vendredi 6 septembre 2013

Breaking news on CNN (Chaîne Nationale de Nays-land)

Après m'être réveillée sans raison vers 5h du matin et avoir pris le petit-déjeuner avec un colocataire, je me suis rendormie en attendant patiemment la sonnerie de mon téléphone. Lorsque je me suis de nouveau réveillée, il m'a semblé étrange de ne toujours pas avoir entendu le bruit strident de l'appareil, que j'avais caché à l'autre bout de ma chambre pour être sûre de me lever. Évidemment, il s'était éteint car la batterie était vide: j'avais bien pensé à le brancher, mais la prise n'était pas parfaitement rentrée. J'ai donc loupé encore une fois la natation. 

Je suis sortie en courant pour arriver à l'heure à mon cours suivant, de Seguridad humana, mais c'était sans compter avec la manifestation qui était partie de Plaza Italia vers 10h et arrivait donc vers midi chez moi. Les policiers affrontaient les manifestants dans le parc en face de chez moi. J'aurais été assez impressionnée si mon cerveau n'était pas encore complètement endormi. En bas de l'immeuble, Thibault, un français qui étudie dans la même université que moi, et son colocataire chilien, contemplaient le chaos total qu'était la rue. Les policiers en moto roulaient au centre de la rue, pour être certains de ne pas pouvoir être atteints par des projectiles lancés par les habitants des immeubles, qui les insultent depuis leur fenêtre. La station de métro étant fermée à cause de la manifestation, nous nous sommes mis en route vers une autre station. C'est là qu'au coin de la rue, j'ai commencé à sentir une odeur étrange, très forte, âpre, qui rentre dans la bouge avant de monter jusqu'aux yeux. Comme vous l'avez compris, j'ai fait aujourd'hui ma première expérience avec le gaz lacrymogène. Ça pique les yeux, ça donne la nausée, et on pleure comme une madeleine. Avant même d'avoir participé à une manifestation, j'en suis déjà dégoûtée. Je serais un être apolitique, et tant pis pour l'action collective de la rue. 

Si aujourd'hui une simple manifestation a dérivé, je commence à comprendre l'angoisse qui se tisse autour de l'arrivée du 11 septembre. Lorsque vous pensez 11 septembre, vous imaginez mémoire des attentats de New York. Ou bien comme moi, prueba de géodemographie. Ici, le 11 septembre 2013 sera la commémoration des 40 ans du coup d'État. En prévision de ce jour, l'université suspend les cours à partir de 16h pour "questions de sécurité", l'entraînement de rugby est annulé, et mes colocataires ont déjà prévu d'approuver ou non mes déplacements. On se prépare à la guerre civile, et ça n'est pas rassurant. J’exagère légèrement sur le concept de guerre civile, comme d'habitude, il faut juste savoir être intelligent et éviter certains endroits et certaines heures.

Nous ferons une mention spéciale pour le service de nettoyage de la ville, qui en quelques heures réussit à effacer toute trace de la manifestation. C'est suspect. 

C'était Anaïs, sur CNN. 

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