mercredi 31 juillet 2013

L'intégration par le gâteau au chocolat

Lundi 29 juillet

Encore un réveil de bonne heure, je sors la tête de ma chambre vers 13h. Dernier jour de vacance, je ne ressens aucune culpabilité à en profiter. Dans mon casier numéroté "2", ainsi que dans ma moitié d'étage de frigo, il n'y a plus rien d'appétissant, à part des céréales que je grignote comme des chips.

Vaincue par mon estomac, je me décide à sortir de ma tanière pour aller faire des courses, et demande à Christian, l'un des deux colocs présent, s'il a besoin de quelque chose, lorsqu'il me propose - thank you Chris - de le suivre au mercado la vega. Ravie de ce changement de plan, je saute sur mon sac de courses, qui servait de sac à chaussettes, et me prépare en quelques minutes.

Il suffit de marcher cinq minutes le long du fleuve, qui, soit dit en passant, consiste en un torrent miniature digne des maisons de poupées, coulant au centre d'un lit bétonné de six fois sa largeur, pour s'enfoncer dans un quartier beaucoup plus populaire de Santiago. Le changement est frappant, rien que d'une rive à l'autre,, ou du côté d'un passage piéton à l'autre. Les maisons sont beaucoup plus basses, mais aussi plus colorées. Les rues sont sales, et les chiens errants remplacent la foule des businessmen. Les banques sont grillagées, et l'église a gardé une place relativement centrale dans l'organisation physique du quartier. Nous rejoignons le marché en passant par une rue envahie d'épiceries minuscules dans lesquelles les produits sont disposés sur des étagères qui grimpent jusqu'au plafond, pour pallier le manque d'espace par la hauteur. De nombreux magasins proposent des produits asiatiques, phénomènes lié à l'immigration en provenance de l'Asie, elle-même due au renforcement des échanges économiques et commerciaux entre le Chili, interface latine du Pacifique, et le continent asiatique. On y pense pas forcément au vu de notre conception des planisphères. 

Le marché, couvert, est sombre mais grand. D'un côté, les marchands de fruits et légumes présentent des étals de produits qui me sont parfois inconnus. Ils alternent entre eux les jours de travail, afin de mieux se répartir la clientèle. Les produits sont parfois trop brillants, parfois trop "naturels", mais font toujours bouillir mes neurones culinaires. Entre les avocats, les courgettes, les citrouilles et potirons, que je ne m'attendais pas à trouver ici, on peut également trouver des fruits de la passion, des agrumes minuscules et inconnus, un genre de melon grand comme une poire, du soja, et des superbes feuilles d'épinard. De l'autre côté du marché, il faut traverser les étroits labyrinthes des vendeurs de céréales, tant canines que pour nous autres mammifères à deux pattes, en prenant garde à ne pas renverser les énormes seaux remplis de graines, avant d'arriver à la plus petite partie du marché consacrée à la viande. On y trouve des morceaux de boeuf suffisant pour nourrir une armée, mais pas vraiment de quantité pour une personne, et les commerçants ne sont pas toujours enclins à découper de petites portions. Il faut commander par fraction de kilo: un cuarto correspond donc à 250g. On paye à une caisse installée un peu à l'écart, et protégée par une vitre, avant d'aller récupérer ses achats. Ces petites démarches nous rappellent l'insécurité ressentie par certains commerçants, plus vulnérables, et que j'ai tendance à oublier, non pas par mégarde, mais parce qu'on y est peu sujet quand on choisit correctement ses déplacements et accompagnateurs. 

De retour du marché avec du vocabulaire nouveau qui papillonne dans ma tête, j'essaye désespérément de faire rentrer tous mes achats dans mes rangements dans la cuisine. J'en suis réduite à ranger ma douzaine d'oeufs et mes patates tout en haut de mon étagère, entre les affaires de sport et celles de cours.

Plus tard, je prépare un gâteau au chocolat, ma recette infaillible pour gagner l'amitié, ou du moins les papilles gustatives, de mes colocs. Victoire, et comme au passage nous avons eu une petite dizaine d'invités, j'ai gagné une réputation immédiate de cuisinière.

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