samedi 8 mai 2010

J'adore quand ça gueule dans la cuisine

Je me suis souvent demandée à quoi servaient les salons, les chambres, les ateliers, les salles de bains, les salles de bal, les couloirs, les boudoirs, les entrée et les sorties dans une maison… Parce que finalement, ce qui fait toute l’habitation, c’est la cuisine.

C’est dans la cuisine que l’on découvre la réalité sur une famille. Les familles du bonheur, par exemple, ont un frigo rempli même le dimanche. Dans les familles… normales, le frigo est plein le jour des courses, un jour sur sept, deux heures sur vingt-quatre. Dans les familles parfaites, il y a une motte de beurre au frais et une à température ambiante. On trouve dans ces cuisines des coupes-pommes, des roulettes à pizza, des poivrières électriques, des couteaux qui coupent, une réserve de glaçon, une boîte de chocolats avec des chocolats dedans. Dans les familles parfaites, le lavabo brille (lavé écologiquement), la poubelle est parfumée aux fleurs des caraïbes et les assiettes sont rangées dans leurs placard séparées des verres (c’est possible ça ?).

Mais surtout, dans les cuisines de ces gens-là, il n’y a pas de débris par terre, genre assiette brisée, verre éclaté, carafe renversée. Normal, dans ces familles-là, il n’y a pas d’engueulades dans la cuisine. Pourtant cette pièce, c’est le no man’s land dans la plupart des clans. C’est le champs de bataille de l’armée des enfants et les tranchées de l’empire parentale qui y conçoit des plans d’attaque en astiquant ses armes. C’est dans la cuisine que les petits font des lancers de yaourts, des joutes avec des carottes et des poireaux, que les sœurs balancent tout par terre pour faire croire qu’elles gueulent plus fort l’une que l’autre. La cuisine c’est le refuge des parents qui veulent comploter avec discrétion, c’est le point de départ des séismes familiaux et des catastrophes en tout genre.

Mais la cuisine, c’est aussi le point de ralliement de la tribu autour d’un gâteau. N’empêche que moi j’adore gueuler dans la cuisine. Quand on crie, ça résonne et on a accès au couteau à pain, à la marmite d’eau bouillant et au mixer pour se défendre.

Heureusement que je ne vis pas dans une famille du bonheurs, parce que se défouler dans la cuisine, c’est le bon plan. En plus après une bataille perdue, suffit de tendre la main pour attraper la boîte de chocolats.

Ha merde, forcément elle est vide.

1 commentaire: