vendredi 2 août 2013

Comment faire du stop au Chili?

Quelques nouvelles en vrac de la journée de mercredi (31 juillet).


  • Il y a beaucoup de femmes dans la police. Tous sont vêtus de vert kaki, la tête dépassant de façon comique de leur gilet pare-balles enfilé par-dessus leurs manteaux. Stationnés à de nombreux coins de rues, ils veillent en silence sur les passants. Les femmes semblent avoir été recrutées sur le physique: elles sont surtout extrêmement maquillées. Le contraste entre la féminité de leur visage et leur tenue est remarquable. 
  • Grève de la faim devant le Ministère de la Santé. Ce sont les femmes des employés qui ont été injustement démis de leurs fonctions qui les représentent sur les marches du Ministère. J'espère, ironiquement, que c'est parce que leurs maris sont alités en conséquence de leur grève et non pas pour qu'il puisse aller boire une bière pendant qu'elles continuent la lutte. 
  • Certains immeubles résidentiels sont de véritables bulles. Dès qu'on passe la grille, et la lourde porte vitrée, le silence est total. Du vacarme des moteurs des rues de Santiago, à une petite mélodie douce et accueillante, il n'y a qu'un pas. Il faut s'adresser au gardien, donner son nom, afin qu'il demande l'autorisation de nous laisser monter au propriétaire de l'appartement. Comme à Paris avec les codes, impossible de faire une surprise: il faut croire qu'on ne surprend jamais la merveilleuse routine des businessmen. Les appartements ne sont pas forcément plus grands, mais ils sont neufs, chauffés (comble de la richesse), lumineux. Depuis les balcons, on ne peut que laisser son imagination voler hors du smog de Santiago. Malgré tout, en descendant d'un de ces appartements, nous sommes tombés nez à nez avec une famille en pleurs, une ambulance et des policiers. Les bulles sont faites pour exploser. 
  • Les amoureux des parcs. Les jeunes résident longtemps chez leurs parents, dont ils sont d'ailleurs assez proches en général. Entre l'enfant-roi italien et les adultes responsables et presque indépendants, le statut des jeunes chiliens est difficile à cerner. Cela dit, le constat global est que très peu ont les moyens de vivre seuls dans la capitale. De ce fait, les couples se retrouvent dans les endroits publics, et ont du mal à s'y détacher. J'ai vu dans le métro un couple dont les lèvres ont failli être pincées par la porte tant leur baiser entre quai et wagon a duré longtemps. Même en hiver, ils se retrouvent sur les bancs, où personne d'autre ne semble vouloir s'asseoir. Enlacés, affalés l'un sur l'autre, ils s'embrassent ou se murmurent des paroles secrètes. Certains vont même jusqu'à s'allonger dans l'herbe au soleil, et on ne voit plus qu'un corps très large au lieu de deux. Pour un pays réputé conservateur, c'est surprenant au premier regard, puis finalement presque attendrissant.
  • J'ai indiqué son chemin à un chilien. Moment de gloire personnelle, légèrement atténuée puisqu'il m'a demandé où se situait le métro Bellas Artes, c'est-à-dire mon arrêt. Tout de même; je me suis sentie exceptionnelle.
  • La cathédrale. Elle vient de rouvrir, après avoir été fermée jeudi dernier. Des manifestants pro-avortement ont interrompu la messe et taggué la façade extérieure, allant à l'encontre de droits fondamentaux, et des normes de protection des lieux de culte. Mauvais mouvement, je pense, dans une société, qui si elle perd son influence catholique, reste extrêmement conservatrice. La cathédrale en elle-même est assez jolie. Parfaitement entretenue, elle en apprend beaucoup sur la société chilienne: des pancartes insistent "Je ne crois pas en Dieu que qu'en j'ai une demande". Pourtant, ce sont les autels dédiés aux saints qui guérissent ou apportent quelque bonheur qui sont les plus recouverts de demandes, fleurs et offrandes. Á travers une grille, l'on peut apercevoir une cour ensoleillée où pousse de magnifiques orangers. C'est une partie hors de la cathédrale, réservée aux prêtres j'imagine.
  • Les policiers sont aussi à cheval dans le parque forestal. Je me demande bien comment ils rejoignent ensuite le centre hippique, qui se trouve beaucoup plus au sud de Santiago. Je crois n'avoir jamais vu de chevaux aussi grands, ou ce sont leurs cavaliers qui étaient disproportionnellement petits.
  • La montée au Cerro San Cristobal. Avec trois SciencesPotes, nous sommes remontés au Cerro San Cristobal (colline), mais jusqu'en haut cette fois-ci. Nous avons choisis le chemin de randonnée le plus incliné, ce qui a fait travailler nos jambes et a abîmé nos baskets. Le sommet offre une vue, à la tombée de la nuit, époustouflante. Les lumières de la ville s'étendent plus loin que les yeux portent. On rencontre au sommet des chiliens et des étrangers, et au pied d'une immense vierge illuminée, on discute doucement du parcours de chacun. La descente est plus pénible, à cause de la nuit il faut suivre une route bétonnée qui est la seule plus ou moins éclairée. Les chiens errants attaquent les cyclistes qui n'ont de cesse de monter et redescendre à toute vitesse. On marche en ne parlant pas trop fort, jusqu'au moment où on rejoint enfin le plein centre de Santiago, grouillant de monde à l'heure de pointe. D'où la question du stop, puisque de nombreux touristes descendent en voiture du sommet, mais personne ne s'arrête: security reasons, of course. Il y a aussi un funiculaire, mais le trajet coute 1500 pesos (un peu plus de deux euros), comprenez, on devient vite radin en tant qu'étranger au Chili.
  • Soirée entre colocs à regarder "Up" ("Là-haut" en français), un disney-pixar dont je devais faire partie du faible pourcentage de personnes sur terre à ne pas l'avoir vu. Je le recommande vivement! http://www.youtube.com/watch?v=p-TdCD6DBfM

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