lundi 14 avril 2014

Avez-vous déjà vu...

Une danseuse de ballet sautiller sur une musique hip-hop?

Hier soir, une amie danseuse de Pato nous avait invités à la soirée de lancement du programme mis en place pour la Journée Internationale de la Danse, le 29 avril.
La représentation avait lieu au sublime théâtre municipal de Santiago, réplique parfaite des théâtres classiques européens. Tissus et rideaux rouges, balcons crème et doré...


Nous montons au troisième étage, où un jeune homme en costume nous mène jusqu'à nos places. Pato, qui n'était jamais venu à ce théâtre unique en son genre à Santiago, paraissait un tout petit peu perdu. Il a surtout été très déçu en se rendant compte que de là où nous étions assis, l'on ne voyait absolument rien. Ou juste la moitié de la scène, le fameux côté cour. S'en est suivi une discussion sur la composition du th´âtre, le "être vu" surpassant le "voir ce que je suis venu voir". J'ai tenté de traduire le mot "poulailler" mais je cherche encore la traduction, "mais si, tu vois, la maison des poules?".




Tout en bas, j'ai vu un vieil homme très élégant prendre place. Avançant avec sa canne, et saluant tous les placeurs, il se levait à chaque fois qu'une dame venait le saluer. Je l'ai fait remarquer à Pato, qui n'a pas trop compris pourquoi ce personnage m'intriguait. Il s'est avéré qu'il était une figure émerite de la danse chilienne, puisqu'il a reçu un prix de reconnaissance pour sa carrière lors de la cérémonie: j'ai l'oeil! (mais pas la mémoire, je tente de me souvenir de son nom...).
Avec quelques minutes de retard, nous laissant le temps de discrètement changer de places pour finalement voir parfaitement la scène, un acteur présentateur a enfin foulé la scène. Très drôle, il a réussi à sauver l'ambiance et nous faire rire malgré le discours soporifique et plat de la ministre de la culture, avant de laisser place au spectacle.
La représentation fut géniale. En seulement sept répétitions, trente-deux danseurs de toutes disciplines avaient monté ce spectacle. Le but était de promouvoir les différents types de danse présents au Chili, mais surtout de les mélanger, afin de célébrer la danse comme art aux visages variés.



Les premières scènes furent celles d'une fête, puis d'un hilarant cours de danse classique. Chaque danseur exécutait les exercices à sa manière, avec son propre style.


La mise en scène était par la suite bien pensée. Durant toute une partie, les danseurs passaient sur la scène comme s'ils marchaient dans la rue, jusqu'à ce que l'un d'eux se détache et commence son solo.


À un autre moment, tous étaient sur scène, en demi-cercle, ce qui donnait l'impression au public de former l'autre partie du cercle. Ce fut une véritable fête, tout le public applaudissant au rythme des danseurs qui enchaînaient les solos ou "battles", confrontations en duo.
Nous avons pu voir du pole dance, des hommes et un transgenre en stilettos, de la danse africaine, de la salsa, du ballet, du hiphop, du contemporain, de la cueca, un style improbable que je nommerais dans mon ignorance le "contraction bizarre de chaque muscle" (le shaking-muscle style, ça donne bien aussi!). Des "ho! ha!" s'entendent dans le public, des rires pour le jeu d'acteurs de ces artistes comblés au vu de leur sourire.
Le tout était appuyé par la musique d'un excellent DJ, qui mixait en live tous les styles de musiques imaginables. Nous avons entendu des classiques du pop et du rock, mais aussi du rap, du jazz, du inclassable. Et les danseurs évoluaient avec brio sur chacun des rythmes. Un merveilleux moment fut celui où un violoncelliste vint jouer un morceau très connu du répertoire classique, tandis que trois danseurs de hip hops enchaînaient les saltos.
La salle n'arrêtait pas d'applaudir à la fin de la représentation, emportée par cette véritable fête de la danse.

Malheureusement, notre inspiration a été coupé nette par un nouveau discours ennuyant, lu et sans âme d'une représentante du Conseil National de la Culture. Puis des vidéos biographiques ont précédé la remise de prix, ainsi que de nombreux bouquets de fleurs que les médaillés ne pouvaient pas porter, à deux figures de la danse et de sa gestion au Chili.
Dans le hall principal, un cocktail était organisé. Nous avons siroté nos "vodka sour" en attendant les artistes, qui ne sont pas sortis avant que nous partions. En sortant, j'ai entendu derrière nous deux françaises dire à propos de Pato et moi que décidément, ce soir, il n'y avait que des danseurs! Si elles savaient comme je danse bien...

Des bisous!

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