vendredi 26 juillet 2013

24 juillet - journée

Ce matin, réveil un peu moins difficile, pas de pigeons roucoulant pour commencer. Personne à la maison, j'en ai profité pour traîner en pyjama, regarder une série et faire à manger. Bien que culpabilisant de ne pas sauter immédiatement dans mes baskets pour barouder en ville, il m'a semblé que ce genre de moments sont essentiels pour se sentir chez soi. 
C'est étrange de n'avoir aucune obligation, aucun emploi du temps à respecter. J'ai hâte que les cours commencent, ou du moins que Nadine arrive (la SciencesPote de Menton qui va vivre à l'étage du dessus, ndlr). Même à l'instant, assise au soleil, je ne peux m'empêcher de penser "aller, faut se bouger". Pourtant, personne ne m'attend, rien ne me presse. C'est pour l'instant ce que je trouve le plus difficile, ce vide que je me sens obligée de remplir chaque jour. 
Installée presque au sommet du Cerro Santa Lucia, je me sens aussi bien que sur les chaises longues de l'île Robinson du bois de la cambre. C'est comme ça, même à l'autre bout du monde, les sensations ne changent pas. Ce qui nous entoure change à toute vitesse, tandis que nous restons identiques. 
Le Cerro est une grande colline au coeur de Santiago centro, tout près de chez moi. Tout y est si bien aménagé que la comparaison qui ne cesse de me venir à l'esprit est celle avec les parcs d'attraction. Des chemins gravissent la colline serpentant autour; vu d'en haut cela donne l'impression d'une pièce montée taillée en plusieurs étages. Ce sont ensuite des escaliers aux marches étroites extrêmements hautes qu'il faut affronter pour parvenir au sommet. Je ne sais pas si les chiliens ont rapetissé avec le temps, mais je souhaite bon courage à leurs relativement petites jambes. 
Ce n'est finalement pas la vue du sommet qui est la plus belle; elle est trop dénudée, trop nette. Les appareils photos aux prises panoramiques la dévore sans aucun effort sinon celui d'avoir fait travailler les mollets des touristes. Il est beaucoup plus agréable d'apercevoir un bout de cordillera enneigée entre les arbres qui hésitent encore entre feuillage d'automne ou d'été. Plus jouissive encore est la satisfaction de reconnaître le centre culturel ou tout autre bâtiment à peine découvert à travers l'espace formé par deux rochers. 
Le parc attire autant les touristes que les chiliens désoeuvrés. Beaucoup prennent ici une pause, entre amis mais surtout en couple. Les parejas de tous âges s'enlacent sur les bancs ou les pelouses, sans chercher à se cacher au pied des massifs de fleurs. 
C'est vrai qu'on se sent bien, dans cet endroit qui semble avoir été déposé par erreur au centre de Santiago. Tout y est coloré: les rochers qui semblent avoir bronzé orange, les pierres rouges et jaunes du castillo, les fleurs rouges, bleues et jaunes du jardín Darwin. Un ilôt de couleurs dans un Santiago principalement gris, ternis par le smog. 
Les touristes, eux, ne s'arrêtent pas sur les bancs ou les pierres plates chauffées par le soleil. Ils scrutent le moindre recoin, effleurent les statues, photographient d'un air concentré. Ils se promènent tels des professionels du tourisme. Pendant ce temps, les chiliens et moi, nous nous asseyons et buvons un mote con huesillos (http://fr.wikipedia.org/wiki/Mote_con_huesillo).



Après le Cerro Santa Lucia, je me suis promenée en essayant de repérer le parcours de la veille. En passant devant le GAM (Centro Gabriela Mistral - un centre culturel), j'ai décidé d'y jeter un coup d'oeil. J'ai vu une exposition de photographies sur un sujet très actuel à Santiago: celui des chiens errants. Une chorégraphe s'était photographiée allongée près de chiens errants assoupis, imitant leur position, dans les rues de la ville. C'est en effet un gros problème car les chiliens abandonnent leurs mascotas (animaux de compagnie), qui errent ensuite dans les rues, porteurs de maladies. Pas violents du tout, et d'ailleurs plutôt astucieux, puisqu'ils traversent tous au vert, ces chiens feront le bonheur de Chloé!
Après l'exposition, je suis entrée sans vraiment le savoir dans la bibliothèque du centre, dédiée à l'art, entendu ici comme l'ensemble de la musique, du cinéma, de la peinture, de la photographie... Un peu coupable de me retrouver à papilloner dans les rayons tandis que des neurones s'agitaient autour des tables de travail, j'ai commencé la lecture d'un livre un peu au hasard. "Comment survivre à un film d'horreur?", si vous le trouvez, offrez-le à quelqu'un, c'est très drôle.



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