lundi 30 septembre 2013

"Jamais tu ne verrais ça chez nous" Hugo, en voyant les montagnes juste au-dessus de nous

Bien le bonjour à tous! (Phrase d'ouverture du cours de Microéconomie par Monsieur Wasmer, première année de Sciences Po, un traumatisme que je souhaite partager avec vous). 
Ou sinon je vous salue normalement: bonjour chers européens qui plongent dans le froid tandis que j'oublie de plus en plus souvent ma veste!

Comme le voyez, je suis de bonne humeur. En toute honnêteté, c'est parce que je viens d'apprendre que mon cours de Política exterior comparada, qui termine lentement ma journée de cours entre 17h et 18h20, est annulé. Le prof devait me rendre une mauvaise note, ce sera une mauvaise nouvelle de moins pour la journée donc!

Comme certains le savent déjà, j'ai passé mon week-end à la montagne, dans le Cajón del Maipo, que je vous invite à googliser (c'est-à-dire à rechercher sur google) pour avoir quelques photos en attendant les miennes. 

Mais avant cela, d'autres petites histoires urbaines. Vendredi soir, mon nouveau colocataire anglais Hugo avait repéré un concert de musique électronique au GAM, un centre culturel assez récent qui se situe tout près de chez nous. C'est un peu le Centre Pompidou chilien, vous pouvez le googliser aussi (maintenant vous savez ce que c'est!). J'y suis donc allée avec lui et deux autres colocataires. Il s'agissait d'un trio allemand, composé de deux "DJ" et un batteur. L'un des DJ a aussi un clavier, et c'est le mélange entre musique électronique et instruments qui fait leur particularité. Le public est assez varié: beaucoup de jeunes, mais aussi des personnes plus âgées très bien habillées, ce qui nous a d'abord un peu surpris. Nous avons réalisé, lorsque l'ambassadeur français a débarqué sur la scène pour faire un discours qu'il a qualifié lui-même, avant de le commencer, "d'ennuyeux", que le concert faisait partie d'une semaine culturelle franco-allemande au Chili. Le concept est assez étrange, surtout lorsqu'il vous est présenté sous forme d'un discours qui rappelle de Gaulle et Adenauer, le traité de Versailles et celui de l'Elysée. Autre bizarrerie: nous étions assis! C'est pourquoi après vingt minutes de concert, le groupe a invité ceux qui voulaient à se lever pour danser, même si dans le cas de la musique électro, il faudrait plutôt dire: passer son poids d'un pied à un autre en balançant la tête légèrement et en gardant les yeux fermés. Au final, nous sommes mêmes montés sur la scène, tout près du groupe, ce qui a bien détendu l'atmosphère un peu étrange du début du concert. 
Moi qui ne suis pas une grande fan de ce genre de musique, j'ai adoré. Je vous laisse ici le lien, pour ceux qui voudraient risquer leurs oreilles à écouter. Soyez curieux!

À la fin du concert, les deux ambassades avaient organisé un cocktail, d'où les tenues très chic de certains spectateurs. Nous avons pu déguster du fromage français, qui battait de loin les bretzels allemands, et du vin qui faisait de l'ombre à la bière de notre partenaire européen. C'était étrange de se retrouver au coeur d'une soirée mondaine plus française qu'allemande il m'a semblé, et de parler espagnol avec ses colocs tandis que tout le monde autour parle français. Je me sentais aussi un peu hors contexte au niveau vestimentaire, jusqu'à ce que l'un de mes colocs remarque que les couleurs correspondaient au drapeau français et qu'un autre qualifie mon style de "grunge". Pour information, je portais juste un short en jean, un débardeur style marinière, des collants noirs, un pull noir et un bonnet rouge. 

Samedi matin, nous avons tous traîné dans le salon, enchaînant le petit-déjeuner et le déjeuner par flemme de faire autre chose que manger. Chika le chien était contente, car tout le monde a voulu à un moment ou un autre profiter du soleil dans le parc ou aller manger une glace, et elle a donc eu six fois sa dose de promenade de la journée. J'ai découvert un glacier excellent tout près de la maison: banane caramel, chocolat piquant, Nutella, les parfums sont variés et délicieux! 

J'en ai aussi profité pour finir mon déménagement de chambre. Je devais vider la mienne pour l'arrivée de Hortense, notre nouvelle colocataire (c'est un peu le débarquement français en ce moment), mais mon colocataire dont je récupère la chambre n'avait pas encore changé ses affaires dans celle de l'écossais, qui est parti ce week-end. Du coup mes affaires sont pour l'instant réparties entre le salon et les chambres. C'est très pratique, je dois toquer à chaque fois: "Coucou, je peux récupérer mon cahier qui est dans un sac dans ta chambre?" "Aurais-tu l'amabilité de me passer mon pull qui est dans une valise dans ta chambre?""Oui je suis en train de me mettre du vernis dans la cuisine, mais je suis SCF!". Bon rien de grave, car chino est en voyage, je peux squatter sa chambre en attendant.

(suite, sans accent, je m'en excuse, les ordinateurs de l'université ont des claviers qwerty, ce qui complique l'écriture en francais)

Samedi apres-midi, mon coloc passionné des activités d'extérieur, nous a proposé a Hugo l'anglais et moi une escapade au Cajón del Maipo. Nous sommes partis vers 18h, juste avec nos sacs à dos bien remplis, et emmitouflés dans des vestes de montagne. Il suffit de prendre le métro jusqu'à Puente Alto (notez l'effort sur les accents), puis de prendre une micro (un bus) ou la voiture dans notre cas, pour se rendre au Cajón. Comme nous sommes arrivés tard dans la vallée, le chemin aménagé pour rejoindre notre destination était déjà fermé. Heureusement, notre expert de la zone nous a tout naturellement amenés sur le terrain d'une vieille dame minuscule, où nous avons garé la voiture pour 500 pesos chacun. De son terrain part un sentier qui permet de rejoindre le chemin aménagé plus haut dans la montagne. Mais quel sentier! Nous sommes partis dans la nuit noire, avec uniquement deux lampes de poches. Je fais ici une pause, pour remercier maman de m'avoir acheté cette lampe rouge, elle a bien servi, plus que le pyjama en tout cas! Le début du sentier ressemble à du sable, et il faut marcher tout près les uns des autres pour ne pas se perdre entre les genres de cactus et plantes sèches. Puis, tout à coup, la pente augmente, et nous avancons avec les mains au sol pour ne pas glisser. Le sac pèse et tire vers le bas de la pente, tandis que l'ascencion vous coupe le souffle. Le silence est complet, chacun se concentre sur sa respiration, et on entend juste les expirations rapides des autres. Le sentier s'enfonce ensuite sous des arbres, longeant ce qui paraît être, dans la nuit, un petit ruisseau, mais qui est finalement bien profond. On monte et on descend, toujours sans parler, avec le clapotis de l'eau qu'on met du temps à entendre puis qu'on ne peut plus se passer d'écouter. De temps en temps on fait une pause, juste pour le plaisir de sentir la brise chaude qui descend des montagnes (je ne me souviens plus du nom de ce phénomène). On éteint les lampes pour mieux profiter des étoiles, puis on continue. Après quarante minutes de marche, on rejoint, un peu decus, le chemin aménagé. Pato me terrorise avec la légende du chupacabras, que personne n'a jamais vu mais qui tuerait des animaux en absorbant parfaitement tout leur sang. On passe une zone de camping aménagée, pour s'enfoncer de nouveau dans la forêt. Au bout de quelques minutes, une lumière apparaît entre les arbres. Nous rejoignons enfin le campement, où des amis de Pato nous attendent déjà, avec un feu magnifique et trois tentes plantées entre les arbres. Deux hamacs sont aussi installés, et j'ai eu alors une forte pensé pour mon mexicain de père.

LA SUITE DONC (même une semaine après)

Nous sommes restés bien tard autour du feu de camp, parfois sans dire un mot pendant de longues et délicieuses minutes. Je ne sais pas vous, mais je suis fascinée par le feu, et je peux me perdre dans mes pensées en regardant les flammes. Nous avons aussi improvisé des pizzas avec des tortillas mexicaines comme base, et des bananes chauffées sous la braise. Tout cela accompagné d'un bon vin chilien, que nous avons laissé près du feu avant de le boire, pour qu'il chauffe un peu et prenne une saveur différente.
Juste avant d'aller dormir, j'ai été avec Pato juste en-dessous du campement, voir le torrent. C'est impressionnant car nous sommes passées en quelques secondes d'un bois très dense à un espace complètement dégagé. Du bord de l'eau, on voit parfaitement que l'on se trouve dans un genre de canyon boisé entre deux montagnes. À l'une des extrémités, les hautes montagnes enneigées se détachent du reste du paysage, car le blanc qui les recouvre semble être une source de lumière. C'est là que nous avons vu une étoile filante incroyable. J'en ai vu beaucoup, notamment l'été dernier en Espagne, mais jamais comme celle-ci. Elle était gigantesque, a traversé le ciel lentement, et sa couleur orangée n'avait rien à voir avec les petits points blancs qui apparaissent et disparaissent en une seconde. De plus, deux petits points orangés se sont détachés de l'étoile et l'ont suivie dans la queue qu'elle formait. C'est difficile de décrire une étoile filante, mais le moment était époustouflant. Malheureusement, l'air est beaucoup plus froid près du torrent, et nous sommes rapidement retournés nous coucher. Il faisait tout de même trop froid pour dormir à la belle étoile, et nous avons donc dormi à cinq dans une tente, ce qui était pire qu'une boîte de sardines, mais au moins on reste au chaud!

Le lendemain, réveil tardif, sans courbature d'avoir dormi sans tapis. Nous avons pris un petit-déjeuner arrosé de maté, le thé argentin que vous devez tous connaître (sinon vous savez ce qu'il vous reste à faire), et dont je raffole. Nous sommes ensuite partis escalader. Tout près du campement se trouve un rocher gigantesque, d'environ 25m de haut, dont les voies assez faciles attirent beaucoup de grimpeurs amateurs. Les deux "pro", Pato et un ami à lui qui est professeur d'escalade (j'insiste bien, pour rassurer les angoissées de la famille), nous ont installé une voie, et nous avons pu grimper. La première fois, je ne m'étais pas du tout rendue compte de la hauteur, et j'ai été assez surprise en regardant en bas. Mais la vue d'en haut était exceptionnelle. J'ajouterai des photos dès que Hugo me les enverra. J'ai grimpé plusieurs fois, avant de tenter une voie plus technique que seulement nos deux spécialistes avaient réussi parmi le groupe. Je suis la seule à avoir atteint la deuxième étape difficile de la voie, je suis donc repartie un peu frustrée mais assez fière, et avec une folle envie de revenir me confronter à la roche.

Après avoir joué au frisbee, ce que je ne sais absolument pas faire, nous sommes finalement redescendus de la montagne. Les empanadas achetées avant de rentrer ne m'ont pas assez consolée, et le choc en sortant du métro est déstabilisant. Passer d'une nature vierge, sauvage, imposante comme celle du Cajón aux buildings de Santiago en une heure, ça fait un pincement au coeur!

Voilà pour mes aventures montagnardes, qui auront, j'en suis certaine, une suite.

Dans la semaine, quelques bonnes nouvelles au niveau des notes, je n'ai jamais aussi bien réussi qu'ici! Tant mieux, car je ne savais pas à quoi m'attendre.
Dans un prochain article, vous découvrirez quelle nouvelle activité je pratique deux fois par semaine (les Radelli savent déjà), comment je vais gagner un peu d'argent pour mes voyages de cet été, et surtout où je pars demain.

Je vous embrasse fort, prenez soin de vous.

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