lundi 29 juillet 2013

Le weekend, une valeur sûre pour vos voyages!

Quoi de plus important dans la semaine que le fin de semana? Le lundi, on en revient fatigué. Le mardi et le mercredi on organise le suivant. Le jeudi on se concentre sur la semaine. Le vendredi on l'attend désespérement. Et bien, je le confirme: le week-end est un excellent repère où que vous soyez. 

Samedi, réveil vers midi, quoi de plus normal qu'une grasse matinée pour commencer ces deux jours de repos bien mérités? Je n'ai certes pas travaillé, mais j'ai visité, survécu à des avions, appris une multitude de chilenismos et changé de vie. Amplement mérité, donc. 

Á peine sortie du lit, Astrid m'a proposé un footing dans le parque forestal, qui longe le rio Mapuche juste devant notre immeuble. Après deux mois de vacances passés à faire voyager mes affaires de sport, sans pour autant les utiliser, j'ai cédé à la motivation de la première semaine. Nous sommes donc parties courir à midi, car c'est bien évidemment la meilleure heure pour un footing. Nous n'avons pas couru très longtemps: il ne s'écoule pas quinze minutes avant que la poussière et le smog compriment les poumons, et qu'on ait la gorge sèche. Ce fut tout de même un excellent moment, car le parc est une vitrine sur un Chili inattendu. Nous avons croisé un groupe de fans de Harry Potter, tous apparemment affiliés à la maison Serpentard. Ils portaient des blouses noires bordées de vert, ornés d'écussons de Serpentard. Certains arboraient également des cravates et des écharpes aux couleurs vertes et argentées. Puis nous sommes restées en admiration devant les jongleurs de massues, qui, comme à Bruxelles, se donnent en spectacle aux feux rouges. Moins joyeux, nous avons aussi croisé une famille de gitans qui a envoyé sa fille, âgée d'une dizaine d'année, quémander auprès d'une famille qui se promenait. Les parents ont fini par donner leur coca-cola à la petite fille, qui, bien que ravie, n'a pas fait la fierté de ses parents à elle. 

L'après-midi, nous sommes de nouveau parties toutes les deux voir un match de rugby de son frère. Nous y avons été rejointes par son collège français. Le match avait lieu dans un quartier beaucoup plus populaire que la partie de Santiago où je vis. En apparence, les maisons sont plus basses, les personnes plus typées physiquement, les accents plus prononcés. Durant le match, discuter avec le collègue français d'Astrid m'a fait découvrir le trajet-type des jeunes diplômés de grandes écoles françaises qui, plus qu'un salaire, cherchent de meilleures conditions de vie, et s'envolent pour l'Amérique du Sud. Plus tard dans la soirée, et j'en parlerais après, j'ai rencontré plusieurs jeunes dans ce cas. Certains arrivent avec un emploi, d'autres s'installent en espérant en trouver un. Il est surprenant de comprendre à quel point les flux migratoires se maintiennent mais se déplacent: les profils sont identiques, tous des "cerveaux", mais la destination n'est plus les États-Unis mais le Chili, le Brésil, l'Argentine. Je me demande si je pourrais, plus tard, faire ce choix de partir loin, de quitter toute une vie, ma famille, pour s'installer complètement ailleurs. C'est un pari difficile, mais qui apporte tellement aussi! Car effectivement, si les français ne vivent pas à Santiago comme ils le feraient en Inde ou en Ouganda, ils obtiennent un confort de vie, un rythme beaucoup plus agréable. 

Á peine rentrées, j'ai suivi encore une fois Astrid, cette fois chez son frère, pour une previa (oui Chloé, comme tes fameuses "pré", comprenez un apéritif, mot préféré de Luisa il y a peu). Beaucoup de français, ce qui apparemment n'est pas courant, et m'a d'ailleurs surpris. Il s'agissait en fait d'amis d'amis, de passage à Santiago pour un roadtrip. Après avoir bu quelques piscola (pisco, l'alcool national, à base de raisin, et du coca), nous sommes partis pour la soirée d'anniversaire du cousin d'Astrid, dans une boîte de Bellavista qu'il avait privatisé. Pas une énorme ambiance, mais l'occasion de rencontrer pas mal de personnes. J'ai pu constater que les chiliens ne savent pas passer outre un "non" dans leur approche de la gente féminine. Ils sont tenaces, cela reste, de manière générale, une qualité. Mais le plus surprenant de la soirée, et heureusement qu'Astrid m'avait prévenue, c'est la coke. Pas de panique chers lecteurs, je ne touche pas à ça. Cela reste un sujet central et intéressant. La coke est ici au même prix que la marijuana, c'est à dire extrêmement accessible, notamment pour les étrangers. La prise de coke est complètement banalisée, et une immense majorité d'étrangers en consomment. Il est difficile de savoir s'ils s'habituent en quelques jours ou s'ils en consommaient déjà dans leurs pays d'origines, mais c'est en tout cas extrêmement courant qu'une personne demande à ce qu'on lui tienne sa carte bancaire ou de transport pour qu'elle prenne un trait. C'est triste, dangereux, et ridicule. 

Sur un plan plus positif, la soirée fut bonne, j'ai surpris les chiliens qui ne pensaient pas qu'une française puisse connaître autant de chansons de reggaeton (merci l'éducation latino de Poitiers), et j'ai réussi à survivre à quelques unes des conversations les plus... françaises-extrême que j'ai pu connaître. 

Un weekend comportant deux jours, et un dimanche devant se dérouler d'une manière très précise, il me reste à vous conter cette journée. Il ne s'est, en bon dimanche, rien passé. Je me suis levée tard, j'ai regardé des séries. Puis j'ai regardé des séries. Et encore quelques séries. Bon, peut-être pas autant de séries. 

Chose plus intéressante, j'ai enfin rencontré le propriétaire de l'appartement, Sergio, dit El Chino. Très sympathique, j'ai admiré sa capacité à fédérer le groupe. Dès qu'il est arrivé, tout le monde s'est retrouvé dans le salon, à discuter, tandis que depuis plusieurs heures nous étions comme des zombies rapatriés dans leurs chambres. Nous avons débattu sur des thèmes aussi variés que Dieu, la religion, les kumaris, le dalaï-lama, la musique et les sushis. Je n'oserais pas dire que j'ai liste ces sujets par ordre d'importance. 

J'ai par exemple appris que la pratique de la religion catholique était en chute vertigineuse au Chili, et que, notamment dans les campagnes, c'était l'évangélisme qui s'imposait. La mode des predicatores, très répandus au Brésil, rapporte gros ici aussi à qui sait organiser des messes gigantesques dans des stades et réclamer de l'argent, pour nous sauver du malheur bien entendu. 

Après avoir préparé et mangé des completos, hot-dogs avec du guacamole typiques des rues de Santiago, avec Anouk, nous nous sommes tous (plus deux squatteurs de l'appartement du dessous) installés devant la télévision gigantesque pour voir "Le magicien d'Oz". Je vous déconseille ce film, niais à souhait, où les gentilles sorcières portent du blanc, les méchantes du noir, où les premières lancent des arcs-en-ciel et les deuxièmes des flammes infernales. Malgré cela, j'ai passé un excellent moment, comme a pu le prouver mon oubli complet de l'espagnol à la fin du film (en anglais): je me suis sentie transportée ailleurs. Comme si, de repente, j'avais atterri au milieu d'un salon rempli d'amis, à la maison. Serais-je sur la bonne voie?  

Je vous embrasse tous, vous me manquez très fort.

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