samedi 8 mai 2010

Battement

Les ombres et le blanc. Le blanc des draps, des murs qui m’entourent. Le blanc de ma peau, sûrement de mon visage aussi. La lumière de la Lune, qui perce la nuit noire et traverse les fins rideaux de la chambre. Le vide oppressant du silence autour. La sensation de n’être rien, d’avoir enfin compris la futilité d’une vie, tout en sentant pour la première fois le sang affluer dans mes veines. Le temps ne s’écoule plus, mon cœur bat faiblement mais régulièrement. Des petits coups, imperceptibles, qui pourtant m’arrachent la poitrine. J’écoute, je sens, je vis chaque battement. Ma respiration suit ce rythme infini.

Mes yeux se ferment. Je vois les couleurs fluorescentes, si agressives, je préfère la pâleur de ma discrète lumière. Je sens de nouveau les vibrations de la voiture sous mes jambes. Je regarde la route qui défile à une vitesse incroyable. Les phares éclairent les arbres sur les bords, l’instant d’une seconde. Ma main posée sur la tienne. Puis une immense lumière m’éblouit, tout s’accélère, la voiture d’en face ne s’arrêtera pas. Mes pensées ralentissent. J’aimerais tourner les yeux à cet instant. Te regarder, parce que je sais que nous n’en avons pas eu le temps. Te dire adieu, te murmurer un au revoir à l’oreille. Tout te dire, n’importe quoi. Le choc est indescriptible, je n’ai pas le temps de crier, ma voix est coupée, le monde se renverse, la vie vole en éclat.

Je me réveille ici. La mort rôde dans le silence de la pièce. Quelqu’un entre. Ce n’est pas toi. Il me prend dans ses bras. M’enlace sans oser me serrer, par peur de me briser. Mes yeux se vident de l’espoir que ce soit toi. Il s’assoit à coté, tout près. Me caresse les cheveux, les bras. Avec sa douceur. Il s’en veut de ne pas m’avoir protégée. Je lui en veux, j’en veux au monde entier de ne pas t’avoir protégé toi. Les battements ralentissent, se font de plus en plus discrets. Je les sens toujours. Pas lui, je le sens se tendre. Je lève les yeux, les plongent dans les siens. Ces yeux auxquels je n’ai jamais su mentir. J’aurais aimé commencé à ce moment-là. Pour pas qu’il n’ait peur comme moi. Il sait. Il s’installe encore plus près, me murmure des paroles que je devine dans le silence qui m’enveloppe. Mon souffle attend le prochain battement. Un dernier coup qui ne veut pas battre. Une dernière bouffée d’air qui n’ose pas venir. Battement.

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