vendredi 14 mars 2014

Être volontaire aux Juegos Suramericanos! - Derniers préparatifs et Cérémonie d'Ouverture

Bonsoir tout le monde,

Comme le suggéraient les photos, de jeudi à mardi, j'étais volontaire aux Juegos Suramericanos, les JO de l'Amérique du Sud. Après avoir été perdue dans le système, envoyée à gauche à droite virtuellement, on m'a finalement assignée au Pentathlon moderne, comme Assistante Protocole.

Les épreuves de déroulaient toutes dans un lieu plutôt inaccessible en temps normal, et que j'ai donc eu la chance de connaître; la fameuse école militaire. La relation du Chili avec les militaires et comme vous vous en doutez, houleuse selon certains, traditionnelle pour d'autres. L'école est extrêmement prisée par les classes sociales élevées. La scolarité est extrêmement chère, et doit se payer en une seule fois. Les étudiants y résident en pension complète. 



Lors des dernières formations, à quelques jours du début des épreuves, notre petit groupe de volontaires a pu se faufiler dans cette antre controversée du pouvoir, située en plein quartier "haut". J'ai ainsi découvert que les élèves de première année ne sont pas autorisés à marcher dans les allées ou couloirs: ils doivent constamment courir d'un lieu à l'autre, tout en s'arrêtant immédiatement pour saluer n'importe quel officier. Cela crée un mouvement assez ridicule dans l'école. Le bâtiment est austère, gris ou beige, je ne saurais décrire, et imposant. Les couloirs extérieurs sont de vrais dédales, mais en s'y perdant, par mégarde et involontairement bien entendu, on y découvre de petits trésors. Comme par exemple l'atelier du couturier officiel, où s'empilent des uniformes de toutes les couleurs, et où des boutons dorés attendent d'être glorieusement cousu à une veste. Les gants blancs immaculés sont accrochés dans tous les coins. Dans un minuscule patio se trouve une boutique, qui vend toute sortes d'articles de survie ou de montagnes. De véritables gadgets qui semblent devoir consoler ces futurs militaires en manque de terrain. 
Derrière ce semblant d'organisation parfaite, l'on ressent tout de même la signature chilienne. Des jeunes militaires qui s'attardent à discuter avec leur copine qui, par hasard sans doute, est volontaire. Un autre assigné à la surveillance qui se cache dans l'ombre d'un arbre tandis que ses camarades marchent en cercle, arme à la main, et chantent pour garder le rythme. Je devais surtout découvrir à quel point l'école militaire est le centre nerveux d'un petit monde très bien placé. 

Malgré la désorganisation apparente lors des formations, puisque nous sommes parfois venus et restés des heures pour rien, le jour de la cérémonie d'ouverture est arrivé. Le service au public de Pentathlon, auquel j'étais rattaché, était en charge d'une porte lors de la cérémonie ayant lieu dans le Stade National. Nous sommes arrivés très tôt, et déjà l'ambiance était électrique. Au partage des tâches, j'ai été désignée coupeuse de tickets, un rôle qui s'est avéré être plus surprenant que ce que je ne pensais. Avec Sara, ma nouvelle copine volontaire, chilienne un peu cliché des riches chiliens, qu'il faut s'imaginer comme des américains, nous en avons vu de toutes les couleurs! Tout d'abord un homme avec lunettes sombres, oreillette et costume noir, tout droit sorti de James Bond, qui s'est approché discrètement de moi, et m'a appelée; "Sécurité et assistance du Président", m'a-t-il dit en sortant de sa poche et en ouvrant un petit portefeuille noir contenant son badge. Le Président, à ce moment Piñera dans ses derniers jours, avait faim, et désirait un sandwich. L'homme de la sécurité voulait donc entrer voir les stands des couloirs du stade pour trouver le fameux sandwich. Je l'ai laissé passé, estimant son autorité plus haute que la mienne, mais il est revenu bredouille. Je lui ai tout de même signalé qu'un buffet attendait certainement le Président dans la zone VIP et qu'il ne devrait pas trop se préoccuper du sandwich. 
Lui ont succédé toute une série de personnes sans tickets, qui arrivent à huit avec grand-mère et enfants avec seulement trois tickets. "Mais vous n'allez pas séparer une famille quand même?". Il faut quand même du culot pour faire tout le trajet et venir jusqu'à la porte en comptant juste sur l'idée de faire craquer le volontaire chargé de l'entrée. Certains se sont débrouillés pour trouver une entrée, d'autres criaient au scandale jusqu'à ce qu'un coordinateur soit obligé de leur donner des entrées pour qu'ils arrêtent, d'autres encore sont passés par la force, à grand renfort de cris, de gestes menaçants et d'insultes. La présence de l'agent de sécurité à mes côtés, qui m'avait paru superflue au départ, m'a été finalement utile et surtout rassurante. 
Nous avons aussi eu le cas de familles qui arrivaient avec seulement les entrées pour les adultes, et lorsque nous leur demandions les tickets des enfants, s'énervaient car les contrôleurs de l'entrée principale leur avaient ôtés en disant que les enfants n'en avaient pas besoin. Faux, car seuls ceux de (plus ou moins, à la chilienne quoi...) moins de trois ans étaient dans ce cas. C'est ainsi que nous avons démantelé un réseau de corruption et trafic de tickets! Les gardes à l'entrée récupéraient ceux des enfants, pensant que nous les laisserions passer pour ne pas bloquer toutes ces familles, et les revendaient aux gens sans entrées qui attendaient dehors. 
Dernier cas que j'aimerais raconter, un couple qui avait sur ses tickets une localisation qu'aucun de nous ne connaissait. Après "Galeria Norte" Pacífico Norte" "Pacífico Bajo" "Coda Norte", et tout cela en version "Sur", que nous avions du apprendre par coeur, pour pouvoir diriger les gens, eux avaient un endroit méconnus de tous. Ils nous disaient avoir fait le tour du stade en cherchant, aiguisant notre pitié jusqu'à ce que je fasse appel à une coordinatrice pour les aider. Eux avaient effectivement des tickets. Pour la natation. La coordinatrice, un peu énervée, nous a collé les billets sous le nez, et un peu honteuses, nous avons envoyé le couple jouant les innocents à la chucha comme on dit ici.

La cérémonie était plutôt bien, sauf qu'ils n'avaient prévu qu'une chanson en boucle pour le défilé des délégations, qui a failli nous rendre fous. Je retiendrais surtout le magnifique feu d'artifice! Détail étrange pour moi, mais révélateur de tout ce que vous lirais sur le reste de mon volontariat, la cérémonie s'est ouverte sur un défilé des orchestres des gendarmes, de la marine et de l'armée de terre. Ils ont ensuite interprété l'hymne national, que tous ont entonné en coeur. Une vieille dame me regardait de travers car je ne chantais pas, j'ai eu envie d'aller lui dire que je n'étais pas chilienne, et puis que quand bien même, c'était mon droit de ne pas chanter. Mais les chiliens sont vraiment très patriotiques. 




Je n'ai jamais autant dit "Bonsoir, bonne nuit, merci beaucoup, bonsoir, merci, j’espère que vous avez aimé!", mais quelle fierté de voir ces enfants admiratifs des volontaires qui demandent timidement s'ils peuvent prendre une photo avec nous! 

Je suis rentrée avec Pato, Hugo et Nico, à qui j'avais réussi à trouver des entrées, déjà fatiguées et un peu inquiète pour le début des épreuves le lendemain car je ne connaissais toujours pas en quoi consistait mon rôle!

Je vous embrasse

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