jeudi 17 avril 2014

La mode au Chili

Petit article spécial Chloé, qui ne lit sûrement pas le blog, mais vous lui raconterez!

Mardi et mercredi soir, j'étais invitée à un évènement de la mode Chilienne, le Santiago Día de Moda. À peine le temps de me changer en rentrant des cours, et me voilà partie avec mes colocataires, direction l'Hôtel Sheraton. La mode n'en est en effet pas encore au hipster ou recherche de lieux surprenants. 

L'Hôtel n'est pas très accessible sans voiture. Il se trouve sur la rive Nord du Mapocho, au pied du Cerro San Cristobal. De ce fait, pour y parvenir il faut traverser une grande avenue, puis le fleuve, puis trois voies rapides. Sûrement pour décourager les pauvres peones sans voiture. 

Nous arrivons un peu en retard, mais entrons pleines d'assurances dans l'hôtel, suivant un groupe de jeunes habillés bizarrement, leurs invitations à la main. Nous traversons le hall, où des tas d'employés s'affairent à accueillir, organiser du courrier, ranger et servir. Puis nous passons au bord de la piscine qui en soirée devient une fontaine, et du bar extérieur. Un peu plus loin, une grande tente blanche a été installée, et nous y entrons juste à temps pour le défilé de l'un de nos amis.


Sa collection fut la meilleure de toutes celles qui se présenteront ce soir là. Il faut dire qu'elle avait un esprit d'ensemble, une identité autour du Mexique colonial, confrontant des laines colorées à des tenues plus sobres, avec de hautes et longues jupes. Mais l'on remarque rapidement quelque chose; les mannequins ont toutes l'air russes, elles sont blondes avec des pommettes hautes et bien marquées, leurs yeux sont clairs. Entre les mannequins et le public, que je commence alors à observer, il est impossible de dire que nous sommes au Chili. Les têtes blondes se multiplient, les talons aiguilles, les robes ajustées, les corps minces comme l'on n'en voit pas tant dans la rue. 



Les défilés suivant ne sont pas très beaux. Les motifs, style animal print, me semblent vulgaires, tout comme les associations legging et ceinture haute métallisée. Même la marque de sport qui défile, proposant des leggings intéressants, les associe à d'affreux teeshirts qui me rappellent les marques pour pré-ado en France: "Love" "I am a princess" peut-on lire comme imprimés. 

Une marque de lingerie joue dans le plus sobre, avec des couleurs moins criardes et plus élégantes, mais le reste est à l'opulence, au blingbling, et comme souvent au Chili, au démonstratif. Le beau est le riche et le riche est le beau, le brillant est donc beau. 


De plus, des détails sautent aux yeux. Je ne pense qu'à Chloé et aux défilés de la Cambre où le moindre détail comptait. Cette fois, j'aperçois les étiquettes encore collées sous les stilettos. Ou bien l'étiquette d'une culotte transparente lorsque la mannequin fait demi-tour. Une personnalité de la mode (apparemment) se fait interviewé avec une tâche sur sa robe. Il manque la petite touche qui rend le tout exceptionnel. 

Qu'il ne soit pas dit ou pensé que je suis snob, il y avait également de belles choses faites avec attention. Et j'accorde beaucoup de valeur à ce que le Chili ne suive pas sans cesse la voie des autres. Mais il ne faut pas pour autant basculer dans un relativisme complet, chacun ses goûts, et je ne suis pas prête à porter un débardeur léopard!

D'un point de vue vestimentaire, je trouve souvent un détail qui fâche dans la tenue des spectateurs. La robe est belle, la coiffure aussi, mais pourquoi ce sac à main rose fluo? Je ne me prétends pas spécialiste de la mode, j'aime surtout lorsque quelqu'un crée et revendique son propre style. Justement, je trouve finalement encore pire que les clones en jean slim ballerine frange sur le nez, ces jolies jeunes chiliennes qui portent ensemble tout ce qu'on leur a dit qui était le hit de la saison. Et tant pis si ça ne va pas ensemble. 

Si en Europe les évènements un peu "haute-société" me marquent déjà, ici j'en étais presque dégoûtée. La déconnexion est trop grande, entre ce nouveau monde on l'on vous propose du prosecco ou du mousseux, où l'on répond "ha du champagne, j'adore", et le Chili de la majorité. Il faut dire que ce jour-là, j'avais eu examen de mon cours Introduction aux études de la pauvreté, donc j'avais passé la journée à lire sur ce thème. 

L'apothéose de toute cela, c'est le présentateur. Vous l'aurez compris avec la représentation de danse l'autre jour, que tout show s'accompagne d'un présentateur. Vous voyez celui du Little Miss Sunshine? Avec un grand sourire et une tête figée par l'habitude, sans besoin de chirurgie. Il entre juste quelques instants sur la scène, annonce que nous allons voir des défilés (surprise!) et ressort avec le même sourire tandis que tout le monde applaudit. Forcément, puisqu'il est de la télévision et de sa farandula (comprenez le groupe de stars inutiles qui passe dans les shows télés, les people en gros).

J'ai tout de même bien rigolé, lorsque une demoiselle en robe plus petite que son corps est venue m'interviewé avec son cameraman. Je m'attendais, un peu paniquée, à une question sur le défilé. Lorsque la phrase a commencé par "En hiver..." j'étais désespérée, anticipant la question sur l'accessoire à avoir pour la saison. La suite était pour le moins déconcertante: "... tu préfères dormir collée à ton petit ami, ou faire l'amour?". J'ai mis une seconde à réagir. Crier au scandale ou jouer le jeu? Je me suis amusée à lui répondre, en parlant avec la voix la plus idiote au monde, en secouant les mains et traînant sur les syllabes, rigolant comme une cruche. "Faire l'amouuur, en Belgique il fait tout le temps froid, il faut bien s'occuper!" Elle a adoré, l'assistante était morte de rire, et j'ai ensuite réalisé que si cette vidéo sortait un jour, ma carrière était fichue. 

Mes belles colocataires italiennes!


Des tas de bisous, le prochain article sera sur l'université, dont je ne vous ai pas parlé depuis longtemps. 




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