discuter de sujets absolument fascinants de la politique française. Évidemment, je ne supporte pas ce genre de débats de jeunes apprentis expatriés. C'est une compétition de celui qui a le meilleur parcours universitaire, les meilleurs colocs, ou s'intègre le mieux. On se prend vite à ce jeu-là, et rapidement l'apéro se transforme en bataille tacite entre coqs bleus blancs rouges. 

Samedi, grasse matinée encore une fois, j'en arrive à me demander si je ne serais pas malade, à dormir autant. Je commence donc la journée en entamant la plaquette de vitamines qui fait partie de ma pharmacie ambulante, merci maman. 

J'ai finalement accompagné le propriétaire de l'appartement dans sa recherche d'un câble nécessaire pour l’événement musical que nous accueillions le soir même à la maison. Nous avons parcouru trois malls différents, mais pas trouvé le fameux câble. La sortie fut quand même fructueuse: j'ai repéré où j'amènerais Chloé quand elle viendra (oui, ceci est un appel à cotisation pour que même ma stagiaire de soeur puisse venir me voir). Chaque étage d'un mall fait la taille de Poitiers, et les chiliens arpentent les galeries, extérieures ou intérieures, d'un pas de fourmis assurées. Les boutiques de marques européennes ou américaines se succèdent aux cinémas et aux hall of food, sorte de réfectoire géant bordé de restaurants. Pour ceux qui ont été aux États-Unis, vous auriez l'impression d'y être retournés. L'un des malls est le deuxième plus grand d'Amérique du Sud, un gâteau au chocolat à celui qui trouve où est le plus grand. 

En passant par le supermarché, el Chino m'a montré des caddies pleins, abandonnés dans les rayons: ce sont en fait des personnes qui font des courses  pour tout simplement faire comme tout le monde. Ils comparent les produits, les range en jouant au tetris dans les caddies, puis abandonnent le tout puisqu'ils n'ont absolument pas les moyens de payer. C'est triste et surtout absurde que la folie consumériste nous pousse à de telles réactions.

Après avoir acheté des chocolats, une poêle à crêpes et les ingrédients pour lesdites crêpes, nous sommes rentrés préparer la soirée. Sur l'idée d'un coloc, nous devions enregistrer Astrid (ma coloc franco-chilienne) et une amie à elle, l'une à la guitare et l'autre à la clarinette. Une trentaine de personnes a débarqué vers 20h, et ma pile de crêpes, à prononcer crrêpsse, a rapidement disparue. 

Le concert, enregistré avec le matériel professionnel de mon propriétaire qui est ingénieur du son, était magnifique. J'avais choisi quelques-unes des chansons, ceux qui me connaissent sauront lesquelles:
No te duermas, Jarabe de Palo
This is the life, Amy MacDonald
Comme elle vient, Noir Désir
Serre-moi, Tryo
Amsterdam, Jacques Brel

Le concert a officiellement lancé une soirée de folie, qui est passée de l'appartement à une boîte puis à un autre appartement à la fermeture de celle-ci. Mais ces détails-là n'appartiennent qu'à la nuit.

Aujourd'hui, c'est dimanche, et comme je l'ai déjà mentionné la semaine passée et continuerais à le faire, nous n'avons rien fait, car ainsi se font les choses un dimanche. Brunch préparé depuis l'écosse, film américain, chansons françaises, et la journée passe à toute vitesse. 

Je viens de revoir "La planète au trésor", que nous regardions beaucoup avec Matteo, en italien. Je trouve toujours au personne un petit air de mon frère d'ailleurs... 

Demain, retour à l'administration et la paperasse, puis aux cours!

samedi 3 août 2013

Changement de numéro chilien

Pour ceux qui avaient déjà noté mon numéro chilien, j'ai changé de nouveau!
+56961297301

Je garde l'ancien pour voyager (le téléphone dans lequel est la puce craint moins), donc ne l'effacez pas.

Plein de bisous, et connectez-vous bientôt si vous voulez savoir pourquoi "Vers Manuel Montt et au-delà!"

vendredi 2 août 2013

Du vocabulaire chilien, pour vous futurs touristes!



Photos de l'appartement








La rentrée! (ça se passe d'un autre titre)

Bonjour tout le monde!

Petit récit tardif de ma rentrée, qui a eu lieu hier.

Je me suis tout d'abord perdue en allant au campus Casa central, qui se situe à 10min à pieds de chez moi, alors que j'avais pourtant fait le trajet trois fois. Mais j'ai un réel problème d'orientation ouest/est depuis mon appartement. Les temps de l'exploration ne sont pas loin, il me faudrait une boussole! 

Mon premier cours s'intitulait Derecho y religión, et je viens de me rendre compte que je ne pourrais de toute façon pas le prendre car je vais aller au cours de Introducción a los derechos humanos à la même heure. C'était pourtant un cours intéressant, où nous devions apprendre comment l'État encadre la pratique religieuse, et les problématiques que cela pose. Le plus instructif ne fut pas la prof, mais les élèves: une majorité écrasante de garçons, mais surtout le style vestimentaire de ceux-ci. Les costumes-cravates sont monnaies courante dans la fac de droit, ainsi que les jupes pour les filles. Une d'entre elle nous a détaillé sur un ton dédaigneux les événements de la manifestation pro-avortement. Chose due, chose faite, j'écrase mes relents de principes et écoute sagement le débat qui s'ensuit, mieux vaut ne pas se faire remarquer tout de suite. 

J'ai retrouvé Nadine pour aller déjeuner près de chez moi, dans un restaurant de pitas! Ravies toutes les deux, nous avons même goûté leurs pâtisseries orientales, qui se sont révélées savoureuses. 

Retour à l'université, cette fois dans la fac de communication, pour le cours Seminario de documental. On se présente en choisissant cinq documentaires qui nous ont plu, d'où les autres doivent essayer de tirer un trait qui nous caractérise. Il paraît donc que je cherche une critique philosophique du monde. Voici ma sélection, vous me direz ce que vous en pensez:
- First position, Bess Kargman
- Fahrenheit 9/11, Michael Moore
- Bowling for Columbine, Michael Moore
- Presunto culpable, Roberto Hernández, Geoffrey Smith
- Pina
- Valse avec Bachir
Finalement, je ne trouve ce commentaire assez vrai. Ce blog en serait peut-être même l'illustration.

Le cours, qui va demander beaucoup de travail, s'est déroulé dans une bien meilleure ambiance que le premier. Les élèves participent, s'interrogent les uns les autres, notent des idées dans des petits carnets semblables au mien. Nous sommes presque la moitié d'étrangers, et la prof nous pousse à participer. Le travail va devoir se faire en groupe, ce qui, bien que difficile parfois, va nous obliger à aller vers les chiliens, et ne pourra qu'être bénéfique.

J'ai enchaîne les cours avec le rugby, après encore une fois ce long trajet, mais qui m'a semblé plus rapide cette fois ci. Je suis arrivée à temps pour l'école de rugby, où je ne vous avais pas dit que je faisais un test. J'ai entraîné, accompagnée d'un entraîneur âgé mais sympathique, les jeunes de moins de huit ans. Très indisciplinés, peu coordonnés, ils restent passionnant à observer. Un lacet jaune fluo défait, un Lucas qui fait des galipettes au lieu d'écouter les consignes, un Thomas qui s'enquiert de comment on parle français, et surtout, surtout: est-ce bien à Paris qu'il y a la Tour Eiffel? Je leur fais faire quelques jeux, et je me rends compte de mes faiblesses en espagnol. Heureusement, les enfants connaissent, comprennent, et on arrive à jouer au béret, au crocodile, à des jeux plus rugbystiques aussi. Je suis donc embauchée comme entraîneur des 6-8 ans de l'école de rugby de la UC, deux fois par semaine, juste avant mes entraînements!

Après notre session, nous avons cuisiné dans le club-house une paella, que les filles du rugby avaient prévue pour se faire un peu d'argent afin de rentrer en compétition nationale. Un excellent moment, dans une ambiance festive de fin de journée. Le métro fermant à 23h, une coéquipière m'a ramenée en voiture, tout droit sur la Alameda, une grande avenue qui coupe tout Santiago. 

Difficile de trouver le sommeil après tant d’événements. Vous me manquez toujours autant, et j'ai du mal à croire que ça ne fait que 10 jours que je suis là. 

Comment faire du stop au Chili?

Quelques nouvelles en vrac de la journée de mercredi (31 juillet).


  • Il y a beaucoup de femmes dans la police. Tous sont vêtus de vert kaki, la tête dépassant de façon comique de leur gilet pare-balles enfilé par-dessus leurs manteaux. Stationnés à de nombreux coins de rues, ils veillent en silence sur les passants. Les femmes semblent avoir été recrutées sur le physique: elles sont surtout extrêmement maquillées. Le contraste entre la féminité de leur visage et leur tenue est remarquable. 
  • Grève de la faim devant le Ministère de la Santé. Ce sont les femmes des employés qui ont été injustement démis de leurs fonctions qui les représentent sur les marches du Ministère. J'espère, ironiquement, que c'est parce que leurs maris sont alités en conséquence de leur grève et non pas pour qu'il puisse aller boire une bière pendant qu'elles continuent la lutte. 
  • Certains immeubles résidentiels sont de véritables bulles. Dès qu'on passe la grille, et la lourde porte vitrée, le silence est total. Du vacarme des moteurs des rues de Santiago, à une petite mélodie douce et accueillante, il n'y a qu'un pas. Il faut s'adresser au gardien, donner son nom, afin qu'il demande l'autorisation de nous laisser monter au propriétaire de l'appartement. Comme à Paris avec les codes, impossible de faire une surprise: il faut croire qu'on ne surprend jamais la merveilleuse routine des businessmen. Les appartements ne sont pas forcément plus grands, mais ils sont neufs, chauffés (comble de la richesse), lumineux. Depuis les balcons, on ne peut que laisser son imagination voler hors du smog de Santiago. Malgré tout, en descendant d'un de ces appartements, nous sommes tombés nez à nez avec une famille en pleurs, une ambulance et des policiers. Les bulles sont faites pour exploser. 
  • Les amoureux des parcs. Les jeunes résident longtemps chez leurs parents, dont ils sont d'ailleurs assez proches en général. Entre l'enfant-roi italien et les adultes responsables et presque indépendants, le statut des jeunes chiliens est difficile à cerner. Cela dit, le constat global est que très peu ont les moyens de vivre seuls dans la capitale. De ce fait, les couples se retrouvent dans les endroits publics, et ont du mal à s'y détacher. J'ai vu dans le métro un couple dont les lèvres ont failli être pincées par la porte tant leur baiser entre quai et wagon a duré longtemps. Même en hiver, ils se retrouvent sur les bancs, où personne d'autre ne semble vouloir s'asseoir. Enlacés, affalés l'un sur l'autre, ils s'embrassent ou se murmurent des paroles secrètes. Certains vont même jusqu'à s'allonger dans l'herbe au soleil, et on ne voit plus qu'un corps très large au lieu de deux. Pour un pays réputé conservateur, c'est surprenant au premier regard, puis finalement presque attendrissant.
  • J'ai indiqué son chemin à un chilien. Moment de gloire personnelle, légèrement atténuée puisqu'il m'a demandé où se situait le métro Bellas Artes, c'est-à-dire mon arrêt. Tout de même; je me suis sentie exceptionnelle.
  • La cathédrale. Elle vient de rouvrir, après avoir été fermée jeudi dernier. Des manifestants pro-avortement ont interrompu la messe et taggué la façade extérieure, allant à l'encontre de droits fondamentaux, et des normes de protection des lieux de culte. Mauvais mouvement, je pense, dans une société, qui si elle perd son influence catholique, reste extrêmement conservatrice. La cathédrale en elle-même est assez jolie. Parfaitement entretenue, elle en apprend beaucoup sur la société chilienne: des pancartes insistent "Je ne crois pas en Dieu que qu'en j'ai une demande". Pourtant, ce sont les autels dédiés aux saints qui guérissent ou apportent quelque bonheur qui sont les plus recouverts de demandes, fleurs et offrandes. Á travers une grille, l'on peut apercevoir une cour ensoleillée où pousse de magnifiques orangers. C'est une partie hors de la cathédrale, réservée aux prêtres j'imagine.
  • Les policiers sont aussi à cheval dans le parque forestal. Je me demande bien comment ils rejoignent ensuite le centre hippique, qui se trouve beaucoup plus au sud de Santiago. Je crois n'avoir jamais vu de chevaux aussi grands, ou ce sont leurs cavaliers qui étaient disproportionnellement petits.
  • La montée au Cerro San Cristobal. Avec trois SciencesPotes, nous sommes remontés au Cerro San Cristobal (colline), mais jusqu'en haut cette fois-ci. Nous avons choisis le chemin de randonnée le plus incliné, ce qui a fait travailler nos jambes et a abîmé nos baskets. Le sommet offre une vue, à la tombée de la nuit, époustouflante. Les lumières de la ville s'étendent plus loin que les yeux portent. On rencontre au sommet des chiliens et des étrangers, et au pied d'une immense vierge illuminée, on discute doucement du parcours de chacun. La descente est plus pénible, à cause de la nuit il faut suivre une route bétonnée qui est la seule plus ou moins éclairée. Les chiens errants attaquent les cyclistes qui n'ont de cesse de monter et redescendre à toute vitesse. On marche en ne parlant pas trop fort, jusqu'au moment où on rejoint enfin le plein centre de Santiago, grouillant de monde à l'heure de pointe. D'où la question du stop, puisque de nombreux touristes descendent en voiture du sommet, mais personne ne s'arrête: security reasons, of course. Il y a aussi un funiculaire, mais le trajet coute 1500 pesos (un peu plus de deux euros), comprenez, on devient vite radin en tant qu'étranger au Chili.
  • Soirée entre colocs à regarder "Up" ("Là-haut" en français), un disney-pixar dont je devais faire partie du faible pourcentage de personnes sur terre à ne pas l'avoir vu. Je le recommande vivement! http://www.youtube.com/watch?v=p-TdCD6DBfM