vendredi 14 mars 2014

Être volontaire aux Juegos Suramericanos! - Le Pentathlon moderne

Bonsoir tout le monde,

Vous voyez que je vous gâte, vous avez le droit à un deuxième article! Reprenons donc.

Début des épreuves, et déjà le premier jour, je n'entends pas mon réveil. Panique à bord, je saute littéralement dans mon uniforme et suis obligée de partir en taxi. Bien entendu il n'y a eu aucune conséquence, car les chiliens ne sont pas vraiment strictes sur les horaires, donc vingt minutes de retard, c'est finalement être à l'heure. Surtout lorsque personne ne sait réellement ce que tu es censée faire. La seule information que j'avais était que je devais m'occuper des VIP (Note pour Chloé et Papa: les VIP'pass - vieilles pipas). 

La première épreuve était l'escrime, mais j'ai été envoyée au stand d'informations à l'entrée de l'école militaire. Personne n'est venu, à part les nombreux volontaires inoccupés qui venaient rire avec nous. Le peu de public qui avait réussi à se réveiller pour venir supporter les athlètes à 9h du matin avait l'air de savoir où il allait. Seules deux brésiliennes entièrement vêtues de perruques, tee-shirts, écharpes et pantalon jaunes et verts sont venues demander leur chemin. J'ai été très fière de pouvoir utiliser mon portugais!

Plus tard, une coordinatrice est venue me chercher en courant, car des VIPs étaient arrivés. Ils étaient dans le public d'escrime et je devais aller me présenter. Elle m'a également appris que j'avais une coéquipière, ce qui m'a au début rassurée. Je me suis faufilée dans le public, reconnaissant immédiatement "mes" VIPs. C'étaient les seuls en costume cravate. Il y avait un allemand, vice-président de la fédération internationale de pentathlon moderne, le président de la fédération chilienne, celui de l'Uruguay et celui du Brésil. Le chilien m'a directement envoyé chercher de l'eau et a voulu savoir s'ils avaient un déjeuner de prévu. Ma coéquipière, pas plus au courant que moi, n'a pas bougé. Je suis donc partie chercher l'eau, puis je l'ai emmenée avec moi à la zone VIP, à l'autre bout de l'école militaire, là où se dérouleraient les épreuves d'équitation et la combinée. Nous y avons fait la connaissance de Alexandra, d'une entreprise de catering extérieure, qui avait déjà installé tout un buffet. Rassurée sur le fait que nous n'avions pas à nous en charger, je suis retournée en informer mes VIPs. Ils étaient déjà installés sous les petites tentes qui bordaient la piscine extérieure où avait lieu la deuxième épreuve. Sauf que j'ai vite remarqué que la tente VIP était de l'autre côté de la piscine. Pas moyen de les faire bouger de là où ils s'étaient assis, les volontaires d'infrastructure ont donc du échanger quelques panneaux pour corriger le tir. 

Le premier jour étant l'épreuve féminine, j'ai pu voir les courses des nageuses. Le niveau était franchement bas, surtout pour ces pauvres péruviennes qui allaient souffrir tout le week-end. D'ailleurs, la différence de niveau était extrêmement frappante, entre la brésilienne qui domina toutes les épreuves, qui est d'ailleurs deuxième mondiale, et les autres. Après les courses, je suis partie en voiture avec quelques VIPs à la zone VIP tandis que d'autres s'y rendaient en marchant. Ne vous y méprenez pas, c'était deux minutes à pied, dans la même école. Après avoir informé le chauffeur de l'heure à laquelle il devait venir les récupérer, je suis montée avec eux au Club-House rebaptisé zone VIP. Ma coéquipière est arrivée avec les marcheurs, complètement cuits par le soleil et trempés de sueur. La localisation était parfaite pour suivre les deux épreuves suivantes; à l'ombre et en hauteur.  


Dans l'après-midi, durant l'équitation, il n'y avait pas grand chose à faire. Les volontaires d'alimentation s'étaient complètement plantés, et certains sportifs, plus quelques volontaires, dont moi, se sont retrouvés sans déjeuners. Moi, sans déjeuner, imaginez à quel point j'étais enragée. Mais je suis restée calme. Les VIPs qui se fatiguaient des conversations de VIPs venaient me parler, car ma coéquipière ne parlait pas un mot d'anglais. Plusieurs m'ont félicité pour mes études de sciences politiques, me disant que heureusement que je ne faisais pas du droit, "car le monde serait meilleur sans avocats", ce avec quoi je ne suis pas vraiment d'accord. A part parler ou me taire selon leurs désirs ou aller leur chercher les feuilles de résultats et le classement provisoire, ce premier après-midi n'était pas très actif. D'autant plus que ma coéquipière avait l'attitude d'un poisson mort. Si je lui faisais signe qu'il manquait une chaise, elle me regardait avec un grand sourire jusqu'à ce que j'aille moi la chercher. Lorsque je lui ai proposé que l'on aide la fille du buffet, débordée par l'arrivée d'autres VIPs, elle a acquiescé avec un sourire et n'a pas bougé tandis que je proposais et servais des dizaines de cafés. Au final, j'ai reçu dans la soirée un message d'elle; elle s'était tordu la cheville dans l'escalier. Ah bah mince, quel dommage, et puis vraiment, pas de chance... Ce véritable poisson mort était d'ailleurs, pour l'humour, en train d'étudier (je ne sais pas vraiment si ce sont des études) pour être personal trainer (en anglais, traduit ce serait moins cool!). 

Après les multiples chutes en équitation, je n'en avais jamais vu autant en compétition, mais les pauvres, ils jetaient sur des chevaux des femmes n'ayant apparemment jamais approché un cheval, nous sommes passés à l'ultime épreuve. Quatre kilomètres de course, ponctués par quatre sessions de tirs. Tandis que les athlètes se préparaient, la zone VIP se faisait envahir. Il n'y avait plus seulement les présidents de fédération, ou les représentants des comités. Voilà qu'arrivaient les familles des sportives chiliennes, puisque la maman d'une était la femme du président d'on ne sait trop quoi, et que le cousin de l'autre était capitaine militaire, et que le frère de la troisième travaillait avec la femme du Président de la fédération. Ou quelque chose du genre, je n'ai pas retenu. Tout à coup, me voilà entourée de ce beau monde qui rit en se cachant les dents, d'une femme affreuse refaite de partout qui ne pouvait même pas parler à cause du botox dans ses lèvres, des vieillards avachis dans les canapés mais qu'il ne faut pas approcher sous peine qu'ils vous envoient la cavalerie. Et ça parlait du dîner de la semaine passée, et ça demandait du champagne (nous proposions eau plate ou Gatorade, une boisson pour sportifs). Je ne me croyais plus du tout au Chili. Les talons hauts frappaient le sol, les mini-jupes et les robes moulaient des corps faussement rajeunis. La chef générale de l'enceinte est venue nous signaler que toutes ces personnes ne devaient pas entrer, car elles n'avaient pas de pass, mais elle s'est vite rendue compte qu'il était impossible de leur dire quoique ce soit. 


La course s'est déroulée sous les OH AH et simulation d'évanouissement à chaque rebondissement des mères des trois athlètes chiliennes. Je suis rentrée fatiguée, et déçue, car si les épreuves m'avaient plu, je me rendais compte que le pentathlon reste un sport des très riches et pour les très riches, et que la direction des sports n'est qu'une mafia comme une autre. J'ai même cru entendre le chef du dopping demander au président de la fédération s'il fallait vraiment qu'il contrôle les chiliennes...

Le deuxième jour, tous les téléphones portables réglés en automatique pour l'heure ont changé d'heure, problème causé depuis que le gouvernement a décidé de ne pas se caler sur le changement d'heure officiel. Beaucoup de volontaires sont donc arrivés extrêmement en retard, et moi un petit peu car je ne savais pas que le dimanche le métro n'ouvrait qu'à 8h. C'est vrai que je n'ai jamais eu à le prendre à 7h20 un dimanche, et que j'avais complètement oublié le jour. En arrivant, on m'a donc assignée comme assistante d'un juge d'escrime. J'étais responsable de noter les points des matchs sur l'une des pistes, et d'ensuite demander les signatures des athlètes. J'étais donc cette fois aux premières loges. Mine de rien, ce travail relativement simple était fatigant, car il fallait être très attentive et concentrée, alors même que regarder de l'escrime exige de la concentration et fatigue donc beaucoup. Être aussi près des sportifs permet également de se rendre compte des différences matérielles entre eux. Certains avaient un équipement parfaitement ajusté à leur taille et des chaussures spéciales, tandis que d'autres nageaient dans leur tenue et portaient de simples basket. cela se répercutait dans l'attitude lorsque j'allais chercher une signature. Tandis que les brésiliens et venezueliens étaient parmi les plus gentils et chaleureux, je ne reconnaissais absolument pas le Chili dans ces athlètes hautains qui n'aimaient pas la hauteur à laquelle je leur présentais la feuille de match. J'ai tout de même adoré cette expérience, qui m'a beaucoup fait penser à mon amie Marie et à toute sa famille. 

Le reste de la journée a été intense. Il faisait très chaud, et si l'organisation de la répartition de bouteilles d'eau n'était pas la meilleure, une volontaire a été chargée de mettre de la crème solaire à toute l'équipe! J'ai du ensuite voler le van des sportifs pour amener les VIPs à la zone VIP car ils avaient trop chaud pour marcher, aller chercher un hamburger pour le fils du Président de la Fédération Chilienne de Pentathlon, aller acheter des bières car ces messieurs en voulaient, récupérer les scores et classements avant même que les juges les obtiennent... J'avais tout de même de plus en plus de mal à supporter mes VIPs, sauf un, l'allemand, qui adorait me raconter des histoires, car j'étais parmi les seules à bien parler anglais. Il m'a d'ailleurs offert un pin's à mettre sur les rubans de mon pass. Les volontaires de l'aire "Technologie" ont même du grimper dans un arbre pour y mettre un routeur supplémentaire car la vitesse de l'internet ne leur suffisait pas. Ils ne regardaient même pas les épreuves, trop occupés qu'ils étaient à me demander de les prendre en photo avec tel ou tel drapeau, ou bien en imitant les présidents qui se serrent la main. Ils me confiaient tous leurs iphones et ipad pour que je les photographient à la cérémonie de remise des médailles, sans se soucier de savoir qui avait gagné. 

Ce fut la même routine les trois jours, avec en plus la joie du démontage lors du dernier. J'ai réussi à voler une affiche "Baños de los deportistas" pour la coller à la maison, mais ce n'est pas vraiment du goût de mes petites bobos... 
L'équipe de volontaires m'a permis de faire de supers connaissances, de gens venus d'en-dehors de Santiago, de personnes d'horizons différents, et de mieux me rendre compte de ses différences trop grandes qui séparent les chiliens. Accents, attitude, expressions, c'est un monde qui sépare les "cuicos" de Santiago du reste du Chili. Cette expérience me laisse une motivation extraordinaire pour continuer à faire partie du monde du sport et des événements sportifs, mais également un gout amer quant aux personnes qui le manipulent. 

Au final, le volontariat dans un tel événement c'est beaucoup de temps, de patience, apprendre à prendre sur soi lorsque d'autres ne sont pas aussi engagés et motivés, savoir prendre des initiatives, profiter même lorsqu'on est debout depuis plus de dix heures (c'est vraiment long, je vous promets, je rêvais d'une chaise), avoir toujours le sourire, envoyer des messages avec les blagues sur les VIPs discrètement, savoir improviser, grimper dans des arbres, recoller des dossards au scotch, lutter pour avoir son déjeuner, manger des barres de céréales trois fois par jour, se sentir appartenir à une équipe. Ca a aussi été génial de me sentir si intimement proche d'un événement national. 

Bisous à tous!
à suivre: les épreuves que j'ai été voir comme public (gym, volley, basket), la rentrée. Et si vous avez de la chance et moi du temps, ce qui n'est pas dit: mon séjour à puente alto dans la famille de pato pendant mon changement d'appart, la Patagonie sous forme d'historie racontée à Luisa......


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