mardi 6 août 2013

L'éternel second, quelques petites histoires en vrac

Tandis que ma perspective européenne me faisait voir avec un oeil rassuré les camions de policiers postés aux carrefours importants, j'ai été très surprise de la réaction de certains chiliens. Pour eux, au contraire, que des policiers soient plantés là toute la journée à surveiller la foule, c'est suggérer qu'il y a un risque, une insécurité, alors qu'en réalité, ces endroits-là ne sont pas plus dangereux que n'importe quel carrefour de n'importe quelle grande ville. Voilà comment une même image provoque des réactions totalement divergentes, voire opposés, baignées dans une culture que nous avons chacun intériorisé. 


En cours de Historia cultural de América en el siglo XIX, le professeur, très sympathique, nous expliquait comment il allait essayer d'intégrer l'Amérique du Nord au programme de son cours, centré sur l'Amérique du Sud. Il lui paraissait évident, et à nous aussi, que l'impérialisme des États-Unis étaient un lien fondateur pour l'Amérique du Sud. Quand au Canada: "Il y a t il un canadien dans cette salle? Un? Bon je pourrais plus ou moins faire des blagues sur les Canadiens. Plus sérieusement, on ne peut pas parler de vous dans ce cours, car vous êtes les gentils.". Cela peut être subtil pour certains d'entre vous, mais il m'a semblé que dans cette phrase, et dans l'éclat de rire général qui a suivit, était contenu toute la complexité de la relation entre les USA et le Chili. Tout y est très américain, mais la haine continentale pour le grand ennemi du Nord reste palpable au quotidien. 


Avez-vous déjà ouvert un guide sur le Chili? Ou plus généralement, vous êtes vous déjà renseignés sur le Chili? L'avez-vous étudié? Probablement pas. Car le Chili est toujours l'éternel second. 
Si vous lisiez un guide du Chili, c'est que probablement, vous avez décidé de vous y rendre, ou même que vous y êtes déjà. Vous êtes donc enthousiaste, vous qui vous promenez dans les rues grises le nez en l'air pour apercevoir les petites beautés de Santiago. Pourtant, le guide (ici Lonely Planet), vous rappellera: "Si le Chili n'est pas le pays latino-américain le plus réputé pour la musique live" (p.73), ou "Si l'on ne vient pas à Santiago pour le shopping" (p.75). Sur ce dernier, rappelez-vous de mon post sur les malls et l'avis des chiliens comme quoi Santiago est une ville faite pour claquer de l'argent. Et il en est ainsi pour tout: en cours, dans l'une des meilleures universités d'Amérique du Sud, les professeurs vous rappellent que "le Chili n'est pas très intéressant". Dans la rue, un passant m'entendant converser en français avec une amie s'est mis à presque crier, en un excellent français "Vive la France! Le Chili: quel ennui!". À méditer pour ce monsieur: pourquoi même les fonctionnaires du registro civil savent que les français sont arrivés en masse depuis cinq ans? Chers chiliens, tout n'est pas mieux ailleurs, et beaucoup de choses sont bien chez vous.



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