mercredi 15 septembre 2010

Nos silencieux remords

Celui-là.
Le noir?
Oui, le grand, pas celui au milieu. Ou alors...
Oui?
Peut-être celui tout à droite.
Le basané? Vous êtes sûr?
Non. Mais il faut bien un coupable.

Il faut toujours un coupable. Quelqu'un à désigner, au choix parmi la foule, celui là ou un autre. N'importe lequel, il y le choix. En choisir un, le parfait inconnu, au hasard. Pas besoin de réfléchir, ils ont tous quelque chose à se reprocher. Pas nous. Ou en tout cas pas moi.
Et puis s'il y en a qui pleure, qui ont mal, qui souffrent, sur qui pleuvent les injustices. C'est que quelqu'un est coupable, irréfutablement. Je ne sais pas qui, et alors? Moi je sais qu'il y a des victimes. Il ne reste qu'à punir. Il faut bien qu'il y en ai qui paient, pour tous ceux qui ne le font pas, ou pas assez.
L'accusé n'a rien dire, qu'est ce qu'il dirait? Selon eux nous sommes tous innocents. Pourtant le Monde n'est pas parfait et il y a toujours trop de malheureux. Qu'il observe le silence, et qu'il se taise. Sa parole ne compte pas, elle n'a jamais comptée. Il excellera dans le rôle du coupable. Accusé, levez-vous, vous êtes coupable et condamné.
Par qui? Mais il n'y a pas de tribunal. Juste des victimes. Des désespérés, qui n'ont plus rien que la rancœur. Ils ont besoin de quelqu'un pour porter le chapeau, tout ce qui leur arrive ne peut certainement pas être de leur faute. Alors voilà, ils choisissent, n'écoutent pas, n'entendent plus, puis ils condamnent, sans témoin et sans prévenir.
Peut-être le coupable entendra-t-il les silencieux remords de nos verdicts. Mais ils ne seront jamais avoués.
Puis ce sera un autre, et encore un. Les rôles s'inverseront, la victime sera condamnée, l'accusé portera sa peine.
Car nous sommes tous coupables d'être des victimes.

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